Vailhé, LETTRES, vol.2, p.208

1 dec 1844 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Nombre de lettres qu’il lui à écrites depuis son départ. -Il prêche jusqu’à six fois par jour. -Sur diverses vocations religieuses. -Il pourrait aller à Paris après Pâques. -Bien que lui ont fait leurs conversations et son séjour à Lavagnac.

Informations générales
  • V2-208
  • 0+363|CCCLXIII
  • Vailhé, LETTRES, vol.2, p.208
Informations détaillées
  • 1 AVENT
    1 CAREME
    1 CONFESSION SACRAMENTELLE
    1 FORMATION DE JESUS CHRIST DANS L'AME
    1 GOUVERNEMENT
    1 GRAND MESSE
    1 JOIE
    1 LIBERTE DE L'ENSEIGNEMENT
    1 MERE DE DIEU
    1 MORTIFICATION
    1 PAQUES
    1 PREDICATION
    1 PREDICATION DE RETRAITES
    1 PREDICATIONS DE CAREME
    1 REFORME DE LA VOLONTE
    1 REPOS
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOYAGES
    2 COIRARD, MIRRA
    2 DUBOSC, MADEMOISELLE
    2 ESGRIGNY, MADEMOISELLE D'
    2 FRANCHESSIN, ERNEST DE
    2 JARRAS, MADEMOISELLE
    3 LAVAGNAC
    3 MARSEILLE
    3 NIMES
    3 PARIS
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • 1er dimanche de l'Avent, le 1er décembre 1844.
  • 1 dec 1844
  • Nîmes,
La lettre

Je m’étais réservé de ne point aller à la grand’messe, pour pouvoir vous écrire, ma chère enfant, et je ne sais comment, en ce moment, la grand’messe doit être sur le point de finir et je ne fais que prendre la plume. J’ai reçu de vous une lettre, il y a quelques jours, qui m’annonçait votre arrivée à Paris; aujourd’hui, on vient de me remettre à l’instant celle qui en renferme une pour Mlle d’Esgr[igny]. Il y a pour vous, poste restante, à Marseille, une lettre de moi qui en contient plusieurs autres; elle est sous l’adresse de M. de Franchessin, pour vous être remise. Je vous avais écrit deux autres fois de Lavagnac; j’avais adressé mes lettres à Nîmes, pensant que vous y auriez laissé votre adresse; mais toutes deux m’ont été renvoyées. Depuis mon retour à Nîmes, j’ai trouvé de l’ouvrage par-dessus les yeux. D’où il est résulté que, prêchant jusqu’à six fois par jour, le soir, je meurs de sommeil et n’ai pas le temps de prendre une plume.

Votre lettre à Mlle d’Esgrigny me paraît très bien. Je vous la donnerais bien volontiers, mais je crains que Dieu ne la pousse encore vers les Carmélites. J’examinerai cela au mois de janvier ou à la fin de décembre(2). Je regrette que vous n’ayez pas reçu ma lettre à Marseille; je vous y parlais de Mlle Dubosc, que vous n’avez vue qu’un moment et que j’aurais voulu vous faire connaître. Elle éprouve, m’a-t-elle écrit, une grande dilatation pour vous. C’est une fille de tête, mais qu’il faudrait un peu pétrir, rendre à son attrait de grâce. Je crois qu’elle ferait une fille d’un vrai mérite. Dites-moi ce que vous avez pu en juger, afin que je la pousse vers vous, si vous en voulez. Il y aurait à travailler sur elle, mais je crois le fond du terrain excellent. Mlle Coirard est toujours dans les meilleures dispositions. Mlle Jarras a été dépistée, ce qui a fait un vrai sabbat. Maintenant, les choses se calment, mais on ne me l’envoie plus que tous les mois à confesse.

Décidément, je ne puis prêcher le Carême à Paris pour cette année. Je préfère faire un voyage immédiatement après Pâques. Si alors une retraite pouvait faire quelque bien, je la prêcherais volontiers. Cependant, je ne veux rien promettre avant un mois. Dans tous les cas, j’irai vous voir probablement après le Carême. Je tâche de me poser toujours en dehors de tout esprit hostile au gouvernement, sauf la question de la liberté d’enseignement.

Je vous remercie, ma chère enfant, de tout ce que vous faites pour moi, mais surtout de ce que vous me dites du bien que vous a fait le voyage de Nîmes. Si vous saviez combien cela me rend heureux! Pendant mon séjour à la campagne, j’ai assez prié. Depuis mon retour, les affaires m’ont un peu distrait. Mais j’ai eu une conversation avec une personne qui, s’étant donnée en don à Dieu à l’âge de onze ans, n’a plus eu à se reprendre ni à se donner depuis. Elle en a trente-quatre. Cela me fait beaucoup de bien.

Aujourd’hui, premier jour de l’année ecclésiastique, j’ai tâché de me donner à ma manière pour former en moi Jésus-Christ, comme il se forma dans le sein de Marie. Il me semble que cela m’a fait un peu de bien. J’ai, il me semble, une volonté plus forte, plus soutenue, plus tendre, d’être à Dieu. Je vous le dois en partie, et c’est pour vous en remercier que je vous en parle.

Adieu, ma fille. Dilatez-vous toujours et perdons-nous, une bonne fois, dans l’amour de Dieu seul. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

Veuillez m’écrire bientôt. J’approuve que vous alliez doucement pour la mortification. Le temps me manque pour me relire, si je veux que ma lettre parte.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir des extraits dans *Notes et Documents*, t. II, p. 572, 603.1. D'après une copie. Voir des extraits dans *Notes et Documents*, t. II, p. 572, 603.
2. Lors de son voyage à Alais, où demeurait cette personne.