Vailhé, LETTRES, vol.2, p.231

24 feb 1845 MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il attend le prêtre polonais annoncé. -Son avis sur l’achat de la propriété de Chaillot. -Il offrira une classe au jeune Allemand. -Des repas, les jours de jeûne.

Informations générales
  • V2-231
  • 0+370|CCCLXX
  • Vailhé, LETTRES, vol.2, p.231
Informations détaillées
  • 1 ACHAT DE TERRAINS
    1 ALLEMANDS
    1 BATEAU
    1 CAPITAUX EMPRUNTES
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 DILIGENCE
    1 EMBARRAS FINANCIERS
    1 JEUNE CORPOREL
    1 MAITRES
    1 PARENTS
    1 POLONAIS
    1 TESTAMENTS
    2 ALZON, AUGUSTINE D'
    2 DUVERGER
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
    2 SEMENENKO, PIERRE
    2 TESSAN, JEAN-CHARLES DE
    2 VARAIGNES
    3 LYON
    3 PARIS
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Le 24 février 1845.
  • 24 feb 1845
La lettre

J’attends de pied ferme votre Polonais, ma chère enfant, et je tâcherai de le recevoir de mon mieux(2). Je m’arrangerai aussi pour caser quelque part son compagnon de voyage. Seulement, il n’arrivera point, comme il comptait, par les bateaux à vapeur qui ne peuvent aller par le temps épouvantable que nous avons. Il ne sera pas parti de Lyon samedi soir, au risque de manquer la messe hier, dimanche; il sera monté en diligence hier soir, et je l’attends demain matin, à moins qu’il n’ait pas trouvé de place; ce qui arrive assez souvent, quand les bateaux ne vont pas.

Votre lettre du 16 m’a donné assez à réfléchir. Sans dire de qui il était question, j’ai présenté votre plan à M. de Tessan, qui a été complètement de mon avis: c’est qu’il faut chercher tous les moyens d’acheter. Maintenant, le pouvez-vous? Pour ma part, je ferai ce qui dépendra de moi pour vous trouver de l’argent. Mais puis-je emprunter pour vous? Vous allez vous-même en juger. J’ai à ma disposition un testament qui m’assure de cent à cent vingt-cinq mille francs, en dehors de ce qui peut me revenir de mes parents. J’ai déjà dépassé cette somme pour les avances que j’ai faites à mon pensionnat. Puis-je maintenant offrir une caution légale? Je vous avoue que je ne l’ose plus. Cependant, j’ai déjà mis en course pour vous trouver ce que vous demandez et il y a fort à parier que je trouverai.

Pour les payements, je ne puis trop voir de difficulté, les terrains que vous voulez acheter prenant tous les jours une valeur plus grande. Réellement, si j’étais maître de ma fortune, j’aimerais à être votre créancier et je ne dis pas encore que je ne le deviendrai pas. M. Duverger, ce me semble, en vous achetant une partie de votre jardin, peut vous procurer quelques fonds pour commencer; la Providence fera le reste. Vous comprenez, ma chère enfant, que c’est en tremblant que je vous parle ainsi, et pourtant, si j’ai peur, je n’ai pas d’hésitation. Je n’approuve point la combinaison qui admettrait l’achat du terrain de M. Varaignes par M. Duverger; ce sera celui qui, le premier, en sera propriétaire qui pourra dicter les conditions, en supposant toujours que M. Duverger ait envie de votre jardin. A votre place, j’achèterais et puis je lui proposerais l’achat de toute la zone qui est en face de sa maison, ou bien encore un simple loyer, sa vie durant. Mais vous êtes assez habile en affaires pour savoir qu’il faut être toujours à même de faire la loi, surtout avec M. Duverger. Enfin, je vais me mettre en quatre pour vous trouver ce qu’il vous faut.

Je vous remercie de ce que vous me dîtes pour mon établissement. Quant au jeune Allemand, je lui offrirai probablement une place de professeur de seconde, mais qu’il tâche, sans dire pourquoi, d’obtenir une permutation de grade, comme cela serait pour les étrangers qui sont gradués dans leur patrie.

Je pense qu’il faut, les jours de jeûne, faire un repas un peu plus fort. Les trois plats ne me répugnent nullement; cela se fait presque partout. L’agrafe me paraît bien belle, presque trop belle. Elle me répugne, mais à cet égard je ne donne pas d’avis. C’est parce que ce serait trop beau que je n’en voudrais pas; mais si vous l’adoptez, il faut la prendre en argent. Ma soeur n’est point à Paris. Mais pourquoi en avez-vous peur?

Adieu, ma fille. Je voudrais vous parler de moi. J’aurais beaucoup à vous en dire, mais en ce moment le temps me manque. Dans la journée, je m’occuperai de votre affaire, quoique je l’aie déjà fait.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie.
2. L'abbé Semenenko.