Vailhé, LETTRES, vol.2, p.249

31 may 1845 [Paris, CART Mgr

Nouvelles au sujet du libre exercice de son pensionnat. -On lui propose une audience du roi. -Journal catholique qu’on voudrait opposer à l’*Univers*. L’affaire des Jésuites et le gouvernement. -Il prêche une retraite aux religieuses de l’Assomption.

Informations générales
  • V2-249
  • 0+381|CCCLXXXI
  • Vailhé, LETTRES, vol.2, p.249
Informations détaillées
  • 1 CHAPELLE
    1 FONCTIONNAIRES
    1 GOUVERNEMENT
    1 MAISONS D'EDUCATION CHRETIENNE
    1 MALADIES
    1 PARLEMENTAIRE
    1 PREDICATION DE RETRAITES
    1 PRESSE CATHOLIQUE
    2 AFFRE, DENIS
    2 BOUCARUT, JEAN-LOUIS
    2 DU LAC, JEAN-MELCHIOR
    2 ETIENNE, JEAN-BAPTISTE
    2 FREDERIC OZANAM, BIENHEUREUX
    2 GIRARD
    2 GUIZOT, FRANCOIS
    2 LA BAUME, CHARLES DE
    2 LA FARELLE, FELIX DE
    2 LACORDAIRE, HENRI
    2 LENORMANT, CHARLES
    2 LOUIS-PHILIPPE Ier
    2 MARTIN DU NORD, NICOLAS-FERDINAND
    2 MONTALEMBERT, CHARLES DE
    2 RATISBONNE, ALPHONSE
    2 RAVIGNAN, GUSTAVE DE
    2 REDIER, EUGENE-ANTOINE
    2 ROSSI, PELLEGRINO
    2 SALVANDY, NARCISSE DE
    2 TESTE, JEAN-BAPTISTE
    2 VEUILLOT, EUGENE
    2 VEUILLOT, LOUIS
    3 AMIENS
    3 AVIGNON, HOTEL-DIEU
    3 GRENOBLE
    3 LYON
    3 MIDI
    3 PARIS
  • A MONSEIGNEUR CART, EVEQUE DE NIMES (1).
  • CART Mgr
  • fin-mai 1845.]
  • 31 may 1845
  • [Paris,
La lettre

Monsieur,

Malgré une fatigue d’yeux qui, sans être grand’chose me gêne pour écrire, je veux vous dire où j’en suis. M. de la Farelle(2) est parfait pour moi; il a été chercher le ministre, toujours invisible, et n’a pu pénétrer jusqu’à lui; il m’a engagé d’attendre son beau-frère, M. Girard, qu’il espère me rendre favorable. M. Girard peut beaucoup. Je n’ai pu remettre vos lettres. J’attends une audience de M. de Salv[andy]. Je ne suis pas allé voir M. Martin, du Nord. Cet homme, malgré ses bonnes intentions, est trop méprisable par sa faiblesse; je n’ai pu surmonter la répugnance qu’il m’inspire. Peut-être plus tard serai-je moins délicat.

M. Teste m’a fait dire indirectement qu’il voudrait bien que j’allasse le voir; je ne me suis pas encore présenté chez lui, non plus que chez M. de la Baume(3). Entre ces deux futurs concurrents je n’ai pas voulu me fourrer les doigts. On continue à m’assurer qu’avec de la fermeté j’obtiendrai ce que je viens chercher.

On m’a proposé une audience de Louis-Philippe mais j’ai reculé devant l’effet que cette audience ferait, si elle était connue, et on ne manquerait pas de la faire connaître.

Je ne sais rien de plus pour le nouveau journal. Je crois vous avoir écrit que le fondateur m’était venu trouver et que je lui avais donné des détails qui l’avaient abasourdi. Du Lac, ami de l’Univers, et Ozanam, adversaire du même journal, pensent tous les deux qu’une nouvelle feuille, si elle ne se posait pas en hostilité vis-à-vis de l’ancienne, débarrasserait les catholiques de l’espèce de responsabilité que l’Univers leur impose. Ce point de vue a quelque chose Juste(4).

