Vailhé, LETTRES, vol.2, p.394

11 dec 1845 Nîmes, O_NEILL_THERESE Emmanuel ra

Il la remercie de l’envoi de l’habit religieux. -Questions à poser au P. Lacordaire sur des points de la vie religieuse. -Le noviciat commencera à Noël avec six novices. -Il lui donne toute autorité sur la santé de la Mère Eugénie. -Les postulantes partiront dans deux jours. -Il lui demande des nouvelles de son état intérieur.

Informations générales
  • V2-394
  • 0+435|CDXXXV
  • Vailhé, LETTRES, vol.2, p.394
Informations détaillées
  • 1 CAMAIL
    1 CEINTURE AUGUSTINIENNE
    1 CHEMIN DE FER
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 COUCHER
    1 GENESE DE LA FONDATION DES ASSOMPTIONNISTES
    1 HABIT RELIGIEUX
    1 NOEL
    1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
    1 POSTULANT
    1 PRUDENCE
    1 REGLES DES RELIGIEUX
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 REPOS
    1 SANTE
    1 SCAPULAIRE
    1 SOUFFRANCE
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 BOYER, MADAME EDOUARD
    2 CARBONNEL, MARIE-VINCENT
    2 LACORDAIRE, HENRI
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    3 LYON
    3 ORLEANS
    3 PARIS
  • A LA R. MERE THERESE-EMMANUEL O'NEILL (1).
  • O_NEILL_THERESE Emmanuel ra
  • le 11 décembre 1845.
  • 11 dec 1845
  • Nîmes,
La lettre

Je ne veux pas tarder un moment, ma chère fille, à vous remercier de la peine que vous a donnée mon habit, et de la bonne lettre qui en accompagne l’envoi. Prenez garde seulement. On profitera de vos offres plus que vous ne pensez, et puis, vous vous plaindrez de notre indiscrétion.

J’ai essayé l’habit; il relève un peu par le bas sur les côtés; il fait un peu poche par devant, mais je crois le tout très facile à arranger. Nos Messieurs le trouvent trop peu ample par le bas. Quand on ne porte pas de scapulaire, il faut un peu plus de largeur. L’ancien a près d’un mètre de plus. Quant au camail, il est parfait. Il faut bien un peu forcer pour que la tête puisse passer, mais je préfère l’ouverture ainsi fermée.

Maintenant, restera la grande question de savoir si nous le conserverons ainsi pour le jour. Puisque vous êtes si bien avec le P. Lacordaire, vous devriez bien savoir de lui: 1° s’il couche tout habillé; 2° s’il garde sa ceinture, comme il est prescrit aux Bénédictins; 3° s’il fait lui-même son lit, -moi, je vote pour qu’on le fasse à l’Assomption des hommes, comme à celle des femmes;- 4° si la règle fixe le temps du sommeil. Je n’ai pas vu cela dans leurs Constitutions, mais je pense qu’ils ont des déclarations particulières pour cette sorte de détails.

Nos Messieurs ont le plus grand désir de devenir religieux. Notre Mère a dû vous dire que nous commencerions la nuit de Noël à nous constituer en noviciat. Nous serons au moins six. C’est beaucoup et c’est bien peu. Je suis à cent lieues de notre Mère et je n’ai pas Soeur Thérèse-Emmanuel pour me soutenir et me conseiller. Enfin, Dieu y sera, il faut l’espérer. Notre noviciat sera long. Il nous faudra une grande prudence pour ne pas donner des soupçons et pour ne pas empêcher l’autorisation nécessaire; mais je ne suis pas précisément fâché d’avancer lentement, pourvu que nous n’ayons jamais à reculer. Priez bien Notre-Seigneur, ma chère fille, pour que tout ce que je vais faire soit pour lui, par lui et avec lui. Mon Dieu, ne suis-je pas bien insensé de me croire capable de pareilles entreprises?

Je vous remercie infiniment de ce que vous me dites au sujet de la santé de notre Mère. Veuillez lui dire, de ma part, que j’use du droit qu’elle m’a donné de transférer mon autorité à qui je voudrais, et que je vous la confie tout entière pour ce qui regarde sa santé. Ainsi elle aura à vous obéir sur ce chapitre avec la plus scrupuleuse ponctualité. Vous agirez avec toute la prudence et la charité nécessaires au bien de cette excellente Mère et de toute la maison.

Vendredi, 12.

J’écris toujours mes lettres par pièces et morceaux. On me dérange tellement à chaque instant que je suis forcé d’avoir toujours une lettre ou tout autre occupation interrompue. Pour cette fois, j’y ai gagné de savoir d’une manière positive l’heure de l’arrivée de nos jeunes postulantes. Elles partiront d’ici, après-demain dimanche, à 5 heures du soir, arriveront lundi soir à Lyon, y passeront vingt-quatre heures et arriveront à Paris jeudi soir par le dernier convoi du chemin de fer d’Orléans. Mme Boyer, je suis sûr, pourra se charger d’aller les attendre pour vous les conduire. J’ai déjà écrit à notre Mère ma manière de juger ces jeunes personnes. J’espère que vous en ferez quelque chose de bon et même de très bon, au moins pour quelques-unes. Je vous en prépare une pour les vacances, dont j’ai déjà parlé à notre Mère. Elle est bien un peu âgée, mais je découvre en elle tant de perfection, de vertu intérieure, d’esprit d’oraison, que j’espère que vous me remercierez de l’avoir dirigée de votre côté(2).

Voilà la cloche qui m’appelle, ma chère enfant, et pourtant j’avais voulu réserver ma dernière page pour vous. Je voulais vous demander où vous en étiez. Quoique vous m’en disiez bien peu, vous ne pouvez trouver mauvais que je désire savoir si vous souffrez toujours comme autrefois. En disant, il y a quelques instants, la messe pour vous, je ne pouvais que demander à Dieu en général ce qui vous est nécessaire. Mon coeur de père eût été content de pouvoir faire porter mes prières sur quelque chose de spécial.

Adieu, ma bien chère enfant. Recommandez-moi aux prières de vos Soeurs, surtout pour la nuit de Noël, et croyez-moi tous les jours un peu plus vôtre en Notre-Seigneur.

E. d'Alzon.
Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir des extraits dans *Les origines de l'Assomption* t. II, p. 383 sq., 386, et dans *Notes et Documents*, t. III, p. 145 sq.1. D'après une copie. Voir des extraits dans *Les origines de l'Assomption* t. II, p. 383 sq., 386, et dans *Notes et Documents*, t. III, p. 145 sq.
2. Mlle Anaïs Carbonnel.