Vailhé, LETTRES, vol.2, p.409

19 dec 1845 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Decker veut partir, Beiling va mieux. -Les quatre postulantes.

Informations générales
  • V2-409
  • 0+439|CDXXXIX
  • Vailhé, LETTRES, vol.2, p.409
Informations détaillées
  • 1 DOT
    1 EMPLOIS
    1 MATIERES SCOLAIRES
    1 NOEL
    1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
    1 POSTULANT
    1 TRAITEMENTS
    2 BEILING, ADOLPHE
    2 DECKER, FRANCOIS-JOSEPH
    2 EVERLANGE, MARIE-EMMANUEL D'
    2 KAJZIEWICZ, JEROME
    3 PARIS
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 19 décembre 1845.
  • 19 dec 1845
  • Nîmes,
La lettre

Ma chère enfant,

Je n’ai qu’un moment, mais je veux vous parler d’une affaire qui deviendrait ennuyeuse, si je ne prenais mes précautions. Il s’agit de Decker. Il veut, à ce qu’il paraît, s’en aller. Par l’effet d’un malentendu, sur lequel il a refusé des explications, il a reçu 30 francs de moins que je ne lui avais promis, et(2) je ne suis pas allé m’informer si on avait placé un portemanteau dans sa chambre. On est resté quelque temps sans l’y mettre. Ces deux griefs énormes -il n’y en a pas d’autres,- eussent pu disparaître, s’il eût dit deux mots. Il a préféré se livrer à son humeur noire, dire qu’à Paris il gagnait 600 francs par mois et déclarer qu’il n’avait confiance en personne dans la maison. Je lui ai fait quelques avances, auxquelles il n’a pas répondu. Enfin, il vient d’écrire à M. Kaiczewicz, ou lui écrira au plus tôt pour le prier de lui trouver une place. Outre les 600 francs qu’il gagne ici, je lui ai donné déjà 200 francs de gratifications, pour qu’il pût envoyer quelque chose à ses parents. Je lui ai annoncé que, si je pouvais, je lui donnerais encore quelque chose. Il gagne assez d’argent avec ses répétitions: 300 ou 400 francs. Je ne le trouve pas très malheureux. S’il part, je ne le retiendrai pas, parce qu’il n’est pas fort pour le français et que j’ai tous les jours quelques doutes de plus sur sa science germanique. Cependant, je serai bon avec lui. Avant-hier, je lui donnai un petit souvenir, avec ces mots: Ubi Christus ibi patria. Hier, je lui ai fait dire que j’avais dit la messe pour Adolphe et pour lui. Mais son caractère tudesque refuse de se dérider. Pourriez-vous, au cas où cet honnête garçon, après avoir repris ici la plus belle santé qu’on puisse voir, voudrait s’en retourner, pourriez-vous nous procurer un professeur de sixième?

Ceci est le motif de ma hâte à vous écrire. Cependant, il est possible qu’il change d’avis; mais je ne veux pas être pris au dépourvu. Beiling va mieux. Il est venu me trouver pour me dire qu’il était un homme consciencieux, qu’il ne voulait pas manger de l’argent sans le gagner. Il m’a prié de l’employer à ce que je voudrais. Nous sommes, pour le moment, très bien ensemble. Cela durera-t-il? Je vous promets d’y mettre du mien.

A cette heure, nos filles sont chez vous. Qu’en dites-vous.? Croyez-vous qu’elles puissent vous convenir? Ce sera probablement le jour de Noël, à 7 heures, que nous inaugurerons notre noviciat. Je vous écrirai demain, dès que j’aurai quelque chose de plus précis.

Je vous demande pardon de ma tache d’encre. J’ai reçu 2800 francs pour acompte de la dot de Mlle d’Everlange.

Adieu. Tout à vous en Notre-Seigneur.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie.
2. Le manuscrit porte: "et parce que je ne suis pas allé...."