Quant aux Jésuites, rien de nouveau sinon qu’après la lettre que l’archevêque renvoya à Montalembert, celui-ci alla le trouver; il affirme qu’ils se quittèrent bons amis, l’archevêque ne dit point cela(5). Le gouvernement persévère dans ses projets de supprimer Paris, Amiens, Grenoble et Lyon(6). Vous avez vu la lettre du P. Etienne, que tout Paris a trouvée ignoble. Eh bien! il aurait agi plus mal encore, si je n’étais allé le trouver et le menacer de faire attaquer dans l’Univers et dans les journaux du Midi les religieuses de Saint-Vincent qui entreraient à l’Hôtel-Dieu d’Avignon. J’allai le voir le 22 avril, et il écrivit sa lettre le 24. D’après bien des détails, c’est un homme vendu. M. Guizot a été obligé de lui reprocher sa fureur contre les Jésuites. Il a fait interdire à ceux-ci une chapelle soignée par ses religieuses, mais bâtie par M. de Ratisbonne, actuellement Jésuite.

Mais je m’arrête. N’ayant rien à faire, je prêche une retraite(7) et l’heure m’appelle. Veuillez, Monseigneur, agréer l’hommage de mes sentiments de dévouement respectueux et de tendresse filiale.

E. d’Alz.

Mille choses affectueuses, je vous prie, à M. Boucarut et à M. Rédier.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Voir des extraits dans *Notes et Documents*, t. II, p. 653 sq. et 689 sq.
4. Durant les premiers mois de 1845, il avait été souvent question, soit de fonder un journal catholique, distinct de l'*Univers*, soit surtout d'imposer à celui-ci un autre rédacteur en chef que Louis Veuillot et un comité de contrôle. L'affaire était menée par Montalembert et Lenormant, l'abbé Dupanloup, les PP. Lacordaire et Ravignan. (Voir Eugène Veuillot, *Louis Veuillot*, t. II, p. 11-29.)
7. Aux religieuses de l'Assomption. Elle fut prêchée du 23 au 31 mai; voir *Les origines de l'Assomption*, t. II, p. 314 sq.2. Félix de la Farelle, député légitimiste d'Alais depuis 1842.
3. Teste, député constitutionnel d'Uzès et ministre des Travaux publics, avait été élevé à la pairie et nommé président de Chambre à la Cour de cassation, le 16 décembre 1843; son siège de député, que son fils revendiquait à sa place, fut enlevé par un légitimiste, Charles de la Baume.
4. Durant les premiers mois de 1845, il avait été souvent question, soit de fonder un journal catholique, distinct de l'*Univers*, soit surtout d'imposer à celui-ci un autre rédacteur en chef que Louis Veuillot et un comité de contrôle. L'affaire était menée par Montalembert et Lenormant, l'abbé Dupanloup, les PP. Lacordaire et Ravignan. (Voir Eugène Veuillot, *Louis Veuillot*, t. II, p. 11-29.)
5. La Chambre des députés avait voté, le 2 mai 1845, l'expulsion des Jésuites du territoire français. Les religieux inclinaient vers la résistance; Mgr Affre affirma que, s'ils ne se soumettaient pas aux lois, il leur retirerait le pouvoir de confesser. Sur ce, le 13 mai, Montalembert écrivit à l'archevêque de Paris une lettre très forte qui lui fut renvoyée.
6. Les établissements des Jésuites situés dans ces villes. Rossi, délégué du ministère Guizot à Rome, négociait leur suppression, qu'il devait, du reste, obtenir.
7. Aux religieuses de l'Assomption. Elle fut prêchée du 23 au 31 mai; voir *Les origines de l'Assomption*, t. II, p. 314 sq.