Vailhé, LETTRES, vol.2, p.85

15 aug 1843 Lyon, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Bien que lui a fait son voyage à Paris. -Pour le moment, il doit rester où il est. -Le matin même, il a prié pour elle. -Double action de Notre-Seigneur en nous. -Ne pas fixer encore la durée des fonctions de la Supérieure générale.

Informations générales
  • V2-085
  • 0+310|CCCX
  • Vailhé, LETTRES, vol.2, p.85
Informations détaillées
  • 1 ACTION DU CHRIST DANS L'AME
    1 AUTEL
    1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE PRETRE
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 COMMUNAUTE RELIGIEUSE
    1 DILIGENCE
    1 DROITS DE DIEU
    1 EXTENSION DU REGNE DE JESUS-CHRIST
    1 PELERINAGES
    1 PROFESSION PERPETUELLE
    1 RECONNAISSANCE
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 SUPERIEURE GENERALE
    1 TRIOMPHE
    1 VIE DE PRIERE
    1 VOLONTE DE DIEU
    2 BLANC, PIERRE-SIMON
    2 LAMENNAIS, FELICITE DE
    2 LEBOUCHER, ABBE
    3 LYON, BASILIQUE NOTRE-DAME DE FOURVIERE
    3 PARIS
    3 RHONE, FLEUVE
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS(1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • mardi soir, 15 août 1843.
  • 15 aug 1843
  • Lyon,
La lettre

Encore quelques heures, ma chère enfant, et le Rhône mettra entre nous quatre-vingts lieues de plus. Je ne veux pas que la journée se passe, sans que je vous aie remerciée du bien que vous m’avez fait. J’étais allé à Paris avec bonheur sans doute, en pensant que je vous verrais, mais surtout avec l’espoir quelque peu orgueilleux de vous faire du bien. Vous en ai-je autant fait que vous m’en avez procuré? Je le désire vivement.

Je profitai de votre dernière recommandation. Monté en voiture, je priai Dieu pour vous, et, chose étonnante, il me sembla avoir retrouvé cette liberté de coeur envers notre divin Maître que je me reprochais d’avoir perdue depuis longtemps déjà. Mes réflexions se portèrent beaucoup sur ce que Dieu pouvait demander de moi: c’était la continuation de notre entretien. Je n’y vis rien de nouveau. Il paraît, en effet, que je dois être là où je suis. Tant que sa volonté m’y placera, j’y resterai.

Aujourd’hui, j’ai voulu aller dire la messe pour vous à Notre-Dame de Fourvière; mais il m’a été impossible, n’ayant pas fait retenir un autel à l’avance. A peine ai-je pu faire debout une petite prière à votre intention. Je suis descendu pour dire la messe dans une communauté. Pourtant, j’ai quelque regret à penser que vous aurez peut-être fait aujourd’hui vos voeux définitifs et que je n’y étais pas(2). Croiriez-vous que j’en suis à désirer qu’ils soient renvoyés assez pour que je puisse revenir à Paris et recevoir vos engagements? Voilà mes folies! Mais vous m’avez demandé d’être simple. Ne le suis-je pas trop?

Ce que je disais à vos Soeurs du triomphe que Notre-Seigneur me semble devoir remporter de nos jours m’a souvent frappé. Qu’en pensez-vous? C’est sous ce rapport que j’entends sa double action en nous. Il vient d’abord comme se réfugier dans l’âme de ceux qu’il aime, comme pour se mettre à l’abri de ses persécuteurs, et il s’en sert ensuite comme d’un moyen de faire triompher sa cause. D’où résulte pour ses disciples la double obligation d’établir son règne au dedans d’eux-mêmes et au dehors. Vous êtes bien heureuse, ma fille, après avoir été loin de Dieu, d’être appelée à l’aimer en vous et dans les belles âmes de vos Soeurs qui vous sont confiées(3).

Veuillez attendre quelque temps, avant de fixer le temps de la durée des fonctions de la Supérieure générale. Je crois qu’il y aurait quelques inconvénients à en parler trop tôt, puisque la chose n’est pas nécessaire.

Adieu, ma chère enfant. Veuillez me rappeler au souvenir et aux prières de vos Soeurs. Je ne vous chargerai que dans quelques jours de mes compliments pour MM. Blanc et Le Boucher(4). Pardonnez-moi ce petit-bonsoir que je n’ai pu m’empêcher de vous souhaiter. Quand Dieu permettra-t-il donc que nous puissions nous revoir? Je le remercie, en attendant, du fond du coeur de tout le bien qu’il m’a fait par vous. Bonsoir!

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. La lettre est datée du mardi soir, 16 août. Or, le 15 août tomba un mardi, en 1843; par ailleurs, l'abbé d'Alzon était à Nîmes, dès le 16 août. Il est donc probable que la lettre a été écrite le jour même de l'Assomption, le 15 au soir. Voir des extraits de cette lettre dans *Les origines de l'Assomption*, t. II, p. 173 sq., et dans *Notes et Documents*, t. II, p. 437 sq.1. D'après une copie. La lettre est datée du mardi soir, 16 août. Or, le 15 août tomba un mardi, en 1843; par ailleurs, l'abbé d'Alzon était à Nîmes, dès le 16 août. Il est donc probable que la lettre a été écrite le jour même de l'Assomption, le 15 au soir. Voir des extraits de cette lettre dans *Les origines de l'Assomption*, t. II, p. 173 sq., et dans *Notes et Documents*, t. II, p. 437 sq.
2. Les voeux perpétuels des premières religieuses de l'Assomption ne furent prononcés que le 15 décembre 1844.
3. On sait que la famille de la Mère Marie-Eugénie de Jésus était assez indifférente aux idées religieuses
4. L'abbé Blanc, disciple de La Mennais et auteur d'un bon *Manuel d'histoire de l'Eglise*, était alors confesseur extraordinaire des religieuses de l'Assomption; l'abbé Le Boucher était leur confesseur ordinaire.