Vailhé, LETTRES, vol.2, p.50

15 may 1840|22 may 1840 Le Vigan, CART Mgr

Quêtes à domicile pour l’école des Frères. -Le sous-préfet et le Conseil municipal favorables. -Mécontentement de tous contre les instituteurs communaux.

Informations générales
  • V2-050
  • 0+289|CCLXXXIX
  • Vailhé, LETTRES, vol.2, p.50
Informations détaillées
  • 1 ELECTION
    1 FONCTIONNAIRES
    1 FRANCHISE
    1 INSTITUTEURS
    1 QUETES
    1 SOUSCRIPTION
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BOURGEOIS DE JESSAINT, SEBASTIEN-ADRIEN
    2 CHARRIER, ANTOINE
    2 FOULQUES
    2 GENDRE, HENRI-LOUIS
    2 LA FABREGUE, DE
    2 ROUX-FERRAND, HIPPOLYTE
    2 SERRES, CHARLES-PHILIPPE DE
    3 MANDAGOUT
    3 ROUVIERE, LA
    3 VIGAN, LE
  • A MONSEIGNEUR CART, EVEQUE DE NIMES (1).
  • CART Mgr
  • vendredi matin [le 15 ou le 22 mai 1840].
  • 15 may 1840|22 may 1840
  • Le Vigan,
La lettre

Monseigneur,

Ma course ici n’a pas été tout à fait perdue. Hier soir en arrivant, je me rendis chez M. le curé, qui m’apprit qu’une personne lui avait promis 1000 francs, deux autres 5 à 600 francs chacune. Nous nous mîmes en course pour aller faire ensemble quelques visites. On nous demanda un jour ou deux pour examiner ce que l’on donnerait, mais dans les maisons Où nous nous présentâmes, on nous promit de souscrire de manière à ce que nous serions contents.

M. Gendre lui-même, le notaire du lieu qui avait battu froid, chez qui je me présentai pour lui parler des pièces que vous m’aviez chargé de lui demander, en me promettant de les envoyer (ce qu’il n’a pourtant pas fait encore), me dit de lui-même qu’il me priait de le ranger au nombre des souscripteurs les plus zélés.

Le soir, après l’instruction, je crus devoir aller faire une visite à Roux-Ferrand (le sous-préfet); il me parut un peu peiné de ce que vous ne lui aviez rien dit de positif des fonds sur lesquels vous croyez pouvoir compter. Il me parut cependant plein de franchise, car, dès que je lui eus dit que j’étais déjà certain de 24000 francs, sans compter le don de M. de la Fabrègue, il me promit d’écrire sur-le-champ au préfet pour arrêter l’effet de la première lettre qu’il avait écrite dans le but d’appuyer le Conseil municipal.

J’allai plus loin et je lui demandai si, supposé que nous n’eussions pas les fonds suffisants pour payer les trois Frères et que nous ne puissions en entretenir que deux, il pensait qu’on pût prier un jour le Conseil municipal de nous donner, sur les 1000 francs qu’il alloue aux instituteurs communaux, 600 francs pour le troisième Frère, en laissant le reste pour un instituteur protestant. Il me répondit qu’avec la constitution actuelle du Conseil, il le croyait, mais que les élections devant avoir lieu d’ici à un mois, il ne savait guère quelles seraient les dispositions des nouveaux conseillers. Nous nous quittâmes fort bons amis, et je crois, en effet, que M. Roux est un homme sur lequel on peut compter.

Je ne veux pas oublier de vous dire qu’hier on a présenté une pétition des instituteurs communaux pour demander un supplément de 100 francs, et qu’à cette occasion il y a eu récrimination universelle dans le Conseil contre ces Messieurs à cause de l’ignorance, de la mauvaise tenue et de la dissipation de leurs élèves.

Le sous-préfet a été chargé d’en écrire au président du Comité communal d’instruction primaire. C’est lui-même qui me l’a appris, en me disant qu’il se servirait de cette circonstance pour motiver encore auprès du préfet l’urgence des Frères du Vigan.

Seriez-vous assez bon pour faire remettre au porteur de cette lettre la clé de mon portefeuille que Foulques a dû apporter hier à La Rouvière? L’abbé de Serres avait dû me l’envoyer à Mandagout(2) et l’ayant remise à votre cocher, je me trouve dans l’impossibilité d’avoir quelques papiers qui me sont nécessaires.

On dit qu’après la pluie vient le beau temps. Je souhaite, Monseigneur, que le beau temps n’amène pas de longtemps la pluie. Vous avez assez d’ennemis à vaincre sans aller par-dessus le marché combattre avec les nuages…

E. d'Alzon.
Notes et post-scriptum
1. Publiée en partie dans les *Notes et Documents*, t. II, p. 215-218. L'original se trouve aux archives de l'évêché de Nîmes. Le P. Emmanuel Bailly en avait fait une copie plus complète que celle des *Notes et Documents*; c'est celle-là que nous reproduisons. La date est approximative. D'une part, nous savons que l'école du Vigan fut fondée par acte épiscopal du 30 mai 1840; de l'autre, que les élections municipales que l'on annonce pour dans un mois eurent lieu le 18 juin. L'abbé d'Alzon souscrivit pour l'école, 1500 francs, payables dans trois ans, son père 1000 francs, payables dans le même laps de temps. Il y avait, de plus, un don ancien, d'un certain de la Fabrègue, se montant à 6000 francs, et un autre de 2000 francs. Les dons des souscripteurs arrondirent encore la somme, bien que les difficultés avec les protestants ou la municipalité n'aient pris fin qu'en 1846.1. Publiée en partie dans les *Notes et Documents*, t. II, p. 215-218. L'original se trouve aux archives de l'évêché de Nîmes. Le P. Emmanuel Bailly en avait fait une copie plus complète que celle des *Notes et Documents*; c'est celle-là que nous reproduisons. La date est approximative. D'une part, nous savons que l'école du Vigan fut fondée par acte épiscopal du 30 mai 1840; de l'autre, que les élections municipales que l'on annonce pour dans un mois eurent lieu le 18 juin. L'abbé d'Alzon souscrivit pour l'école, 1500 francs, payables dans trois ans, son père 1000 francs, payables dans le même laps de temps. Il y avait, de plus, un don ancien, d'un certain de la Fabrègue, se montant à 6000 francs, et un autre de 2000 francs. Les dons des souscripteurs arrondirent encore la somme, bien que les difficultés avec les protestants ou la municipalité n'aient pris fin qu'en 1846.
2. La Rouvière est une commune du canton de Valleraugue, Mandagout du canton du Vigan.