Vailhé, LETTRES, vol.2, p.52

23 jun 1840 Nîmes, ALZON_AUGUSTINE

Messe dite pour une défunte. -L’absence de l’évêque l’oblige à rester plus qu’il n’aurait voulu. -Victoire des légitimistes au Conseil municipal. -Vaut-il mieux mettre dans un sermon peu d’idées, bien délayées, que beaucoup d’idées, un peu entassées? -Nouvelles de parentes. -Récente migraine.

Informations générales
  • V2-052
  • 0+290|CCXC
  • Vailhé, LETTRES, vol.2, p.52
Informations détaillées
  • 1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE PRETRE
    1 ELECTION
    1 FRUITS
    1 IGNORANCE
    1 MARIAGE
    1 REPOS
    1 ROYALISTES
    1 SANTE
    1 SERMONS
    1 VETEMENT
    1 VIN
    1 VOYAGES
    2 ALZON, HENRI D'
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 ASSAS, LOUISE D'
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 FANNY
    2 LEONIDE, MADEMOISELLE
    2 MONTIGNY, AGLAE DE
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
    2 PUYSEGUR, MARIE-THERESE DE
    2 PUYSEGUR, MARTHE DE
    3 BESANCON
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 TOKAI
  • A SA SOEUR AUGUSTINE (1).
  • ALZON_AUGUSTINE
  • le 23 juin 1840.
  • 23 jun 1840
  • Nîmes,
La lettre

Je viens, ma chère amie, de dire la messe que tu m’avais demandée pour Mlle Léonide. J’espère, comme toi, qu’elle n’en aura pas un grand besoin. Si elle était la soeur aînée de sa cadette, il faut espérer qu’elle aura pris son vol sans faire de halte. Avec cela, c’est une chose terrible que la première couchée.

L’évêque part demain soir pour Besançon et Paris. Il m’a dit que, sans les propositions dont maman t’a parlé sans doute, il m’aurait pris avec lui. Je ne le lui demandais pas. Ce dont j’aurais envie surtout, ce serait d’y aller cet hiver, dans la supposition que maman dût y aller. Monseigneur amène avec lui son secrétaire, ce qui me forcera à rester ici jusqu’au 15 août; mais le 15 au soir, je te promets que je décampe, et cela sans me le faire dire deux fois ni même une. Nous avons ici de très fortes chaleurs. J’ai été réveillé à minuit par un orage avec accompagnement d’éclairs: cela servira à rendre la journée un peu plus chaude, voilà tout.

T’intéresses-tu aux élections? On en fait ici tant que l’on peut. Il paraît que le Conseil municipal est entièrement renouvelé et que les légitimistes ont entièrement le dessus (2).

Il me faut ton avis sur une matière en discussion. J’ai prêché avant-hier, et le sermon paraît avoir assez plu, quoique pour des motifs tout contraires. Une personne a trouvé qu’il n’y avait pas assez d’ordre; une autre a trouvé que j’étais d’une rigueur logique prodigieuse; quelqu’un a dit que mon sermon était très bon, parce qu’il était plein d’idées; un autre qu’il y en avait beaucoup trop. Or, je voudrais savoir ce que tu penses au sujet des idées à mettre dans un sermon: s’il vaut mieux qu’il y en ait peu, bien délayées, ou un plus grand nombre un peu entassées. Je crois qu’aujourd’hui il faut semer et que, pour cela, il faut jeter beaucoup de pensées dans les esprits, en leur laissant le soin de faire germer le grain; d’autre part, il est incontestable qu’il y a une ignorance profonde de la religion qui oblige à faire de longues explications des choses les plus simples, si l’on veut être compris.

Que fais-tu de Louise? La maries-tu?(3) Et les petits doigts en ailes de pigeon de la cousine Aglaé(4) n’accrocheront-ils jamais un mari? Je te prie de dire à Fanny que je ne me laisserai pendre qu’à condition qu’elle aura auparavant essayé sa jarretière, parce que je pèse un peu plus qu’autrefois et que je risquerais de la couper, d’autant plus que sa jarretière doit s’être un peu usée depuis le temps.

J’ai reçu les 1000 francs de mon père. Je te prie de lui dire que je sais ce que c’est que la migraine. Samedi soir, je n’en pouvais plus. C’était quelque chose d’affreux. Je me levai de mon lit et j’allai en chemise manger une orange et boire un peu de vin de Tokai. Eh! bien, cela me soulagea instantanément et je pus dormir. Depuis, je n’en ai été que légèrement fatigué.

Adieu, chère petite soeur. Donne-moi des nouvelles de Marie et de nos nièces (5). Quand partez-vous Pour la mer?

Emmanuel.
Notes et post-scriptum
1. Voir des extraits dans *Notes et Documents*, t. II, p. 206 sq.
2. D'après Pieyre, *Histoire de la ville de Nîmes* t. Ier, p. 135, les élections partielles qui eurent lieu le 18 juin 1840 ne modifièrent pas la composition du Conseil municipal.2. D'après Pieyre, *Histoire de la ville de Nîmes* t. Ier, p. 135, les élections partielles qui eurent lieu le 18 juin 1840 ne modifièrent pas la composition du Conseil municipal.
3. Probablement Louise d'Assas, cousine germaine d'Emmanuel par sa mère, soeur de la vicomtesse d'Alzon.
4. S'agit-il d'Aglaé de Montigny, un des fidèles correspondantes de Mlle Augustine?
5. Marie de Puységur, sa jeune soeur, et ses deux filles Alix et Marthe.