Vailhé, LETTRES, vol.2, p.187

18 aug 1844 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Remarques sur divers articles des Constitutions. -Rapports de la Supérieure générale avec les novices. -Pénitences publiques. -Il désirerait un Conseil hebdomadaire. -De la supérieure locale et des prétendantes. -Le noviciat unique. -De l’aide spirituelle et des conseillères de la Supérieure générale. -Des retraites données aux seules supérieures.

Informations générales
  • V2-187
  • 0+349|CCCXLIX
  • Vailhé, LETTRES, vol.2, p.187
Informations détaillées
  • 1 ACTES DU GOUVERNEMENT RELIGIEUX
    1 ANIMATION PAR LE SUPERIEUR
    1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE PRETRE
    1 CHAPITRE GENERAL
    1 CONSEIL DU GENERAL
    1 CONSTITUTIONS DES RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 ELECTION
    1 EVEQUE
    1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 MAITRESSE DES NOVICES
    1 NOVICE
    1 NOVICIAT
    1 PENITENCES
    1 PENSIONNATS
    1 POSTULAT
    1 RENDEMENT DE COMPTE
    1 RETRAITE SPIRITUELLE
    1 SUPERIEUR DE COMMUNAUTE
    1 SUPERIEURE GENERALE
    1 VICAIRE GENERAL
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 DUVERGER, MADAME
    2 JACOB
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 18 août 1844.
  • 18 aug 1844
  • Nîmes,
La lettre

J’ai trop tardé, ma chère enfant, à vous envoyer mes observations sur vos Constitutions; aujourd’hui, je commence par là.

Je suis assez embarrassé pour entrer dans tous les détails que vous me demandez, car alors il faudrait être infini. Ainsi, aux deux premières pages du chapitre de la Supérieure générale, vous dites d’abord qu’elle doit avoir la connaissance de chaque Soeur, ensuite qu’il faut qu’elle se fasse rendre compte de l’état de chaque Soeur. Il y a là répétition. La seconde phrase suffit, ou bien il n’eût pas fallu les séparer pour dire qu’il y aurait deux rendements de compte, celui fait par les supérieures locales des Soeurs de leurs communautés, et celui fait par les Soeurs de leur propre état. Mais ce sont choses que vous devez apercevoir vous-même, puisque vous n’êtes pas seule pour rédiger votre règle.

La comparaison de Jacob me plaît peu; j’aime mieux la variante.

La variante sur le mépris des choses de la terre est très bonne. Seulement, je voudrais savoir comment vous entendez la variante ou le texte même avec ce que vous me recommandez pour l’Ordre(deux pages plus haut). Je crois comprendre votre pensée: vous voulez être ordonnée et détachée. Mais est-ce bien rendu?

Les rapports de la Générale avec les novices sont très importants; il faut avoir quelque chose de plus. Peut-être le trouverons-nous au chapitre des novices. Certaines Générales se laissent absorber par les novices, sous prétexte de leur communiquer leur esprit; d’autres ne s’en occupent pas assez. Ce que disent vos règles me paraît un peu vague. Ne le trouvez-vous pas? La maîtresse des novices ne sera-t-elle qu’un instrument passif? Ou bien aura-t-elle sa responsabilité, sauf à rendre compte à la Générale? Le second parti me semble plus analogue à votre esprit général. Toutefois, voyez aussi les conséquences d’un défaut d’entente. Je crois que c’est là un des passages dont vous devez le plus peser toutes les expressions.

Vous trouvez qu’il est bon que la Générale fasse souvent les pénitences d’usage. Chez les Jésuites, le supérieur ne les fait que les veilles des grandes fêtes. Peut-être cela a-t-il son avantage; les faisant plus rarement, elles sont plus remarquées. L’ensemble du chapitre est très bien, quoique un peu délayé. Il y a aussi quelques idées mises en dehors de l’ordre logique; mais tout cela vous est très facile à réparer.

Pourquoi ne mettre le Conseil que tous les quinze jours? S’il n’y a rien à dire, le Conseil est plus court, et rester quelquefois quinze jours pour une affaire pressante, c’est bien long. On le rassemblera sans doute, quand la supérieure le voudra; mais cela donne une certaine irrégularité. Je vous assure que le Conseil de tous les huit jours a bien ces avantages. Je vous en parle par expérience. J’ai fait partie d’une administration qui se réunissait tous les huit jours. Les choses allaient bien mieux et plus rapidement que sous l’administration actuelle, où l’évêque nous convoque quand il veut et où cependant tout le monde se plaint de nos lenteurs.

