Vailhé, LETTRES, vol.2, p.298

16 sep 1845 Nîmes, BAILLY_MONSIEUR

Il le remercie de son hospitalité. -Regrets de n’avoir pas vu Mme Bailly, lors du départ. – Ses affaires vont bien. -Au sujet d’un maître de mathématiques.

Informations générales
  • V2-298
  • 0+401|CDI
  • Vailhé, LETTRES, vol.2, p.298
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CORPS ENSEIGNANT
    1 EMBARRAS FINANCIERS
    1 MATIERES SCOLAIRES
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BAILLY, MADAME EMMANUEL
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BOURIOT
    3 NIMES
    3 PARIS
  • A MONSIEUR EMMANUEL BAILLY.
  • BAILLY_MONSIEUR
  • le 16 [septembre] 1845.
  • 16 sep 1845
  • Nîmes,
La lettre

Me voici à mon gîte, cher Monsieur Bailly, et vous comprenez aisément que je ne puis m’empêcher de reporter mes regrets sur ce que j’ai laissé à Paris d’amis et d’heureux moments, et, quoique vous le sachiez déjà, je tiens à vous dire tout ce que j’emporte au fond de l’âme de bons souvenirs de mon séjour chez vous. Hélas! pourquoi se réunit-on pour se séparer si tôt? Je ne puis vous dire combien j’ai été contrarié de partir sans prendre congé de Mme Bailly. Je ne savais pas qu’elle eût fait le voyage avec vous et que, dès lors, elle était aussi fatiguée que vous l’étiez vous-même. Je vous conjure de lui offrir, avec l’expression de mes regrets, celle de toute ma reconnaissance pour toutes ses bontés.

Vous écrivez peu, saint homme, à moins que ce ne soit pour motif pressant, et pourtant je veux absolument apprendre de vous où en sont vos affaires, et je me fâcherai tout rouge si vous ne me le faites bientôt savoir. Les miennes, au moins quant à mon pensionnat, semblent aller assez bon train. J’espère ne pas trop m’enfoncer, quoique j’eusse bon besoin de quelque bonne spéculation, du genre des vôtres(1). Pour me rendre un homme brillant; mais je ne veux pas me décourager, parce que j’espère bien, avec la grâce de Dieu, me mettre avant peu à mon courant.

J’entends bien user de vous de loin comme de près; ne vous croyez donc pas quitte avec moi, parce que je suis à Nîmes. Vous m’aviez promis de me procurer M. Bouriot; il faut que vous me l’expédiiez, mais au meilleur marché possible. Je ne veux pas qu’il soit logé dans la maison. Il aura à donner des leçons de mathématiques élémentaires spéciales et de physique; il aura peu d’élèves, ce qui le fatiguera moins, et il pourra donner pour son compte les répétitions qu’il voudra. Soyez assez bon pour le voir et me l’expédier au plus tôt. Je compte sur vous, pour me faire faire une affaire d’or, comme vous savez les faire quand vous voulez.

Adieu, cher et excellent ami. Vous m’avez promis de venir me voir. Hâtez-vous de me donner le temps que je vous ai déjà donné(2). il me faut au moins six mois à vous garder.

Adieu, et du fond du coeur.

E. d'Alzon.
Notes et post-scriptum
1. Ces spéculations sur les terrains devaient, à la suite de la débacle financière des Bénédictins de Paris, pour lesquels Bailly s'était porté malheureusement garant, en provoquer une autre pour la famille Bailly elle-même et pour un grand nombre de catholiques. Sans trop le savoir, l'abbé d'Alzon s'y vit aussi impliqué, pour une faible somme à vrai dire.
2. Lors de son dernier séjour à Paris, l'abbé d'Alzon avait logé chez la famille Bailly, à l'hôtel Clermont-Tonnerre, rue Madame. Il y resta près de cinq mois. C'est là qu'il connut plus particulièrement l'aîné des enfants, Vincent de Paul, qui avait alors douze à treize ans et qui devait devenir son disciple. Il connut également le petit Benjamin, le dernier-né de la famille, le futur P. Emmanuel. Les liens d'amitié d'autrefois se trouvèrent ainsi resserrés par ce séjour.