Vailhé, LETTRES, vol.2, p.56

5 nov 1840 Nîmes, ALZON_AUGUSTINE

Description de l’inondation du Rhône. -Nouvelles.

Informations générales
  • V2-056
  • 0+293|CCXCIII
  • Vailhé, LETTRES, vol.2, p.56
Informations détaillées
  • 1 BATEAU
    1 BOEUFS
    1 CIMETIERE
    1 COMMERCANTS
    1 LABOUREUR
    1 MOUTONS
    1 PETITS SEMINAIRES
    1 SPECTACLES
    1 TONNEAUX
    1 TROUPEAUX
    1 VENDANGE
    2 ALZON, HENRI D'
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 FANNY
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
    2 TESSAN, ALBERT DE
    3 AVIGNON
    3 BEAUCAIRE
    3 LANGLADE
    3 RHONE, FLEUVE
    3 TARASCON
  • A SA SOEUR AUGUSTINE (1).
  • ALZON_AUGUSTINE
  • le 5 novembre 1840.
  • 5 nov 1840
  • Nîmes,
La lettre

J’ai assisté hier, ma chère amie, à l’un des spectacles les plus affreux que l’on puisse voir. Le Rhône a débordé dans les plaines de Beaucaire. Avignon est presque tout sous les eaux. Avant-hier, à Tarascon, il y avait de l’eau Jusqu au premier étage. Au Petit Séminaire, la cuisine et le réfectoire seuls ont été inondés: il y a eu à peu près huit pieds d’eau dans la cour intérieure. J’allai hier à Beaucaire avec Monseigneur. Pendant que j’y étais, deux maisons de la campagne croulèrent. L’eau n’est heureusement entrée à Beaucaire que par la rupture d’une digue qui a eu lieu au-dessous et qui, après s’être ouverte sur une étendue de plus de trois cents pieds, a fait des ravages horribles. Le bateau à vapeur allait pêcher les laboureurs, dont plusieurs avaient passé la nuit sur les arbres. Plusieurs personnes se sont noyées. Des boeufs, des chevaux et des troupeaux de moutons ont été emportés dans une proportion effrayante. Des villages sont cernés depuis plusieurs jours: il a fallu loger les chevaux dans l’église et les troupeaux dans les cimetières.

Au milieu de tout cela il y a des gens d’un sang-froid incroyable. Albert de Tessan, qui perd toute sa récolte de vin, se frottait les mains en pensant qu’il serait dispensé de prendre la peine de la vendre. Une seule chose l’inquiétait, c’était de savoir ce que seraient devenues les alouettes.

Adieu. Tu m’as permis de t’écrire brièvement. Dis à mon père que le marchand de vin fait observer que les tonneaux du vin de Langlade étant neufs, si on ne le soutire promptement, il prendra un goût de bois. Et Fanny? Je t’embrasse.

Emmanuel.
Notes et post-scriptum
1. Voir des extraits dans *Notes et Documents*, t. II, p. 246 sq.