Vailhé, LETTRES, vol.2, p.322

7 oct 1845 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Ferveur de la communauté. -Le règlement quotidien de Nîmes ressemble beaucoup à celui de Paris. -Nouvelles de quelques maîtres. -Encore les billets des Bénédictins. -Son travail dans la maison. -Visite de l’archevêque de Reims. -Sur quelques maîtres à chercher. -Offre de quelques postulantes pour l’Assomption.

Informations générales
  • V2-322
  • 0+411|CDXI
  • Vailhé, LETTRES, vol.2, p.322
Informations détaillées
  • 1 BIBLIOTHEQUE DE COMMUNAUTE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CORPS ENSEIGNANT
    1 EMBARRAS FINANCIERS
    1 LEVER
    1 MAITRES
    1 POSTULANT
    1 REGLEMENT SCOLAIRE
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 REPAS
    1 TRAVAIL DE L'ETUDE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 BAILLY, EMMANUEL SENIOR
    2 BOURDET, MARIE-FRANCOISE
    2 CARDENNE, VICTOR
    2 DECKER, FRANCOIS-JOSEPH
    2 GOUSSET, THOMAS
    2 HENNINGSEN, EMILE DE
    2 PERROULAZ, ABBE
    2 SAUVAGE, EUGENE-LOUIS
    3 NIMES
    3 REIMS
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 7 octobre 1845.
  • 7 oct 1845
  • Nîmes,
La lettre

Ma chère enfant,

Vous voulez bien partager mes peines. Il faut aussi que vous partagiez nos joies, et puisque je me trouve levé une demi-heure avant que l’heure n’arrive où j’exercerai les fonctions de réveille-matin, je veux vous dire qu’hier, en retournant d’une course dans Nîmes, j’ai été agréablement surpris de trouver nos jeunes gens, qui, sans attendre l’arrangement définitif de la bibliothèque et tous les meubles que je compte y faire placer pour leur en rendre le séjour agréable, s’y étaient installés et y travaillaient en grand silence. Aujourd’hui, va commencer l’exécution du règlement des maîtres; ils se lèveront, comme nous en sommes convenus, à 5 h. moins 1/4, et le reste comme vous savez. Il y aura de grands rapprochements entre notre ordre du jour et celui de l’Assomption. Je vous assure que je trouve un grand bonheur à penser qu’il nous arrivera de prier assez souvent en même temps que nos filles. Il n’y a que le souper que je n’ai pas pu modifier, à cause de certaines difficultés locales. Mais, un peu de patience, cela aussi viendra dans son temps.

Ce que vous me dites, hier, de l’arrivée de M. Sauvage me remplit de joie. J’en ai fait part à nos jeunes gens, qui sont tout disposés à accueillir le professeur de mathématiques de l’Assomption avec un grand empressement. Je continue à être très content de M. Cardenne.

Ayez une triste idée de la mémoire de votre père. Je croyais avoir souscrit 9000 francs pour les Bénédictins; mais il paraît que ce n’étaient que 4000, à moins, ce que je crois bien plutôt, qu’ils n’aient acquitté déjà un billet de 5000 francs, en laissant protester un billet dans lequel M. Bailly aurait été pour quelque chose. Il y a, à ce compte, 5000 francs inutiles. Ou gardez-les pour vous jusqu’au 20 ou 25 décembre, ou renvoyez-les-moi, si vous n’en avez pas besoin; ils pourraient m’être utiles pour un payement. Je compte vous avoir quelque argent avant peu.

Représentez-vous, ma pauvre fille, votre père courant, du matin au soir, de la cave au grenier et du grenier à la cave; grondant les ouvriers trop lents, faisant laver les vitres et balayer les études, se fâchant tout rouge avec les élèves qui jettent du papier par terre, ou menaçant ceux qui répandent au réfectoire de l’eau sur les tables de la leur faire essuyer avec la langue, entouré d’un tas de gamins, tous plus mal élevés les uns que les autres, mais pour la plupart si spirituels dans leurs saillies qu’il n’y a pas moyen, par moments, de tenir son sérieux au milieu des observations les plus graves. Enfin, il faut croire que Dieu donne des grâces d’état, car tout cela m’intéresse beaucoup.

Je viens de montrer à l’archevêque de Reims la partie de la lettre que vous m’aviez confiée dans le temps et sur laquelle j’avais quelque embarras au sujet de ce qui pourrait vous revenir un jour de M. de Franchessin; il m’a parfaitement tranquillisé. Il est évident à ses yeux que vous n’êtes tenue à aucune restitution. M. de Franchessin a pu commettre des actes indélicats, mais selon M. Gousset, de la manière dont vous les détaillez, ils ne sont pas contraires à la justice. Restez donc en toute tranquillité et paix à cet égard. J’ai été bien aise de profiter de cette circonstance pour me confirmer dans mon opinion, qui avait été un peu ébranlée par celle d’un ancien professeur du Séminaire.

Puisque vous ne voulez pas nous envoyer M. Perroulaz, nous tâcherons de nous en passer, d’autant plus que, pour cette année, nous avons à présent notre personnel à peu près complet. Nous verrons un peu pour votre Allemand qui ne peut tarder d’arriver, d’après ce que je vous ai écrit, il y a déjà longtemps. Tâchez de me rattraper la Vie du saint anglais qu’a emportée M. de Henningsen.

Je m’occupe de vous procurer des vocations. Examinez si vous voulez de celles-ci. Mlle Thérèse Bourdet, de dix-huit ans, a une soeur Carmélite. Sa mère, femme excellente, est morte il y a deux ans, lui laissant une fortune médiocre à partager entre plusieurs, le père s’est arrangé pour tout manger. Quant à elle, elle est assez bonne, pieuse, peu d’instruction, assez d’esprit; elle est bien de figure et a une bonne santé. Une autre, de vingt-trois à vingt-cinq ans, a fait une faute dans le temps; depuis deux ou trois ans, elle est franchement revenue à Dieu; bon caractère, beaucoup d’esprit, à ce qu’on dit; pas le sou pour le moment (2); un jour, elle aura une quarantaine de mille francs d’un de ses oncles. Toutes deux sont prêtes à partir. La seconde a le talent de se faire aimer, mais on la dit un peu intrigante. J’en ai d’autres, mais ce sera pour un peu plus tard.

Voilà qu’on me dérange, et c’est aujourd’hui mardi. Adieu, ma chère enfant. Je suis tous les jours un peu plus vôtre en Notre-Seigneur, s’il est possible que je le sois encore davantage.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir des extraits dans *Les origines de l'Assomption*, t. II, p. 368, et dans *Notes et Documents*, t. III, p. 85-87.1. D'après une copie. Voir des extraits dans *Les origines de l'Assomption*, t. II, p. 368, et dans *Notes et Documents*, t. III, p. 85-87.
2. Nous avons omis quelques mots, de-ci, de-là. [Ces mots ont été ajoutés d'après T.D.19, p.34 = depuis "le père s'est arrangé..." - Avril 1996].