Vailhé, LETTRES, vol.2, p.64

7 may 1841 Nîmes, BROCHET Mère Marie de Jésus

A mesure qu’on s’unit davantage à Dieu, on acquiert un plus grand esprit de liberté. -La dépendance de Dieu est le principe de la liberté du chrétien. -Notre vie doit être un sacrifice perpétuel, entretenu par le feu de l’amour.

Informations générales
  • V2-064
  • 0+296|CCXCVI
  • Vailhé, LETTRES, vol.2, p.64
Informations détaillées
  • 1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 DEPENDANCE DES SUJETS DU ROYAUME
    1 LIBERTE
    1 PENITENCES
    1 RENONCEMENT
    1 SCRUPULE
    1 VIE DE SACRIFICE
    1 VIE HUMAINE
    1 VOIE UNITIVE
    1 VOLONTE DE DIEU
  • A LA R. MERE MARIE DE JESUS (1).
  • BROCHET Mère Marie de Jésus
  • le 7 mai 1841.
  • 7 may 1841
  • Nîmes,
La lettre

Vous désirez savoir quelque chose de précis sur la manière dont il vous reste à passer votre vie sur la terre. Voici quelques principes, dont je désire que vous ne vous départiez pas.

Le premier est qu’il est impossible de plaire à Dieu si on ne l’aime pas. Le terme de la perfection sur la terre, c’est la charité qui nous unit à Dieu. Je désire donc que vous perdiez en quelque sorte toutes vos actions dans un sentiment d’amour de Dieu le plus entier possible. Vous comprenez que toute action acquiert un prix qui résulte du sentiment avec lequel on l’accomplit. Plus l’amour est parfait, plus le prix de l’action est grand. Il faut donc tâcher de faire tout avec la plus grande charité. Mais, de plus, les actes ne sont qu’un moyen d’arriver à un but. Ce but c’est l’union à Dieu. Il faut donc prendre garde qu’un acte destiné à nous unir à Dieu ne nous en sépare pas par une présomption trop grande, et c’est sous ce rapport qu’il faut fuir les scrupules avec la plus grande attention. L’amour nous unissant à Dieu nous unit à la puissance infinie. Mais plus un être est puissant, moins il est dépendant et plus il est bon; d’où il faut conclure qu’à mesure qu’on s’unit davantage à Dieu, on doit se fortifier dans un grand esprit de liberté dans toutes ses actions.

En second lieu, plus on avance dans la vie, plus l’on est dépendant; et c’est pour cela qu’il faut voir comment on doit expliquer la liberté que l’on acquiert à mesure que l’on aime davantage, en même temps que l’on est davantage dépendant à mesure que l’on avance dans la piété. Mais cela est aisé à comprendre. La liberté dont nous jouissons comme chrétiens découle de Dieu, elle ne nous appartient pas en propre; il faut donc la recevoir de Dieu. Mais, pour la recevoir en plus grande proportion, il faut tenir davantage de Dieu, dépendre davantage de Dieu; et voilà comment la dépendance de Dieu est le principe de la liberté du chrétien. Donc, en second lieu, il faut vous remettre, autant qu’il dépendra de vous, à la volonté de dieu.

Enfin, en partant de ces idées, votre vie ne doit plus être une vie éclairée(?) de sacrifices, mais un sacrifice perpétuel continué par une disposition continuelle d’amour. L’amour est le feu qui vous consumera habituellement. Dès lors, je ne pense pas que vous deviez rien faire d’extraordinaire en fait de mortifications; mais je suis convaincu que vous devez tout faire avec mortification, c’est-à-dire avec esprit de sacrifice.

Tout à vous.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie Voir *Notes et Documents* t. II p. 120.