Vailhé, LETTRES, vol.2, p.276

jul 1845 [Paris, SALVANDY N-A

Le pensionnat de l’Assomption vient d’être acheté par les abbés d’Alzon et Goubier. -Situation de la maison et distribution des salles. -Personnel actuel de la maison. -Personnel futur, si l’on obtient le plein exercice. -Dans ce cas, des familles françaises qui expatrient leurs enfants se sont engagées à les mettre à l’Assomption. -Intérêt de l’Etat à ce nouvel état de choses. -Les directeurs de l’Assomption espèrent cette concession de la justice et de la haute raison du ministre.

Informations générales
  • V2-276
  • 0+393|CCCXCIII
  • Vailhé, LETTRES, vol.2, p.276
  • Publié dans l'*Assomption*, Nîmes, 4e année, n°20 (15 octobre 1878), pp. 153-1545.
Informations détaillées
  • 1 CHEMIN DE FER
    1 CLERGE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 COLLEGE ROYAL
    1 CORPS ENSEIGNANT
    1 COURS
    1 DIPLOMES
    1 DISCIPLINE SCOLAIRE
    1 ESPRIT CHRETIEN DE L'ENSEIGNEMENT
    1 GOUVERNEMENT
    1 GRADES UNIVERSITAIRES
    1 IMMEUBLES
    1 JARDINS
    1 LAICAT
    1 LEGISLATION
    1 LIBERTE DE L'ENSEIGNEMENT
    1 MAITRES
    1 MUTATION DES BIENS IMMEUBLES
    1 PARLEMENT
    1 PLEIN EXERCICE
    1 PRETRE EDUCATEUR
    1 REFECTOIRE
    2 ALZON, EMMANUEL D'
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 CUSSE, RENE
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 GOUBIER, VITAL-GUSTAVE
    2 GOUT
    2 GUIOT, JEAN-LOUIS
    2 LAURENT, CHARLES
    2 MONNIER, JULES
    2 TISSOT, PAUL-ELPHEGE
    2 VERDILHANT, JACQUES
    2 VERMOT, ALEXANDRE
    3 FRANCE
    3 MIDI
    3 MONTPELLIER
    3 NIMES
    3 NIMES, AVENUE FEUCHERES
    3 NIMES, EGLISE SAINTE-PERPETUE
    3 NIMES, ESPLANADE
    3 NIMES, RUE DE LA LUZERNE
    3 NIMES, RUE DU PONT DE LA SERVIE
    3 PIEMONT
    3 SUISSE
  • RAPPORT A MONSIEUR LE MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE (1).
  • SALVANDY N-A
  • ? juillet] 1845.
  • jul 1845
  • [Paris,
La lettre

Le pensionnat de l’Assomption a été fondé en 1838 par M. l’abbé Vermot qui en fit construire les bâtiments et y réunit, dès le début, un très grand nombre d’élèves. Cette prospérité, trop hâtive pour être durable, ne tarda pas à décroître, malgré les soins du directeur auquel l’établissement fut confié. M. l’abbé Tissot, homme capable mais qui fut mal secondé et même contrarié dans son action, ne put arrêter cette décadence.

Au commencement de 1843, l’Assomption ne comptait plus guère qu’une trentaine d’élèves, lorsqu’une société ecclésiastique en devint propriétaire pour quelque temps.

Au mois d’avril 1844, MM. d’Alzon, grand vicaire du diocèse de Nîmes, et Gustave Goubier, curé de Sainte-Perpétue dans la même ville, espérant que la loi sur l’instruction secondaire allait être très prochainement votée, se rendirent acquéreurs de ce pensionnat, avec l’intention d’en faire, en se conformant à toutes les exigences de la nouvelle législation, une institution de plein exercice, où l’éducation serait donnée par des ecclésiastiques et l’instruction par des laïques gradués de l’Université. Leur premier soin fut d’y rétablir la discipline qui s’était fort relâchée, et ce fut afin d’atteindre ce but plus vite et plus sûrement qu’ils rendirent à leurs familles un tiers environ des élèves.

Les bâtiments, situés près de l’Esplanade et ayant vue sur la magnifique avenue dite avenue Feuchères, qui joint la ville de Nîmes à l’embarcadère du chemin de fer de Montpellier, étaient déjà fort vastes. Ils furent agrandis, et, par une nouvelle distribution, mieux appropriés à l’usage d’un collège. Un nouveau corps de logis fut élevé sur la rue du Pont de la Servie.

