Vailhé, LETTRES, vol.2, p.125

31 jan 1844 MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Amélioration de sa santé. -Il prêchera le Carême hors de Nîmes. -Il approuve l’achat d’une maison à Paris. -Il compatit à ses souffrances. -Qu’elle laisse le Saint-Esprit élever son âme. -Il a répondu à toutes ses questions, sauf à l’article des Constitutions.

Informations générales
  • V2-125
  • 0+324|CCCXXIV
  • Vailhé, LETTRES, vol.2, p.125
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE DIEU DANS L'AME
    1 AMOUR DIVIN
    1 CONSTITUTIONS DES RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 CONTRAT D'ACHAT
    1 CREANCES HYPOTHECAIRES
    1 EPREUVES SPIRITUELLES
    1 ESPRIT DE L'EDUCATION
    1 PARDON
    1 PATERNITE SPIRITUELLE
    1 PATIENCE
    1 PENSIONNATS
    1 PREDICATION
    1 PREDICATIONS DE CAREME
    1 PROFESSION PERPETUELLE
    1 REMEDES
    1 SAINT-ESPRIT
    1 SANTE
    1 SOUFFRANCE
    1 TRAVAIL
    1 VOYAGES
    3 ALES
    3 LYON
    3 MARSEILLE
    3 NIMES
    3 PARIS
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Le 31 janvier 1844.
  • 31 jan 1844
La lettre

Je commence ma chère enfant, par vous remercier des détails que vous me donnez sur l’entourage sacerdotal de M. L. Je vous remercie également de ce que vous voulez bien me dire pour les soins que je dois donner à ma santé. Heureusement, je commence à aller beaucoup mieux. Je souffre moins, et à des intervalles plus éloignés. J’espère que des bains et un régime que l’on m’a prescrit me débarrasseront de ces souffrances. Du reste, je mettrai votre conseil en partie à exécution. Je pars sous peu de jours pour Marseille; peut- être serai-je obligé d’aller à Lyon. Vous voyez que, si je ne cours pas uniquement pour mon plaisir, au moins pourrai-je cependant jouir des distractions d’un voyage. Je prêche, il est vrai, un Carême; mais ce ne sera pas à Nîmes. Je puis, dans tous les cas, vous assurer que si c’était vers Paris que je dirigeais mes pas, vous seriez le principal aimant qui m’y attirerait.

J’approuve extrêmement l’idée que vous aviez d’acheter la maison dont vous me parlez. L’important pour vous est d’avoir un quartier, où vous puissiez attirer les gens auxquels vous voulez vous adresser. Ainsi je donne tout à fait les mains à votre idée. Quand vous aurez des élèves, votre maison sera bientôt payée. Ainsi je pense qu’il n’y a pas à balancer, pour peu que l’on vous donne des facilités pour le payement. Du reste, ayant une maison sur laquelle on peut prendre hypothèque, la chose me paraît très facile à combiner.

Je ferai ce qui dépendra de moi pour être à Paris à l’époque de vos voeux définitifs. Mais en quel temps croyez-vous pouvoir vous engager tout à fait?

21 février.

J’ai reçu aujourd’hui, ma chère enfant, votre lettre du 16: elle m’a vivement peiné et a augmenté mes remords par rapport à vous. Mes douleurs ont un peu passé, mais je suis tellement accablé de gens qui ont à me parler que je n’y tiens plus. Mes journées ne finissent qu’à 10 heures du soir; et alors je n’ai pas toujours la tête à moi, et cependant je pense bien à vous. Je puis dire que je prie beaucoup pour vous. Hélas! à quoi servent donc mes prières? Les vôtres ont contribué à calmer les douleurs de ma tête. Les miennes ne pourront-elles jamais guérir les blessures de votre pauvre âme? Que vous dirai-je, mon enfant, de ces tristes crises sinon que Dieu, après tout, est bon et que tout cela a un but. Ce qui me peine seulement, c’est que vous consentiez à vous éloigner de lui, ainsi que vous me le dites. J’ai regret en pensant que j’ai peut-être contribué à votre mal par ma dernière lettre. Je comprends vos irritations contre moi et j’ai été bien édifié de la manière dont vous m’avez répondu. Ne craignez pas de vous montrer mauvaise envers moi; c’est alors que je vous aime le plus paternellement.

Je ne reviens pas sur vos observations. Je n’avais peut-être pas compris le sens dans lequel vous employez le mot éducation, et vous aviez peut-être trop exclu à tort l’idée de charité de l’expiation, dans le sens où je l’entends. Mais ne revenons pas là-dessus pour le moment. Je crois vous comprendre, et, quoiqu’il me semble que je voie en dernière analyse un peu plus loin que vous, ce n’est pas quand vous êtes sous l’impression de la peine que j’irai raisonner sur la nature de cette peine, pour savoir si elle vous fait expier ou si elle fait votre éducation(2).

Ma chère enfant, en quoi puis-je vous être bon? Je vous avoue que je le demande souvent à Dieu, et ce que je vois de plus clair, c’est que je dois surtout vous engager à prendre patience et à laisser le Saint-Esprit élever votre âme. Pensez-vous souvent au Saint-Esprit? Il est l’amour de Dieu et, dès lors, nous devons nous réchauffer souvent à sa dévotion, vous surtout, chère enfant, qui avez tant de crainte, par moments, d’aimer Dieu. Laissez-vous conduire par l’action du Saint-Esprit, c’est-à-dire par une action toute d’amour.

Est-ce que je vous ai dit quelque part que vous étiez trop longue? Je ne me le rappelle pas et, si je l’ai dit, je vous en demande pardon. De grâce, ne vous gênez pas. Je vous conjure de m’écrire bientôt et longuement. Je vais prêcher le Carême à Alais. C’est dans le diocèse. Vous pouvez m’y adresser vos lettres. Je vous préviens que je crois avoir répondu à toutes vos dernières lettres et à toutes les questions, sauf pour l’article des Constitutions que je vais examiner immédiatement. Je ne suis pas plus diocésain que vous, mais l’isolement systématique finit par devenir un effet d’une foule de circonstances bien tristes, quoique inévitables(3). Parlez-moi sur ce sujet, si vous en avez le temps.

Adieu, chère enfant. Je demande à Dieu une part de vos épreuves, comme vous avez demandé une part de mes douleurs physiques.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie.
2. Tout ce passage vise la lettre CCCXXII.
3. L'abbé d'Alzon favorisa toujours les bons rapports entre le clergé séculier et les religieux; il en fit même un devoir dans sa première Règle.