Vailhé, LETTRES, vol.2, p.237

27 mar 1845 Bourdic, GERMER_DURAND_EUGENE

Remerciements pour la lettre envoyée. -Nouvelles diverses. -Un mémoire à remettre au ministre de l’Instruction publique est-il bien nécessaire. -Circulaire du Comité pour la liberté religieuse. -Il faut accepter de Dieu toute espèce de croix.

Informations générales
  • V2-237
  • 0+374|CCCLXXIV
  • Vailhé, LETTRES, vol.2, p.237
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 BONHEUR
    1 CAREME
    1 CHEMIN DE FER
    1 FATIGUE
    1 LIBERTE DE L'ENSEIGNEMENT
    1 PARTI CATHOLIQUE
    1 PLEIN EXERCICE
    1 PORTEMENT DE LA CROIX PAR LE CHRETIEN
    1 RECONNAISSANCE
    1 REPOS
    1 SATAN
    1 SIMPLICITE
    1 VANITE
    2 BECHARD, FERDINAND
    2 GOUBIER, VITAL-GUSTAVE
    2 GRANGENT, MADAME STANISLAS-VICTOR
    2 MONNIER, JULES
    2 MONTALEMBERT, CHARLES DE
    2 ODERO
    2 RIANCEY, HENRI-LEON DE
    2 SALVANDY, NARCISSE DE
    2 SURVILLE, CHARLES DE
    2 TALABOT, PAULIN
    2 TESSAN, JEAN-CHARLES DE
    3 ALES
    3 PARIS
    3 UZES
  • A MONSIEUR EUGENE GERMER-DURAND (1).
  • GERMER_DURAND_EUGENE
  • le 27 mars 1845.
  • 27 mar 1845
  • Bourdic,
La lettre

J’ai lu et relu votre charmante lettre, aimable et cher ami. Pourquoi, lorsque vous parlez d’orgueil et de diable, faites-vous donc le tentateur et mettez-vous ainsi ma vanité à l’épreuve? Rien ne la chatouille, cette pauvre vanité, il faut bien vous le dire, comme les paroles un peu bonnes de ceux que j’aime par le fond de l’âme; mais aussi on peut bien laisser la vanité où elle est et marcher droit vers son but, en acceptant ce qui encourage comme un soutien que Dieu donne à notre faiblesse. C’est pourquoi, sans tant subtiliser, je le remercie de tout mon coeur de vous avoir inspiré de m’écrire, comme je le remercie, quand j’ai soif, de me faire rencontrer une source, et, quand je suis las, un peu d’ombre pour me reposer. Tout ne vient-il pas de lui? Et ses dons, parce qu’ils sont plus excellents, doivent-ils être plus funestes? Vous voyez, mon ami, que si vous craignez le diable au sujet de votre dévouement, j’ai bien lieu de le craindre dans tout ce que votre affection m’apporte de bonheur. Heureusement que la belle simplicité chrétienne nous aide à sauter par-dessus tous ces cailloux et toutes ces épines de la route. Ainsi, bien simplement, sachez que votre lettre m’a fait un bien extrême et que j’en suis encore tout embaumé.

Odéro mérite quelque chose pour tout ce qu’il me vaut. Voici une lettre pour M. Talabot(2). Il faudrait faire parler à l’illustre fabricateur de chemins de fer par Mme Grangent. Si nous échouons de ce côté, il faudra prier l’abbé de Tessan de parler à Surville(3), lequel est très fort à même, s’il le veut, de faire quelque chose pour nous; mais je ne voudrais pas l’user.

J’ai reçu aujourd’hui une lettre de Béchard; je vous l’envoie. Vous en causerez avec M. Goubier. Un mémoire est-il bien nécessaire, et ne vaut-il pas mieux que je parte, pour aller porter moi-même à Paris toutes mes observations? Parlez-en avec M. Goubier et répondez-moi à Uzès. Si le mémoire était nécessaire, vous pourriez en préparer les éléments; je rédigerais quelques notes, de mon côté, et puis nous verrions ensemble ce qu’il y aurait de mieux à faire. M. Goubier a, je crois, déjà écrit quelque chose(4).

Je vous envoie encore, ou plutôt je vous enverrai sous peu une lettre que Montalembert et de Riancey m’adressent, au nom du Comité pour la liberté religieuse; elle porte une certaine empreinte de découragement et de tristesse. Ils annoncent pourtant qu’ils poursuivront leur entreprise et qu’ils agiront tant qu’ils pourront, pour persuader aux catholiques de faire respecter leurs droits(5).

La pétition d’Alais est couverte de signatures.

Adieu, cher ami. Mille choses à Monnier. Dites-lui que, moi aussi, je regrette nos rendez-vous de Carême. Vous m’avez si bien aidé tous les deux à porter ma fatigue! Depuis que je ne vous ai plus, je la sens trois fois davantage. Que voulez-vous? Il y a des repos un peu lourds. Mais il faut accepter de la part de Dieu toute espèce de croix, celles de fatigue et d’agitation, comme celles de calme plat et d’inanition. Et puis, quand on n’a plus qu’à se croiser les bras, on pense un peu plus à Dieu et à ses amis, et je sens tous les jours que rien n’est bon comme de ne faire du souvenir de ses amis et de Dieu qu’une seule pensée et un seul sentiment.

Emmanuel d’Alzon.

J’écrirai à M. Goubier au premier jour.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Voir des extraits dans *Notes et Documents*, t. II, p. 616-619. Bourdic est une paroisse du doyenné de Saint-Chaptes, où l'abbé d'Alzon avait accompagné son évêque en tournée de confirmation.
5. C'est la circulaire n° 2, datée de Paris le 5 mars 1845, que le Comité pour la défense de la liberté religieuse venait d'adresser à ses correspondants. Nous avons encore l'exemplaire polycopié que reçut l'abbé d'Alzon1. Voir des extraits dans *Notes et Documents*, t. II, p. 616-619. Bourdic est une paroisse du doyenné de Saint-Chaptes, où l'abbé d'Alzon avait accompagné son évêque en tournée de confirmation.
2. Les frères Talabot, ingénieurs, étaient, dès 1832, à la tête d'une Société des eaux qui desservait la ville de Nîmes; peu après, ils furent autorisés à construire le chemin de fer Alais-Nîmes-Beaucaire, et chargés d'entreprises analogues.
3. Charles de Surville, receveur général du Gard, député après la révolution de 1848.
4. Tout ce qui précède a trait aux moyens d'obtenir du ministre de l'Instruction publique le plein exercice pour le pensionnat de Nîmes.
5. C'est la circulaire n° 2, datée de Paris le 5 mars 1845, que le Comité pour la défense de la liberté religieuse venait d'adresser à ses correspondants. Nous avons encore l'exemplaire polycopié que reçut l'abbé d'Alzon.