La maison possède actuellement deux dortoirs bien aérés, pouvant contenir 120 lits, un réfectoire également de 120 places, trois salles d’études ou quartiers, cinq salles actuellement meublées et arrangées pour [des] classes, et quatre autres qui pourront facilement être accommodées au même usage, trois grandes cours et un jardin qui, déplanté, ferait au besoin une quatrième cour. Enfin, un terrain acheté récemment et qui s’étend le long de la rue du Pont de la Servie à la rue de la Luzerne permettra d’élever de nouvelles constructions.

Après avoir assuré ainsi le développement de la maison sous le rapport matériel, les nouveaux propriétaires, jaloux d’offrir aux familles toutes les garanties qu’elles peuvent désirer quant à la force des études, appelèrent bientôt à eux des professeurs gradués et même des agrégés de l’Université, éprouvés dans l’enseignement des classes supérieures.

Depuis le commencement de la présente année scolaire, le personnel de l’établissement se compose d’un directeur, d’un aumônier, d’un préfet de discipline, tous trois prêtres; de quatre maîtres d’étude ou surveillants, dont trois ecclésiastiques et un laïque; de cinq professeurs, dont deux agrégés des classes supérieures et trois bacheliers, et d’un instituteur primaire pourvu du brevet supérieur, chargé de l’école industrielle et du français. Plusieurs autres professeurs, appartenant ou ayant appartenu aux collèges royaux, anciens élèves de l’Ecole normal et agrégés, ont offert leur concours et viendront compléter le personnel des maîtres, dès que le plein exercice aura rendu ce complément nécessaire.

L’établissement comptait déjà, pendant le premier semestre, 55 élèves, savoir: 26 pensionnaires, 13 de mi-pensionnaires et 16 externes. Ceux de ces élèves qui appartiennent aux classes de 6e, 5e, 4e, 3e et 2e suivent provisoirement les cours du collège royal. Il n’y en a point encore pour la rhétorique et la philosophie, parce que la maison, dans une intention facile à comprendre, n’a voulu admettre de nouveaux élèves que jusqu’en troisième inclusivement. Il est, en effet, un âge au delà duquel l’enfant ne peut plus recevoir avec succès l’impression d’une nouvelle discipline(2).

On le voit, MM. d’Alzon et Goubier auront, cette année, de grands sacrifices à faire; ils s’y attendaient et sont en mesure de supporter ces pertes et toutes celles que leur oeuvre pourrait exiger encore.

Voilà ce qu’est actuellement le pensionnat de l’Assomption, Voici ce qu’il serait demain avec le plein exercice: M. l’abbé Tissot, directeur, céderait les fonctions à M. Germer-Durand, agrégé, qui, par son grade de licencié, satisfait aux exigences de la loi et qui, d’ailleurs, mérite par ses services universitaires la confiance du ministre.

Le personnel des professeurs serait complété comme il suit:

Professeur de philosophie: M. N., licencié.

Professeur d’histoire: M. N., licencié.

Professeur de mathématiques: M. N., bachelier ès sciences. phys. et mathém.

Professeur de rhétorique: M. J. Monnier, agrégé.

Professeur de seconde: M. Germer-Durand, agrégé.

Professeur de troisième: M. N., licencié.

Professeur de quatrième: M. Laurent, bachelier ès lettres.

Professeur de cinquième: M. N., bachelier.

Professeur de sixième: M. Gout.

Professeur de classes élémentaires: M. Verdilhant, bachelier.

Professeur d’anglais et d’allemand: M. L. Guyot.

Professeur de classe industrielle et de français: M. Cusse, instit. prim. du degré supérieur.

Quant au nombre des élèves, le chiffre de ceux qui se font inscrire chaque jour pour la rentrée prochaine permet d’affirmer avec confiance que, lors même que l’établissement ne jouirait pas encore à cette époque du plein exercice, il pourrait compter de 70 à 80 élèves. Mais du moment que, soit par le bénéfice de la loi attendue, soit par une concession aussi juste qu’opportune, l’Assomption sera devenue une institution de plein exercice, un grand nombre de familles des plus recommandables du Midi, lasses d’expatrier à grands frais leurs enfants, se sont engagées à les rappeler en France pour nous les confier, heureuses de trouver enfin, au sein du pays, une éducation religieuse et vraiment française. Sans examiner ici la question de savoir si l’éducation donnée par l’Etat possède ou non ce double caractère, il est certain que les familles dont nous parlons refusent de le lui reconnaître. Aussi voyons-nous, chaque année, un grand nombre d’enfants appartenant à ces familles distinguées par la naissance et influentes par leur position émigrer vers la Suisse ou le Piémont, pour aller chercher, loin de leur pays, une éducation que leurs parents ne croient pas pouvoir trouver au sein de la patrie.

