Vailhé, LETTRES, vol.2, p.137

27 mar 1844 Alais, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Nos jugements dépendent souvent de nos dispositions intérieures. -La charité cicatrise toutes les blessures. -Sa santé s’améliore. -Il a été fort content des Constitutions. -Des répugnances de la chair.

Informations générales
  • V2-137
  • 0+329|CCCXXIX
  • Vailhé, LETTRES, vol.2, p.137
Informations détaillées
  • 1 ABAISSEMENT
    1 CHAIRE
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 CONSTITUTIONS DES RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 DISCIPLINE INSTRUMENT
    1 JESUS-CHRIST
    1 LIVRES
    1 LUTTE CONTRE LE PECHE
    1 MALADIES
    1 NOVICIAT
    1 PAQUES
    1 PATERNITE SPIRITUELLE
    1 SANTE
    1 SOUFFRANCE SUBIE
    2 ALZON, HENRI D'
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 COMBALOT, THEODORE
    2 LAMENNAIS, FELICITE DE
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 27 mars 1844.
  • 27 mar 1844
  • Alais,
La lettre

Je me hâte de répondre à vos deux dernières, ma chère et dédaigneuse enfant. Ce que vous me dites dans votre lettre du 15 me fait grand plaisir, et quoi que vous disiez, je le pensais depuis longtemps. Diligentibus Deum omnia cooperantur in bonum(2). Rien de plus vrai. Ce sont nos dispositions internes qui nous font prendre en bien ou en mal ce qu’on nous fait ou ce qu’on nous dit. Tâchez d’aimer assez Dieu pour prendre tout en bien. Je vous en fais une obligation. Il me semble que je vous fais une recommandation un peu égoïste, car alors la direction sera bien facile.

Je n’ai pas encore lu les Voix de prison(3). Ce que vous m’en dites m’est inintelligible. Vous avez un mot parfait, quand vous dites que dans vos rapports avec M. C[ombalot] vous étiez trop occupée de votre blessure. C’était en faire deux. La charité cicatrice tout. J’aime aussi votre attention sur Jésus-Christ s’abaissant au-dessous de chaque insulte(4). C’est bien là où vous devez aller faire expirer votre épouvantable orgueil.

Vous avez pris la bonne route; restez-y bien, surtout jusqu’à Pâques. Oui, soyez bien une fille brisée par vos fautes, afin de devenir une fille régénérée par la grâce. Vous ne m’assommez point et vous avez parfaitement réussi dans la pensée contraire.

Passons à votre lettre d’aujourd’hui. Merci de vos inquiétudes. Ma mère m’écrit aussi pour me gronder. Mais il me semble que je vais bien, sauf un peu d’enrouement qui passe, dès que je suis en chaire. Je vous promets de me soigner après Pâques(5).

Pour vos Constitutions, j’ai eu très grand tort de ne pas vous dire que j’étais très content de ce que j’avais vu. Il y avait une seule observation à faire, mais si peu importante qu’il m’est impossible de me la rappeler. Je ne pense pas qu’il faille mettre dans vos règles l’usage de la discipline, si vous pouvez présumer que cette prescription choque les supérieurs. Vous en ferez un usage qui se prendra au noviciat. J’aime assez la méthode des Jésuites sous ce rapport. Quand on a rompu la répugnance à faire cette pratique en commun, on laisse chacun libre de suivre son attrait.

Je ne puis me fâcher de rien, de votre part, mais convenez que vous êtes enfant de faire perdre le temps à vous expliquer certaines choses, parce que vos superbes dédains ne permettent pas à d’autres de partager votre manière de voir. J’attends vos lettres à deux colonnes. Si votre santé n’en souffre pas, j’aime beaucoup vos répugnances de la chair. Jésus les a éprouvées: coepit pavere et taedere(6). Souffrez pour vous unir à ses divines répugnances.

Adieu, ma fille. Je ne puis vous dire à quel point, malgré tous les dédains de vos pensées, je me sens votre père.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir des extraits dans *Les origines de l'Assomption*, t. II, p. 191, et dans *Notes et Documents*, t. II, p. 550.
3. *Une voix de prison* est le titre d'un opuscule de La Mennais, qu'il avait composé dans la prison de Sainte-Pélagie, en 1841. C'est une série de poèmes en prose, dans le genre des *Paroles d'un croyant*, et dont quelques-uns, de touche classique, parurent, en 1843, dans les *Amschaspands et Darvands*, avant d'être édités séparément. Nous avons sous les yeux l'édition de 1844.1. D'après une copie. Voir des extraits dans *Les origines de l'Assomption*, t. II, p. 191, et dans *Notes et Documents*, t. II, p. 550.
3. *Une voix de prison* est le titre d'un opuscule de La Mennais, qu'il avait composé dans la prison de Sainte-Pélagie, en 1841. C'est une série de poèmes en prose, dans le genre des *Paroles d'un croyant*, et dont quelques-uns, de touche classique, parurent, en 1843, dans les *Amschaspands et Darvands*, avant d'être édités séparément. Nous avons sous les yeux l'édition de 1844.
4. Nous avons omis quelques mots. [Ces mots ont été réintroduits d'après T.D.19, p.25 : ce sont ceux qui terminent ce paragraphe. - Avril 1996].
De fait, il dut alors aller passer quelques semaines à Lavagnac, auprès de ses parents.2. *Rom*. VIII, 28.
6. *Marc*. XIV, 33.