Vailhé, LETTRES, vol.2, p.325

12 oct 1845 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Les deux maîtres allemands annoncés. -Cette année, il aura un notable déficit. -Maladie de la Soeur Marie-Gonzague. -Sa robe religieuse en serge est trop légère pour l’hiver. -Les Bénédictins et du Lac. -Il part chercher des écus à Lavagnac.

Informations générales
  • V2-325
  • 0+412|CDXII
  • Vailhé, LETTRES, vol.2, p.325
Informations détaillées
  • 1 ADOLESCENTS
    1 ALLEMANDS
    1 ARGENT DU PERE D'ALZON
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CORPS ENSEIGNANT
    1 DEFICITS
    1 DOMESTIQUES
    1 HABILLEMENT DU RELIGIEUX
    1 MAITRES
    1 MALADIES
    2 BEILING, ADOLPHE
    2 BEILING, MARIE-LOUISE
    2 BEVIER, MARIE-AUGUSTINE
    2 DECKER, FRANCOIS-JOSEPH
    2 DU LAC, JEAN-MELCHIOR
    2 O'NEILL, THERESE-EMMANUEL
    2 PITRA, JEAN-BAPTISTE
    2 SAINT-JULIEN, MARIE-GONZAGUE
    3 LAVAGNAC
    3 PARIS
    3 PARIS, CHAILLOT
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 12 octobre 1845.
  • 12 oct 1845
  • Nîmes,
La lettre

Vous êtes toute pardonnée ma chère enfant, s’il peut m’être permis d’employer ce mot avec vous quand vous êtes si bonne et que vous prenez tant de peine pour me procurer les hommes dont j’ai besoin. Lorsque je vous avais priée de m’envoyer de suite M. Beiling, je voulais parler de la crainte que j’avais qu’il ne restât quinze jours ou trois semaines à Paris. Que Soeur Marie-Louise ne s’inquiète donc pas à ce sujet; son frère sera reçu ici à bras ouverts. Malheureusement, je vais être obligé de faire une course de quelques jours, mais je laisserai de si bonnes recommandations qu’il sera parfaitement reçu. Par exemple, il sera obligé de coucher au dortoir, parce que toutes les chambres sont pour le moment occupées; mais dans quelque temps nous y mettrons ordre. Si les deux Allemands vont bien ensemble, je m’arrangerai peut-être pour leur donner une chambre commune, car nous sommes un peu à l’étroit. Je vous promets de tenir compte de toutes vos observations. Ce que vous me dites relativement à sa mère me paraît tout simple, et je suis tout disposé, plus tard, à prendre l’arrangement que vous me proposez.

Nous sommes à dimanche matin, et M. Decker n’est pas encore arrivé. Je présume qu’il sera ici demain soir ou mardi matin. Si M. Beiling parle bien français, peut-être le mettrons-nous à professer la cinquième. Nous avons un bon professeur de quatrième. Je désire qu’il puisse se faire tout nôtre. Je vous assure que nos jeunes gens le recevront à merveille.

Notre petit peuple va toujours augmentant, quoique doucement. Je crois bien que cette année encore nous aurons un notable déficit. Mais qu’y faire? Quand on veut une chose, il faut la bien vouloir jusqu’au bout.

J’ai, moi, plusieurs choses à vous dire. Veuillez dire à ma Soeur Marie-Gonzague que j’ai dit ce matin la messe pour elle(2). Je m’en suis rapporté à Notre-Seigneur de ce qu’il voudrait lui accorder. Donnez-moi des nouvelles de cette chère enfant. Comment vous y prendrez-vous pour la transporter à Chaillot, si elle est si souffrante? Quand vos occupations vous le permettront, il faudra bien que vous me fassiez faire un cachet. Pour cela je m’en rapporte tout à fait à vous.

Savez-vous que ma robe de nuit me devient fort légère? Comme le service des domestiques n’est pas encore parfaitement organisé, c’est moi qui réveille les professeurs, et lorsque je suis avec ma robe de serge, je crains toujours de prendre mal. Vous me trouvez bien douillet, n’est-ce pas? Cependant, si Soeur Th[érèse]-Em[manuel] veut se mettre encore une fois à l’oeuvre pour me faire quelque chose d’une étoffe plus forte, je lui en serai très reconnaissant. On pourrait alors faire ouvrir la tunique par devant et laisser le capuchon attaché au corps du vêtement. Je m’affuble de mon costume ainsi tous les soirs, avant d’aller faire la visite des dortoirs. Les maîtres et les élèves qui sont encore réveillés s’y accoutument peu à peu. Je dis bien que ce n’est qu’un costume de nuit, mais peu à peu cependant je les accoutume par là au costume de jour.

Ce que vous me dites des Bénédictins, je le savais déjà; mais mon pauvre du Lac n’est pas homme à se décourager pour si peu. Ce sera pour lui, au contraire, un motif de s’attacher plus fortement encore à une maison qui passe par des épreuves connues de lui depuis longtemps. Il m’avouait pourtant que jamais il n’avait souffert comme la nuit où il fallut prendre une décision(3).

Adieu, ma bien chère enfant. Vous me faites du bien, quand vous me dites que vous me trouvez du bon vouloir pour vous. Il y a bien quelque chose de plus, mais il suffit que cela se comprenne. Adieu. Mille choses à toutes nos Soeurs.

Je pars après-demain pour Lavagnac, où je vais demander des écus. Si l’on m’en donne assez, nous partagerons. Mon Dieu! vous savez bien que nous partagerions, si vous le vouliez, même quand il y en aurait peu. Veuillez dire à Soeur Marie-Aug[ustine] que je commence à la trouver plutôt intéressante qu’amusante. C’est un progrès dans mon estime; il faut le lui expliquer.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir des extraits dans *Les origines de l'Assomption*, t. II, p. 359, et dans *Notes et Documents, t. III, p. 87.1. D'après une copie. Voir des extraits dans *Les origines de l'Assomption*, t. II, p. 359, et dans *Notes et Documents, t. III, p. 87.
2. Née à Paris en 1822, s'appelait dans le monde Constance Saint-Julien. Entrée chez les religieuses de l'Assomption le 16 mars 1840, elle prononça ses voeux perpétuels, le 15 août 1845, entre les mains de l'abbé d'Alzon. Elle était gravement malade de la fièvre typhoïde, au moment même ou la communauté s'apprêtait à se transporter rue Chaillot.
3. Par suite de leurs dettes, les Bénédictins venaient de fermer leur prieuré de Saint-Germain, à Paris, fondé en 1842 et dont Dom Pitra avait la direction, depuis le mois de février 1843.