Vailhé, LETTRES, vol.2, p.104

2 nov 1843 Lavagnac, GERMER_DURAND_EUGENE

Condoléances à l’occasion de la mort de son fils Michel. -Quelle espérance pour un père et une mère que celle dont la double tige s’élève de deux petites tombes!

Informations générales
  • V2-104
  • 0+316|CCCXVI
  • Vailhé, LETTRES, vol.2, p.104
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 ANGE GARDIEN
    1 EPREUVES
    1 ESPERANCE
    1 ETRE HUMAIN
    1 IMMORTALITE DE L'AME
    1 MALADIES
    1 MORT
    1 PORTEMENT DE LA CROIX PAR LE CHRETIEN
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 TOMBEAU
    1 TRISTESSE
    2 GERMER-DURAND, DANIEL
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 GERMER-DURAND, MADAME EUGENE
    2 GERMER-DURAND, MICHEL
    3 NIMES
  • A MONSIEUR EUGENE GERMER-DURAND (1).
  • GERMER_DURAND_EUGENE
  • le 2 novembre 1843.
  • 2 nov 1843
  • Lavagnac,
La lettre

J’avais eu l’espoir, mon cher ami, d’aller vous dire moi-même combien je partageais votre douleur, mais mon retour à Nîmes étant différé à cause d’une indisposition heureusement peu grave, je ne veux pas que vous me croyiez indifférent à toutes vos épreuves. Elles sont cruelles, et le coeur du chrétien a beau se ployer sous la main de Dieu, la pauvre nature humaine est toujours là qui réclame sa portion de larmes. Votre lettre m’a d’autant plus vivement touché que j’y voyais l’effort du père qui veut rendre au ciel tout ce qu’il en a reçu. Hélas! ne faut-il pas payer le droit de voir doubler le nombre de ses anges gardiens?

Veuillez dire à Mme Durand que je prie Dieu de lui donner la force que vous avez obtenue déjà. Je lui aurais écrit, si je ne pensais que, si vos douleurs sont communes, les paroles de consolation que vous adresse votre ancien père le sont aussi. Comprenons toutefois, puisque nous avons le bonheur d’être chrétiens, que nous pouvons sans doute pleurer, mais non pas nous abandonner à la tristesse des autres, sicut et caeteri qui spem non habent(2). Nous, nous avons l’espérance. Et quelle espérance pour un père et une mère que celle dont la double tige s’élève de deux petites tombes! Vous avez déjà donné vos arrhes à la véritable immortalité, et si une partie de vous-mêmes a déjà subi la mort, il y a quelque chose de vous qui habite le sein de Dieu et qui aide Jésus-Christ à vous y préparer une place.

J’espère aller vous embrasser lundi prochain, dans l’après-midi(3). Adieu, cher ami. Continuez à porter votre croix avec courage. Dieu a ses desseins; acceptez-les comme il vous les fait connaître. Il a l’éternité pour nous payer le prix de nos travaux et de nos larmes.

Tout à vous et du fond du coeur.

E. d'Alzon.
Notes et post-scriptum
1. En réponse à une lettre de Durand, du 27 octobre, qui lui annonçait la mort de son fils Michel, après qu'il avait perdu un autre enfant, Daniel, deux ans et demi auparavant.
3. C'est-à-dire le 6 novembre.2. *I Thess*. IV, 12.