Vailhé, LETTRES, vol.2, p.74

8 may 1843 [Nîmes], CARBONNEL Marie-Vincent ra

Justification de sa conduite à son égard. -Il ne faut pas s’occuper de savoir si l’on avance, mais chercher à avancer tous les jours davantage. -On doit abandonner tous ses désirs à Dieu et accepter paisiblement tout ce qui arrive. -Dieu rend d’abord tout facile, puis tout pénible. -Acceptons les troubles et les peines, et ne les écoutons jamais.

Informations générales
  • V2-074
  • 0+306|CCCVI
  • Vailhé, LETTRES, vol.2, p.74
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 ACTION DE DIEU DANS L'AME
    1 CONFESSEUR
    1 CONSENTEMENT
    1 DETACHEMENT
    1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 FOI
    1 FRANCHISE
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 LIBERTE
    1 PENITENCES
    1 SALUT DES AMES
    1 SIMPLICITE
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    1 VIE DE SACRIFICE
    2 CARBONNEL, ANTOINETTE
    2 CARBONNEL, ISAURE
  • A MADEMOISELLE ANAIS CARBONNEL (1).
  • CARBONNEL Marie-Vincent ra
  • le 8 mai [1843].
  • 8 may 1843
  • [Nîmes],
La lettre

Ma chère enfant,

Je vous remercie de vos reproches; je les mérite et ne veux pas me disculper. Aussi je suis sur ce point tout à fait de votre manière de voir. Mais ma manière d’être avec vous doit-elle vous être si nuisible? Je ne le pense pas: 1° parce que ce vous est une occasion d’entrer dans ces voies rudes et sévères que la Providence semble vous indiquer; 2° [parce qu’]elle vous dépouille de ce qui pourrait être trop naturel dans nos rapports; 3° [parce qu’] elle ne doit pas vous empêcher de vous servir de moi en toute liberté, franchise et simplicité, dès que vous le croirez avantageux à votre salut.

Vous voulez que je vous apprenne à mettre en pratique les désirs que j’ai pu faire naître en vous. A cet égard, je vous donnerai un premier conseil: ayez les yeux fixés sur Jésus-Christ, et agissez toujours comme il vous semble qu’il eût agi à votre place. Dans les choses où vous ne le verrez pas bien clairement, vous n’aurez qu’à consulte. Vous avez espéré marcher rapidement sous ma direction. C’était un espoir présomptueux. Dieu vous l’a fait sentir. Ce que vous avez à faire est de bien vous humilier et rester tranquille, vous occupant peu de savoir si vous avancez, mais cherchant à avancer tous les jours davantage.

Je crois toujours, ma chère enfant, que Dieu veut que vous agissiez sous son influence, par l’abandon le plus complet de tous vos désirs à son égard. C’est un point essentiel, mais qui ne doit pas vous empêcher de me les faire connaître. Il me semble que votre perfection consiste dans une acceptation paisible de tout ce qui peut vous arriver en vue de Dieu, et par un pur et complet amour pour lui. L’obéissance que vous devez avoir doit être très prompte, mais doit aussi se manifester par une disposition absolue de votre âme à sacrifier tout ce que Dieu vous demande, toujours en le soumettant dans ce qui vous embarrasse à la direction de votre confesseur. Ce que Dieu veut de vous se manifestera peu à peu. Faites tout ce que vous savez qu’il vous demande pour le moment. A chaque jour suffit son mal.

Dieu vous a rendu d’abord tout facile, et puis tout pénible, parce qu’il agit presque toujours ainsi. Les privations et les renoncements sont les moyens qu’il emploie pour vous sanctifier. Cherchez Dieu par la foi. C’est là ce que vous devez essayer surtout et ne craignez pas d’être abandonnée, si vous n’espérez qu’en lui.

Parlez-moi toujours comme vous le faites dans votre lettre; j’en suis réellement très content. Les troubles et les peines ne dépendent pas de nous. Il faut les accepter en esprit de mortification et ne jamais les écouter que pour s’en humilier profondément. Il m’est impossible de vous promettre une visite. Cependant si je le puis je m’échapperai un moment, jeudi prochain.

Adieu, ma chère enfant. Dites à vos soeurs de ne pas perdre courage, parce qu’il y a quelques nuages au ciel.

E. d'Alzon.
Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Cette lettre est reproduite en partie dans *Notes et Documents*, t. IV, p. 409 sq.1. D'après une copie. Cette lettre est reproduite en partie dans *Notes et Documents*, t. IV, p. 409 sq.