Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 330

1864-apr-25 Nîmes Chigi Mgr

Surveillance postale – Transfert de documents par voie indirecte – Témoignage en faveur du curé de Clermont-l’Hérault – Le curé de Ceyras – L’enjeu d’un recours au Pape.

Informations générales
  • PM_XV_330
  • 2189 c
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 330
  • Orig. ms A.S.V. Arch. Nunz. di Parigi, CMC 5 foglio 182-183. ARC Photoc. BG 229.
Informations détaillées
  • ** Aucun descripteur **
  • A MONSEIGNEUR FLAVIO CHIGI, NONCE A PARIS.
  • Chigi Mgr
  • Evêché de Nîmes, Nîmes le 25 avril 1864 (1).
  • 1864-apr-25
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Monseigneur,

Mes lettres subissent depuis quelque tem[p]s une telle surveillance à la poste, que j’ai dû prendre le parti de n’écrire pour les affaires sérieuses que par occasion; c’est ce qui m’a déterminé à vous faire parvenir un paquet relatif aux discussions de l’évêque de Montpellier par une voie indirecte sans que j’eusse le tem[p]s d’y joindre un mot pour votre Excellence.

Je tiens cependant à ajouter que le curé de Clermont-l’Hérault dont j’ai eu l’honneur d’envoyer le rapport à votre Excellence, est un très bon prêtre (2), connu pour sa timidité, et que, s’il a résisté aux sollicitations de son évêque, il faut que sa conscience eût crié bien fort pour l’alléger à pren- dre le parti de deux prêtres innocents (3).

Quant à l’abbé Artaud curé de Ceyras, je le connais depuis trente deux ans (4). C’est un véritable saint qui n’a qu’une seule chose en vue: la gloire de Dieu. Je crains que si le Pape ne fait pas quelque chose en faveur de ce pauvre clergé, la désaffection pour Rome ne vienne à la suite d’un es- poir déçu, d’une réparation nécessaire et non exigée.

Je suis avec un très profond respect. Monseigneur, de votre Excellence, le très humble et obéissant serviteur:

E. D'ALZON, v.g.
Notes et post-scriptum
(1) Cette lettre a été découverte trop tard, en novembre 2002, pour figurer dans ce volume XV à sa place normale. Nous lui avons cependant attribué sa numérotation d'insertion chronologique correspondante, car nous avons préféré l'adjoindre à ce volume XV de lettres complémentaires, malgré cet inconvénient d'un positionnement décalé dans ce volume, plutôt que d'attendre l'édition d'un hypothétique volume XVI!
(2) II s'agit d'un abbé Rastoul, curé doyen de Clermont-l'Hérault, blâmé par Mgr Lecourtier pour n'avoir pas signalé la présence de l'abbé Galeran à Ceyras en août 1862.
(3) II s'agit toujours des suites de l'affaire Galeran dans le diocèse de Montpellier. L'abbé Artaud, curé desservant remplaçant à Ceyras en 1862, subit aussi les foudres de Mgr Lecourtier. A cette époque, six chanoines du chapitre de Montpellier ont également fait appel au Nonce, Mgr Chigi, pour protester contre les mesures jugées discriminatoires de l'évêque et pour demander son remplacement sur le siège de Montpellier. Mgr Lecourtier va être acculé à une démission plus ou moins forcée qui sera effective en 1873. A partir de 1865, le gouvernement français qui jusque-là a soutenu l'évêque de Montpellier contre plusieurs frondes ecclésiastiques, a fait savoir, via la préfecture, qu'il renonçait à une cause devenue intenable. Aux Archives Secrètes du Vatican, le dossier Montpellier dans ces années-là est particulièrement nourri.
(4) L'abbé Jean-Piere Artaud aurait donc été condisciple d'Emmanuel d'Alzon, tous deux séminaristes à Montpellier dans les années 1832/1833.