En présentant un projet de loi sur la liberté d’enseignement, promise et garantie par la Charte, le gouvernement a compris qu’il fallait faire cesser le scandale, déjà ancien, de ces émigrations annuelles. Il est évident que jamais, sous le régime de la législation actuelle, ces familles ne donneront d’autres directions à leurs enfants. Or, n’est-il pas à craindre que la nécessité dans laquelle elles se trouvent placées à cet égard n’ait pour effet de les désaffectionner chaque jour davantage? N’y aura-t-il pas profit pour le gouvernement et la société à ce que les enfants de toutes les classes, quelles que soient d’ailleurs les opinions et les sympathies de leurs parents, soient élevés sur le sol français et apprennent de bonne heure à se montrer reconnaissants envers le pays, auquel ils seront redevables de leur éducation, d’une éducation à la fois religieuse, patriotique et française, comme celle qui sera donnée dans l’établissement de l’Assomption?

En effet, des prêtres, qui se donnent ou acceptent la mission de diriger l’éducation de la jeunesse, ne peuvent et ne doivent avoir d’autre but que de faire respecter avant tout les lois du pays, les institutions qui le régissent; non pas, sans doute, en arborant bien haut tel ou tel drapeau politique, mais en faisant pénétrer bien avant, dans les jeunes esprits qu’ils façonnent, les idées catholiques qui se prêtent à toutes les formes de gouvernement et qui, avant tout, prescrivent comme premier devoir à l’homme l’amour de l’ordre, le respect des autorités établies, et condamnent hautement toute participation à des tentatives ayant pour objet de troubler la paix et le repos du pays.

Les prêtres attachés à l’établissement de l’Assomption, ou comme fondateurs, ou comme directeurs, les laïques nombreux qui y sont chargés de l’instruction, quoique ayant tous des opinions diverses, s’entendent parfaitement sur ce point essentiel. Le gouvernement ne peut donc que gagner au développement de pareils principes adoptés comme base de l’éducation.

Les directeurs de l’Assomption espèrent de la justice de M. le ministre et de sa haute raison la concession du plein exercice. En présence de la loi présentée par le gouvernement, déjà votée par un des pouvoirs de l’Etat, prête à être discutée à la Chambre des députés, réclamée par la France, promise par la Charte, et qui, par conséquent, ne peut manquer d’être bientôt rendue, ils ne croient pas qu’on ne puisse faire droit à leur demande, lorsque surtout ils sont disposés d’avance à accepter toutes les conditions de la loi, et que le personnel de l’établissement de l’Assomption présente plus de garanties encore qu’elle n’en exige.

Si, comme nous aimons à le croire, le gouvernement du roi est franchement disposé à faire rendre la loi, pourquoi ne ferait-il point jouir, par anticipation, du bénéfice de cette loi un établissement qui est en mesure de remplir toutes les conditions que cette loi met à la concession du plein exercice? Cette faveur accordée par M. le ministre, loin. de nuire au gouvernement, ne pourrai-t que lui donner une grande autorité dans la discussion de la loi.

Notes et post-scriptum
1. Ce rapport a été trouvé par le P. E. Bailly dans les archives du collège de Nîmes et publié par lui dans les *Notes et Documents*, t. IV, p. 310-316. Nous le reproduisons tel quel, n'ayant pas retrouvé l'original sans pouvoir assurer qu'il est ainsi complet.
2. "Après la statistique des élèves, dit le P. E. Bailly, venait un état comparatif des recettes et dépenses; il est indiqué *pour mémoire*, mais les chiffres font défaut." *Notes et Documents*, t. IV, p. 313.1. Ce rapport a été trouvé par le P. E. Bailly dans les archives du collège de Nîmes et publié par lui dans les *Notes et Documents*, t. IV, p. 310-316. Nous le reproduisons tel quel, n'ayant pas retrouvé l'original sans pouvoir assurer qu'il est ainsi complet.
2. "Après la statistique des élèves, dit le P. E. Bailly, venait un état comparatif des recettes et dépenses; il est indiqué *pour mémoire*, mais les chiffres font défaut." *Notes et Documents*, t. IV, p. 313.