Vailhé, LETTRES, vol.2, p.128

24 feb 1844 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Les dots des futures religieuses. -Deux budgets à établir, celui des Soeurs et celui des élèves.

Informations générales
  • V2-128
  • 0+325|CCCXXV
  • Vailhé, LETTRES, vol.2, p.128
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 BUDGETS
    1 CAPITAUX
    1 COMPTABILITE
    1 DOT
    1 ELEVES
    1 FONDATIONS
    1 HERITAGES
    1 LOYERS
    1 PENSIONS SCOLAIRES
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 RESSOURCES MATERIELLES
    1 VOEU DE PAUVRETE
    3 NIMES
    3 PARIS
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 24 février 1844.
  • 24 feb 1844
  • Nîmes,
La lettre

Ma chère enfant,

Après avoir réfléchi, autant que j’en suis capable, sur la question que vous me posez au sujet de la manière dont vous entendez le voeu de pauvreté, et après avoir aussi consulté des personnes qui sont assez accoutumées à ces sortes de questions, voici ce que je crois devoir vous dire.

1° Il me paraît avantageux de renoncer au surplus d’une dot qui serait fixée, pour ce qui concerne les fortunes des jeunes personnes qui auraient la vocation. Il faudrait peut-être faire une exception pour les fondations.

2° Une fois une certaine somme atteinte par la masse des dots, il faudrait admettre la possibilité de recevoir gratuitement, afin que la masse n’augmente pas trop.

3° Les Soeurs, une fois leur profession faite, étant censées mortes au monde et devoir accepter les conséquences de la pauvreté, je crois que -pour entrer dans votre pensée- elles doivent renoncer d’avance à la chance de futurs héritages. Tant pis pour les prétendues injustices qui pourraient en résulter! Si elles étaient mortes réellement, on n’aurait pu s’en plaindre. Or, la renonciation qu’elles font de leurs biens montre bien que l’injustice, si injustice il y a, ne dépend pas d’elles.

4° Il me paraît avantageux d’établir deux budgets, celui des Soeurs et celui des élèves, de telle sorte que la dépense des Soeurs soit payée par leur dot, et celle des élèves par leur pension. Cela étant ainsi disposé, rien n’empêche que les Soeurs se maintiennent dans une pauvreté aussi stricte que [celle] des Carmélites. Il y aura bien quelque chose à régler pour les bâtiments, mais ceci ne serait qu’une proportion à établir entre ce qui y entrerait pour le compte des pensionnaires et ce qui y entrerait pour le compte des Soeurs.

5° Comme on comprend que si les élèves apportaient des bénéfices, ils seraient employés en bonnes oeuvres, les bénéfices d’une maison pourraient être employés à en fonder une autre; comme aussi sur les bénéfices des élèves on pourrait prendre de quoi fournir à la dot d’une Soeur qui, ayant des talents et point de fortune, pourrait faire du bien à la communauté. Mais en ceci il faudrait toujours apporter le plus grand souci: a) à ce que les deux budgets fussent distincts; b) à ce que le capital formé par les dots des Soeurs restât toujours à une proportion très médiocre.

6° Enfin, ce capital pourrait être représenté par les maisons, de telle façon que, sauf pour les commencements, on établit une proportion entre la valeur de la maison et le nombre des Soeurs qui l’habiteraient. Ce serait un moyen d’éviter les dépenses superflues. Toutefois, ceci exige réflexion, car il est évident qu’à Nîmes on aurait pour moitié prix un local aussi beau qu’à Paris. On pourrait parer à cet inconvénient, en prévoyant les dépenses faites par chaque Soeur par an selon les villes, et fixer la dot d’après le capital dont l’intérêt représenterait le prix de la dépense annuelle.

En ce sens, les élèves payeraient aux Soeurs le prix du loyer de la maison; et ce serait à prélever sur le bénéfice des élèves, afin de maintenir toujours la séparation des budgets et la nécessité où seraient les Soeurs de ne point trop prélever pour elles sur le prix des pensions.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie.