Vailhé, LETTRES, vol.2, p.151

17 may 1844 Nîmes, ALZON_MADAME

Conversation avec son père sur leurs propriétés. -Bonnes vacances qu’il a passées à Lavagnac. -Il pense revenir en septembre.

Informations générales
  • V2-151
  • 0+335|CCCXXXV
  • Vailhé, LETTRES, vol.2, p.151
Informations détaillées
  • 1 BIENS DES D'ALZON
    1 EMBARRAS FINANCIERS
    1 VACANCES
    2 ALZON, HENRI D'
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
  • A SA MERE (1).
  • ALZON_MADAME
  • le 17 mai 1844.
  • 17 may 1844
  • Nîmes,
La lettre

Ma chère petite mère,

Je ne vous ai point écrit sur-le-champ, comme je vous l’avais promis, pour vous rendre compte de notre conversation avec mon père, parce que je le trouvai de si bon accommodement que je ne doutai pas qu’il ne fût tout à fait dans votre manière de voir. Il n’y eut qu’un point qu’il toucha en passant: il me dit que, dans le temps, vous aviez parlé de lui laisser le quart et la jouissance de l’autre quart, et que maintenant vous ne parliez plus que de jouissance(2).

Toutefois je crains que pour présenter les 33 000 fr. qu’il a donnés à Marie, il ne fasse quelque chose qui vous fasse de la peine. Ainsi il considère comme lui appartenant la grande Maynaguière, les diverses chaussées et autres travaux extraordinaires. Je ne vous dis ceci que pour vous prier de le faire causer sur la manière dont il compte que les sommes empruntées pour la machine soient remboursées, car s’il les paye, je présume qu’il entendra qu’elles lui appartiendront, puisqu’elles se portent sur une dépense en dehors de l’exploitation ordinaire. Sur quoi j’ai quelques explications à vous soumettre:

1° En droit il a parfaitement raison de réclamer comme lui appartenant tout ce qui est d’amélioration de la propriété. Mais alors vous pouvez examiner si vous lui laisserez le plaisir de songer qu’il fait des économies. Car je ne vois pas précisément alors pourquoi vous auriez passé deux ans dans une si grande gêne, si tout cela ne devait aboutir qu’à lui ménager quelques sous de plus.

2° J’ai cru voir là encore la vraie cause de son horreur pour les voyages de Paris, qui ne lui permettaient pas de préparer des économies, comme aussi le motif par lequel il se tient en dehors des diverses dépenses faites à la machine, afin qu’il soit constant que ces dépenses sont vôtres et non pas siennes.

J’aurais eu tort de vous faire ces observations, si j’avais pu craindre que vous prissiez en mal ce que j’ai cru apercevoir dans la pensée de ce pauvre cher petit père; mais j’ai cru devoir vous les signaler, afin que vous sachiez au contraire quelle tournure prennent ses idées. Il y aurait danger, je crois, à les choquer ouvertement. Peut-être même pourrait-on obtenir de lui bien des concessions, en les favorisant jusqu’à un certain point. Il y a bien des choses dont lui-même ne se rend pas compte, mais qui infailliblement influent sur lui malgré lui.

J’ai payé aujourd’hui 500 francs d’intérêts. Je ne suis pas encore très pressé d’argent, mais, quand vous en aurez, je serai bien aise, que l’on me rembourse de ces avances prises sur ma pension.

Adieu, chère petite mère. Je ne vous écris qu’une lettre d’affaires. Je puis bien cependant prendre une minute sur le temps que j’ai résolu de consacrer ce soir à revenir sur mon arriéré, pour vous dire que j’avais rarement pris d’aussi bonnes vacances que celles que je viens de passer avec vous. Je n’ai aucune nouvelle de Marie. J’irai vous voir, avec Monseigneur, au mois de septembre.

Adieu, chère petite mère. Je vous embrasse de toute mon âme.

Emmanuel.
Notes et post-scriptum
1. Voir des extraits dans *Notes et Documents*, t. II, p. 554 sq.2. Nous omettons ici un passage relatif à des questions de propriété qui n'intéressaient que la famille d'Alzon. [Passage rétabli d'après T.D.19, p.26 : ce sont les trois paragraphes qui suivent. - Avril 1996].