Vailhé, LETTRES, vol.2, p.130

9 mar 1844 Alais, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Du voeu de pauvreté et de la dot des religieuses. -Ses prédications de Carême sont interrompues par une sorte d’esquinancie. -Il la plaint de ses souffrances et désire vivement se trouver à Paris au moment de ses voeux perpétuels. -Envoi d’une relique du vénérable Gaspard de Bufalo.

Informations générales
  • V2-130
  • 0+326|CCCXXVI
  • Vailhé, LETTRES, vol.2, p.130
Informations détaillées
  • 1 DONATIONS
    1 DOT
    1 ECONOMIES
    1 EXPULSION
    1 FIDELITE A L'ESPRIT DE LA REGLE
    1 FONDATIONS
    1 MALADIES
    1 MARIAGE
    1 PECHES
    1 PREDICATIONS DE CAREME
    1 PROFESSION PERPETUELLE
    1 PROPRIETES FONCIERES
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 SALUT DES AMES
    1 SOUFFRANCE
    1 VENERATION DE RELIQUES
    1 VOEU DE PAUVRETE
    2 CAZALES, EDMOND DE
    2 GASPAR DEL BUFFALO, SAINT
    2 PIE X
    3 ALES
    3 PARIS
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • samedi, 9 mars 1844.
  • 9 mar 1844
  • Alais,
La lettre

Chère enfant,

Votre lettre me parvient à l’instant. Depuis quinze jours, j’ai écrit quelques notes sur votre voeu de pauvreté et la manière dont vous voulez l’entendre; mais je vois, en y réfléchissant, tant de difficultés sur tout que je ne sais que vous dire, sinon que vous ne devez, ce me semble, être propriétaire que de vos établissements, c’est-à-dire du local qui représenterait les dots. A part cela, toute économie devrait, ce semble, être interdite. Il faudrait stipuler que l’on ne serait tenu à rien envers les Soeurs qui sortiraient même par force majeure, c’est-à-dire dans le cas d’une révolution ou expulsion, sauf le partage du prix du local, s’il était possible de le faire; et, d’autre part, entrer dans ces détails est chose bien délicate. Peut-être feriez-vous bien encore de ne point fixer de dot, et de stipuler que les nouvelles fondations se feront sur les économies des maisons anciennes ou sur les donations, mais de telle sorte qu’on ne commençât à faire des économies que lorsque l’on aurait telle fondation en vue, afin d’éviter les prétextes d’économiser pour les établissements possibles.

J’ai eu d’autant plus le temps de penser à votre affaire que, depuis lundi(2), je garde ma chambre. J’ai eu une espèce d’esquinancie. Il m’a fallu interrompre mes prédications. J’en suis fâché dans un sens. J’avais eu le bonheur de plaire aux notabilités du lieu par quelques considérations qui avaient pour elles le mérite de la nouveauté, et le peuple qui n’y comprenait pas grand’chose me trouvait d’autant plus sublime. Il semblait que je pouvais espérer de laisser quelque chose dans ce pays-ci. Puisque le bon Dieu a permis que je fusse malade, il faut croire que c’est pour le mieux. J’ai conservé assez mon âme en paix, il me le semble du moins.

Quant à vous, mon enfant, je vous plains de toute mon âme, mais ne suis pas surpris de vos crispations. Je suis, je vous l’assure, si profondément convaincu de mon incapacité qu’il n’y a qu’une pensée de foi, et qui peut-être encore n’est que de l’amour-propre, qui puisse me faire consentir à vous faire du bien. Puis, il faut bien le dire, il y a bien aussi un grand désir du bien de votre âme, pour laquelle je donnerais volontiers ma vie, s’il était nécessaire.

Vous recevrez, deux ou trois jours après cette lettre, ce que vous me demandez. Je suis toujours au mieux avec la personne en question. Elle me témoigne de l’épanchement, autant qu’elle en est capable. Je parle du vrai, car, pour les paroles, elle en surabonde. Je crois qu’elle est dans la franche intention d’être au mieux avec moi, et je crois qu’elle s’aperçoit que je lui rends la pareille. Cela étant, il n’y a rien à désirer de plus.

Je ne puis me décider à vous demander aucune autre chose que votre communion quelquefois et à vous conjurer d’être exacte à la règle. Vous ne me dites rien de votre santé.

Vous êtes bien bonne de me vouloir à Paris pour l’époque de vos voeux définitifs. Il est possible que je sois obligé d’y aller, et vous comprenez qu’ayant, outre le but que je présume, la pensée de vous voir vous engager pour toujours, il faudra bien que tout s’arrange pour cela. Mais je ne puis vous fixer encore une époque. Du reste, vous la fixerez vous-même.

Adieu, ma fille. Je demande à Dieu de porter vos fautes, comme vous lui demandez de porter celles des vôtres, mais cela sans aucune répugnance. Où en est le mariage qui vous avait tracassée? Je vous envoie un peu du linge de Don Gaspard de Bufalo, dont M. de Cazalès vous a parlé(3). Je suis fâché de ne vous en donner que si peu. Il me faut arrêter, parce que ma tête qui n’est pas très forte ne veut plus rien penser.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir des extraits dans *Les origines de l'Assomption*, t. II, p. 191, et dans *Notes et documents*, t. II, p. 550.1. D'après une copie. Voir des extraits dans *Les origines de l'Assomption*, t. II, p. 191, et dans *Notes et documents*, t. II, p. 550.
2.C'est-à-dire depuis le 4 mars. L'abbé d'Alzon prêchait le Carême à Alais.
3. Gaspard de Bufalo, né à Rome en 1786, mort du choléra cette ville, le 28 décembre 1837, après avoir fondé les deux Congrégations des Missionnaires et des Soeurs du Précieux-Sang. Il fut béatifié en 1904 par le Pape Pie X.