Les Soeurs ne parleront qu’interrogées. Voulez-vous dire qu’elles ne proposeront jamais une affaire d’elles-mêmes? Cela est très bien, mais ne les laisser parler qu’interrogées, c’est ouvrir la porte à de bien grands abus. Au Conseil de l’évêque, je suis bien avec tous, et cependant je me tiens presque toujours bouche close. L’évêque raconte, et nous sommes censés avoir approuvé. Cette phrase rendrait nul le ministère des conseillères. Je crois que l’alinéa est à refaire, parce qu’aussi il faut bien qu’elles sachent qu’un Conseil n’est pas une réunion de pies.

La fin du chapitre est encore un peu délayé, mais également bon. Je vous quitte pour aller dire la sainte messe.

Le chapitre de la supérieure locale me paraît bon, sauf qu’ayant dit qu’elle devait prendre l’esprit de la Supérieure générale, cela me paraissait suffire pour éviter bien des répétitions. Vous pourriez voir ce qui caractérise plus une supérieure locale, par exemple: la surveillance du pensionnat, qui doit être pour elle ce qu’est jusqu’à un certain point la Supérieure générale pour le noviciat. C’est à la supérieure locale à examiner les vocations, soit dans les élèves en qui elle se manifesterait, soit dans les personnes des diverses villes où vous auriez des maisons particulières. Vous avez à fixer à cet égard quelques règles de prudence pour l’examen de ces prétendantes. Resteront-elles quelque temps dans la maison où elles se présentent? Iront- elles [tout] de suite au noviciat général? Feront-elles leur noviciat dans chaque maison? Je vous demande pardon, mais j’ai oublié ce que j’ai vu là-dessus dans les chapitres précédents. Je suis très positivement pour un noviciat général. Je n’ai pas d’opinion sur la question de savoir s’il vaut mieux faire quelque temps de postulat dans la maison où l’on va se présenter d’abord. Il y a des raisons pour et contre. Je crois que ceci devrait être facultatif.

Ce que vous dites de l’aide spirituelle est bon pour les supérieures locales. Il faudrait, ce me semble, que l’aide de la Supérieure générale eût surtout pour but de l’avertir de ce qui la concerne personnellement. Les conseillères seraient plus particulièrement chargées des observations d’administration. Ces observations pourraient être transmises par l’aide spirituelle, mais dans ce cas celle-ci ne ferait qu’une Commission. Pour me faire comprendre, je veux dire que je verrais dans la Générale la religieuse et la supérieure. Or, si l’aide spirituelle prend de l’ascendant sur l’une et sur l’autre, il pourrait en résulter, selon moi, beaucoup de mal. Pour parer à cet inconvénient, je proposerais donc que l’aide spirituelle fût plus particulièrement chargée de l’intérieur de la Générale, et que ce fût aux conseillères à lui faire donner les avis relatifs au gouvernement. Toutefois, examinez vous-même la chose fort attentivement.

Je préfère assez l’envoi des votes par billet fermé, sauf cependant qu’on pourrait envoyer les supérieures. Il y a des Congrégations où l’on donne des retraites aux seules supérieures. C’est un excellent moyen de les réunir pour donner une impulsion générale et uniforme. Je ne sais pourquoi j’aimerais que l’assistante de la Supérieure générale fût à son choix, comme les grands-vicaires pour les évêques. Cela la mettrait plus dans la dépendance sous un rapport et dans la confiance sous un autre.

Pour passer d’un sujet à un autre, vous savez qu’au Sacré-Coeur les Chapitres ont lieu tous les trois ans. Je préfère de beaucoup le second projet de chapitre pour l’article des conseillères.

Il faut encore que je m’arrête. Seulement, je vous avouerai que la pensée pour laquelle vous m’avez écrit me préoccupe beaucoup, mais d’une autre manière que vous ne le penseriez peut-être. Il y a des choses où je crois voir le doigt de Dieu, et puis tout disparaît. Priez beaucoup, beaucoup.

Adieu, bien chère enfant. Que Dieu vous rende tout ce que vous me faites de bien!

Je n’ai pas vu M. Duverger, mais j’aurai de ses nouvelles sous peu.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. II, p. 455.1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. II, p. 455.