Vailhé, LETTRES, vol.2, p.192

21 aug 1844 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il aime beaucoup ses gronderies. -Il n’aurait que trop le goût d’aller à Paris, mais Dieu l’y veut-il? -Il n’a envie de prêcher que là ou il peut faire du bien. -Le propriétaire de la maison de Chaillot.

Informations générales
  • V2-192
  • 0+351|CCCLI
  • Vailhé, LETTRES, vol.2, p.192
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE DIEU DANS L'AME
    1 AVENT
    1 CHAIRE
    1 COLERE
    1 DEFAUTS
    1 PENSIONNAIRES
    1 PREDICATION
    1 REFORME DU CARACTERE
    1 TRISTESSE PSYCHOLOGIQUE
    1 VOLONTE DE DIEU
    2 DUVERGER
    3 PARIS
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 21 août 1844.
  • 21 aug 1844
  • Nîmes,
La lettre

Votre lettre de gronderies que j’ai reçue ce matin et qu’il m’a fallu laisser plusieurs heures sans pouvoir la décacheter, me met de bonne humeur. Oh! vraiment, vous êtes ravissante quand vous vous fâchez, et je vous aime tout à fait comme cela. Je me représente une enfant qui fronce le sourcil et enfle ses joues pour avoir l’air terrible. Est-ce que vous en avez jamais vu ainsi parmi vos pensionnaires? Mais ce qui me fait encore plus de peine que vos airs fâchés ne me donnent d’amusement, c’est qu’il y a, au fond de votre âme, une certaine tristesse, une affliction que je voudrais bien pouvoir faire passer. Et c’est moi qui vous la cause. Alors je deviens sérieux.

Ne vous désespérez pas trop encore à cause de moi. On peut tirer quelque parti de ma bonne volonté; mais nous avons grand besoin que Dieu vienne nous pousser un peu, croyez-le bien. Il se fait en moi une transformation. Ne soyez pas trop pressée; je n’aurais que trop le goût d’aller à Paris. Mais est-ce là que Dieu me veut? C’est ce qui n’est pas aussi clair. Pour moi, je suis disposé à aller où il me voudra. Dites-moi donc positivement où il me veut.

Merci de vos avents. Je n’ai envie de prêcher que là où je pense pouvoir faire quelque bien. Je n’ai pas ce qu’il faut pour monter dans les grandes chaires. Je n’ai pas le courage de prêcher dans les petites, quand le même travail me donnera ailleurs des résultats dix fois plus grands.

Je vous ai envoyé depuis plusieurs jours mes observations; je désire qu’elles ne vous crispent pas trop. De grâce, ne vous laissez pas agacer les nerfs!

Vous voulez que j’aille à Paris. Mais à quoi y serai-je bon? Je me fais vieux: dans huit jours, j’ai trente-quatre ans. Me reformer est impossible, et, tel que je suis, j’ai trop de défauts pour me croire bon à quelque chose d’un peu grand. Il faut que Dieu se fasse plus positivement entendre.

M. Duverger a dû partir hier pour Paris. J’aurais beaucoup voulu le voir, mais ce m’a été impossible: il était à la campagne. Du reste, c’est un grand original. Je vous en préviens, si vous ne l’avez déjà remarqué.

Adieu, ma chère enfant. Pardonnez-moi, je vous prie, les impatiences que je vous cause. Je vous en fais de bien réelles excuses. Que Dieu est bon de vous donner la force de supporter un vilain être tel que moi! Demandez-lui qu’il me change, afin que je puisse vous faire tout le bien que je vous souhaite du fond de mon âme.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir des extraits dans *Notes et Documents*, t. II, p. 571 sq. et dans *Les origines de l'Assomption*, t. II, p. 255.1. D'après une copie. Voir des extraits dans *Notes et Documents*, t. II, p. 571 sq. et dans *Les origines de l'Assomption*, t. II, p. 255.