Vailhé, LETTRES, vol.2, p.81

30 jul 1843 Mouthe, CARBONNEL Marie-Vincent ra

Il se prépare à quitter Mouthe pour la Suisse. -Manière de se dévouer et de se sacrifier. -Dieu est si bon envers l’âme qui le laisse faire et qui se laisse faire -Des coulpes extérieures. -Une lettre courte peut produire un grand bien. -Il faut penser beaucoup à Jésus-Christ caché dans l’Eucharistie.

Informations générales
  • V2-081
  • 0+308|CCCVIII
  • Vailhé, LETTRES, vol.2, p.81
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE DIEU DANS L'AME
    1 ACTION DU CHRIST DANS L'AME
    1 DILIGENCE
    1 JESUS-CHRIST MODELE
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 MANQUEMENTS A LA REGLE
    1 ORDRE SURNATUREL
    1 SAINTE COMMUNION
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    1 UNION DES COEURS
    1 VIE DE SACRIFICE
    1 VIE RELIGIEUSE
    2 CARBONNEL, ANTOINETTE
    2 CARBONNEL, ISAURE
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    3 MOUTHE
    3 SUISSE
  • A MADEMOISELLE ANAIS CARBONNEL (1).
  • CARBONNEL Marie-Vincent ra
  • le 30 juillet 1843.
  • 30 jul 1843
  • Mouthe,
La lettre

Ma chère enfant,

Encore quelques heures, et j’aurai quitté mon évêque. En attendant la diligence qui a le bon esprit de quitter Mouthe(2) à 1 h. 1/2 du matin, je veux causer un peu avec vous, ma bien chère enfant, malgré une plume détestable et un papier plus détestable encore. Votre lettre m’a fait du bien, et je vous en remercie. Quelque froid que je sois lorsqu’il s’agit de me dévouer, vous n sauriez croire le bonheur que j’éprouve à voir des âmes que Dieu appelle à cette vie de dévouement. Efforcez-vous de la suivre, autant que vous le pourrez, soit en vous oubliant surnaturellement auprès de vos soeurs, soit en vous appliquant à offrir à Jésus les immolations intérieures qu’il demandera de vous. Revenons-en toujours à ce bon Maître; laissons-le façonner notre existence; laissons-le nous pétrir et nous repétrir, quand et comme il l’entendra; mais laissons-le faire toutes les fois qu’il voudra agir. Heureux celui qui le conduit au fond de son coeur et qui lui met en main le couteau du sacrifice, pour qu’il puisse trancher et couper comme il l’entend!

Ce que vous me dites de votre confiance en Dieu me plaît beaucoup. Augmentez-la en vous méprisant bien vous-même. Dieu est si bon envers l’âme qui le laisse faire et qui se laisse faire; tout tourne à son plus grand bien. C’est pour cela que je ne cesserai de vous répéter: ne vous confiez qu’en Dieu. Vous surtout, ma chère enfant, vous avez un besoin plus grand de cette confiance, parce qu’elle seule peut bien développer le genre de piété auquel Dieu vous appelle.

Notre petite communauté va donc assez bien? Pour établir une harmonie plus parfaite, je voudrais qu’une fois par semaine vous vous avouassiez les unes aux autres les fautes extérieures, par lesquelles vous aurez cru manquer à votre réglement et à l’esprit d’union qui doit subsister aveux, ce que vous penseriez devoir faire plus de mal que de bien.

Croyez-vous, ma chère enfant, qu’il soit nécessaire de beaucoup parler pour arriver à un bon résultat? Si les quelques lignes que je vous ai adressées vous ont fait du bien, aussi bien qu’à vos soeurs, pourquoi vouloir que je les aie écrites plus longuement? Plus on multiplie les idées, et plus on diminue l’attention que l’on aurait donnée à chaque idée présentée peu à peu, une à une. Si je vous l’eusse développée, il y aurait eu de votre part un travail de méditation moins grand, et cette idée serait moins vôtre. Mais du moment que vous la repassez, la méditez, la ruminez, elle vient en vous, s’y infiltre, s’y incorpore, et c’est ce qu’il faut.

Je ne vous presse pas de vous réconcilier avant mon retour, mais je serais bien aise que vous pensiez beaucoup à Jésus-Christ caché dans l’Eucharistie, modèle de votre vie cachée. Comprenez qu’il ne veut pas se cacher seulement dans le tabernacle, mais encore dans votre coeur, comme aussi vous devez désirer de vous cacher en lui. Vivez dans cette union, tant que vous pourrez. Vous comprendrez bientôt que la communion vous est plus nécessaire qu’il ne vous le paraît maintenant.

Adieu, ma chère enfant. Priez pour moi.

E. D’Alzon.

Paris. -Je suis retardé. Je pars à l’instant, aujourd’hui 13; je ne serai à Nîmes que samedi prochain(3).

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. La lettre, commencée le 30 juillet et datée par distraction du 30 août, fut en réalité achevée à Paris seulement le 13 août. Elle est reproduite en partie dans *Notes et Documents*, t. IV, p. 407 409.1. D'après une copie. La lettre, commencée le 30 juillet et datée par distraction du 30 août, fut en réalité achevée à Paris seulement le 13 août. Elle est reproduite en partie dans *Notes et Documents*, t. IV, p. 407 409.
2. Mouthe est un petit village du département du Doubs, dans la partie des hautes montagnes. C'est là qu'était né Mgr Cart, évêque de Nîmes; c'est là qu'il était venu en juillet 1843, en compagnie de son vicaire général, se reposer quelques jours parmi les membres de sa famille. De là, l'abbé d'Alzon se dirigea vers la Suisse.
3. C'est-à-dire le 19 août, mais il arriva à Nîmes le mercredi soir, 16, comme nous l'apprenons d'une lettre de Monnier à Germer-Durand, datée du 18 août. Il est probable que, par distraction, l'abbé d'Alzon a écrit samedi au lieu de mercredi.