Vailhé, LETTRES, vol.2, p.33

9 aug 1839 [Nîmes], ALZON_AUGUSTINE

Son silence de huit jours lui faisait de la peine. -Que deviennent les abbés Combalot et Vernières? -Il a représenté l’Institut des Soeurs de Marie-Thérèse auprès de l’évêque. -Il a besoin d’un mois et demi de repos.

Informations générales
  • V2-033
  • 0+282|CCLXXXII
  • Vailhé, LETTRES, vol.2, p.33
Informations détaillées
  • 1 ARMEE
    1 ASSOMPTION DE LA SAINTE VIERGE
    1 CONTRARIETES
    1 MALADIES
    1 REMEDES
    1 REPOS
    1 RETRAITE SPIRITUELLE
    1 SUPERIEURE GENERALE
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 CHAFFOY, CLAUDE-FRANCOIS DE
    2 COMBALOT, THEODORE
    2 LAROCHETIERE, MARIE DE JESUS
    2 VERNIERES
    2 VERNIERES, JACQUES
    3 LAVAGNAC
    3 NIMES, DIOCESE
    3 NIMES, GRAND SEMINAIRE
    3 VIGAN, LE
  • A SA SOEUR AUGUSTINE (1).
  • ALZON_AUGUSTINE
  • vendredi [= 9 août 1839].
  • 9 aug 1839
  • [Nîmes],
La lettre

J’ai reçu ce matin ta lettre ma chère amie. Comme je suis guéri de mon mal aux dents, je te remercie du remède que tu me proposes; mais je le réserve pour la première occasion. Je tâcherai cependant que ce soit le plus tard possible. Ton silence de huit jours me faisait de la peine; tu ne m’y avais pas accoutumé, et c’est une habitude que je ne me soucie point de prendre. Aie donc la bonté de te souvenir que c’est sur toi que repose principalement le soin de me donner de vos nouvelles. Tu peux être persuadée que je ne suis pas encore parvenu à l’absolue indifférence et que j’ai encore beaucoup du vieil homme.

Sais-tu ce que devient papa Combalot? J’en demande des nouvelles partout et n’en reçois d’aucun côté; mais pour celui-là, si l’on ne sait pas de ses nouvelles, on peut être assuré qu’il n’y cherche pas finesse. Mais pourrais-tu me parler d’un personnage un peu plus mystérieux qui ne m’a pas donné signe de vie, le bon M. Vernières? Sais-tu seulement où il est, ce qu’il fait, ce qu’il devient? Sais-tu s’il est dans l’intention de venir me voir? Je n’y comprends rien. S’il est à Lavagnac, sonde-le un peu. Il va, il vient, mais je ne sais jamais où il a été que lorsqu’il n’y est plus. Tâche de me faire part de ses projets. S’il est dans l’intention de venir faire sa retraite ici, demande-lui s’il ne viendra pas m’y voir quelques jours à l’avance, et, supposé qu’il veuille suivre les exercices de la retraite, informe-toi s’il se propose de loger chez moi(2). Fais-lui toutefois cette dernière question avec prudence, afin qu’il ne s’en fâche pas, car je serais enchanté de le revoir; mais le connaissant comme je le connais, il est possible qu’il préfère s’enfermer au Séminaire. Je lui écrirai incessamment, quand je saurai ce qu’il t’a répondu.

Tu ne saurais croire l’envie que j’ai de te voir; et cependant, il faut que je la garde dans ma poche pour un grand mois. Mais aussi je m’en donnerai, je te le promets.

J’ai eu, ces jours derniers, quelques ennuis. L’évêque n’à pas voulu reconnaître les conditions auxquelles, du temps de Mgr de Chaffoy, on avait traité avec les Dames de Marie-Thérèse. Il a fallu revenir sur tout cela. La Supérieure générale est arrivée. Heureusement, on a fini par s’entendre, mais ce n’a pas été sans peine. J’avais signifié à l’évêque que, puisqu’il ne voulait pas reconnaître les propositions faites verbalement, je ne prendrais aucune part à la discussion du nouvel accommodement. Cependant, comme la Supérieure générale, qui, je ne sais pourquoi, ne jure que par moi, m’a conjuré de la représenter, j’ai tâché d’accorder les deux parties entre elles. Cela montre pourtant la difficulté qu’ont les gens le mieux intentionnés à faire le bien.

Je t’avouerai que je voudrais fixer M. Vernières dans ce diocèse et, d’un autre côté, je le redoute. Si je pouvais lui donner un peu plus de formes, et surtout la résolution de ne pas toujours procéder par finocherie, un prêtre de cette espèce me serait bien nécessaire.

Voilà deux jours que cette lettre est sur ma table, sans que j’aie eu réellement une minute pour la terminer. Avec ta permission je ne la prolongerai pas davantage, de peur d’avoir à renvoyer encore après l’Assomption. Adieu donc, chère petite soeur. Je t’embrasse du fond de mon coeur.

Emmanuel.

Je t’avouerai que je soupçonne que mon gosier va mieux, mais j’aime à me figurer que j’ai besoin d’un mois et demi de repos. Adieu donc. Je garderai les 500 francs que maman désire avoir en or. On m’a dit que vous aviez l’intention d’aller au Vigan; dis-moi donc ce qu’il en est et où il faudra que j’aille vous trouver. Je serai libre vers le 11 sept[embre]. Le frère de M. Vernières, qui est ici au régiment, est venu me demander son adresse. Adieu pour la troisième fois.

Dimanche soir.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Voir des extraits dans *Notes et Documents*, t. II, p. 150 sq. et 213. Pour la date, le cachet de la poste, à Nîmes, porte 12 août 1839, qui était un lundi; le vendredi précédent correspond donc au 9 août. La lettre, commencée le vendredi, ne fut achevée que le dimanche soir.1. Voir des extraits dans *Notes et Documents*, t. II, p. 150 sq. et 213. Pour la date, le cachet de la poste, à Nîmes, porte 12 août 1839, qui était un lundi; le vendredi précédent correspond donc au 9 août. La lettre, commencée le vendredi, ne fut achevée que le dimanche soir.
2. La retraite ecclésiastique de Nîmes fut prêchée du 3 au 10 septembre par l'abbé Combalot. L'abbé d'Alzon y assista.