Vailhé, LETTRES, vol.2, p.413

23 dec 1845 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Nouvelles de Beiling et de deux autres personnes. -Il a reçu un chapelet qu’il soupçonne venir d’elle. -Nouveau règlement quotidien des maîtres de la maison. -Le noviciat s’ouvrira la nuit de Noël. -Intentions de ses messes pour ce jour-là et les jours suivants. -Nouvelles diverses. -Il désire aller à Paris pour trouver quelqu’un qui le remplacerait et pour s’occuper ensuite des Constitutions.

Informations générales
  • V2-413
  • 0+441|CDXLI
  • Vailhé, LETTRES, vol.2, p.413
Informations détaillées
  • 1 ADOLESCENTS
    1 ALLEMANDS
    1 CELLULE
    1 CHAPELET
    1 COLERE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 CONSTITUTIONS DES ASSOMPTIONNISTES
    1 LEVER
    1 MALADES
    1 MATIERES DE L'ENSEIGNEMENT ECCLESIASTIQUE
    1 MESSE DE MINUIT
    1 MUSIQUE
    1 NOEL
    1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
    1 NUTRITION
    1 OLIVES
    1 PENSIONS
    1 PREDICATIONS DE CAREME
    1 REGLEMENT DE VIE DU P. D'ALZON 1845
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 REPAS
    1 SACERDOCE
    1 TIERS-ORDRES
    1 TRAVAIL DE L'ETUDE
    1 VETEMENT
    2 ALZON, AUGUSTINE D'
    2 BEILING, ADOLPHE
    2 BEILING, MARIE-LOUISE
    2 BEVIER, MARIE-AUGUSTINE
    2 BOUSSINET, ROCH-MARIE
    2 BOYER, MADAME EDOUARD
    2 CARDENNE, VICTOR
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 CROY, MADAME DE
    2 DECKER, FRANCOIS-JOSEPH
    2 DESGENETTES, CHARLES-ELEONORE
    2 ETIENNE, SAINT
    2 GOUBIER, VITAL-GUSTAVE
    2 GRATRY, ALPHONSE
    2 INNOCENTS, SAINTS
    2 JEAN, SAINT
    2 SAINT-JULIEN, MARIE-GONZAGUE
    2 SAUVAGE, EUGENE-LOUIS
    2 SAUVEBOEUF, MADAME DE
    3 NIMES
    3 PARIS
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS(1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 23 décembre 1845.
  • 23 dec 1845
  • Nîmes,
La lettre

Ma lettre ne partira que demain. Mai demain, veille de Noël aurai-je le temps de vous écrire? Très sûrement non. Comme je suis censé malade et que ces jours-ci je me suis levé tard, qu’il m’a fallu faire la visite des Carmélites, je vais profiter du temps où l’on soupe pour vous dire quelques mots bien à la hâte, mais vous me pardonnerez.

1° Beiling va mieux, depuis quelque temps. Il pourra être prêtre, s’il le veut, mais il faut qu’il le veuille sérieusement. Or, je doute qu’il le veuille. Il voit le sacerdoce comme un état, rien de plus. Je crois pourtant que j’ai dissipé quelques idées là-dessus, mais la vocation en a été ébranlée. Puis, il ne serait prêtre que dans quatre ou cinq ans, et, pour étudier la théologie, à moins de renoncer à son traitement, il lui faudra sept à huit ans. Pour le faire avancer, il faudrait qu’il se donnât à l’oeuvre, parce qu’alors je ne regarderais pas aux dépenses; mais je ne me sens pas le courage de le faire étudier pour le renvoyer chez lui, s’il ne doit nous être d’aucune utilité. Je lui ai tracé un plan d’études religieuses, mais, quoique avec de la mémoire, il étudie peu et fait de la musique toute la journée. Sa chambre n’est pas brillante, M. Sauvage s’en contente. M. Cardenne m’a offert de lui donner la sienne, qui est plus confortable; je n’ai pas voulu, parce qu’en dernière analyse la mienne est dix fois plus mal. Cependant, je ne désespère pas. Veuillez dire à sa soeur qu’elle est bien réellement ma fille, et que je ferai à son frère tout le bien que je pourrai, à cause d’elle.

2° Mme de Croy est arrivée aujourd’hui. Elle nous a laissé son aîné, a gardé pour ce soir le plus petit. Nous aimons déjà beaucoup ses enfants. Elle a demandé un appartement,dans la maison; avec la meilleure volonté du monde, je ne puis accéder à cette demande.

Veuillez dire à Mme de Sauveboeuf(2) que j’aurai l’honneur de lui répondre après demain par une dame qui part pour Paris. Veuillez lui dire aussi que la pension pour deux frères n’est que de 650 francs. Je n’en ai pas dit un mot à la mère. Veut-elle que les 50 francs en sus soient employés en petits soins que l’on donne aux enfants, comme du lait pour leur déjeuner, fruits pour le goûter, choses dont la maison ne se charge pas ordinairement, mais que nous prendrons sur nous pour ses petits choux? Les professeurs allemands, M. Decker surtout, leur ont fait bon accueil. Espérons qu’ils se trouveront bien.

J’ai reçu de Mme Boyer un chapelet, que je soupçonne très fort être le vôtre. J’en serais bien content, je vous assure, et cette nécessité que j’ai de donner ce à quoi je tiens ne s’étend pas, pour le moment, jusqu’à cet objet. Je me rappelle seulement les olives, que je vous ai promises et auxquelles je tâcherai de songer. J’y ai déjà pensé et je me suis informé d’un homme qui vend des noyaux en quantité.

Le col a une assez bonne forme, mais il est beaucoup trop grand pour pouvoir être porté. Je me contente de mes cravates de flanelle qui vont assez bien. Depuis hier, il y a eu modification dans notre règlement. Nous ne faisons qu’un quart d’heure d’oraison avant souper et nous disons Matines à 9 h. 1/4. Notre office du soir ne dure jamais plus de demi-heure. On peut être couché à 10 heures, et, en se levant à 5 h. moins 1/4, on a sept heures moins un quart de sommeil; ce qui est assez pour des hommes. Je n’ose pas imposer la demi-heure d’oraison le soir, parce que pour le moment, nos gens sont écrasés d’ouvrage et que leurs récréations se réduisent à presque rien.

Nous commençons demain soir le noviciat. Je regrette de ne pas vous en avoir prévenue plus tôt, mais il m’est impossible de vous dire combien de fois j’ai voulu prendre la plume et j’en ai été empêché. Ce sera à la messe de 7 heures que nous nous réunirons, parce que la veille tous auront voulu dire la messe à minuit. Ma première messe sera pour l’Assomption de Paris, ma seconde pour l’Assomption de Nîmes, la troisième pour mes enfants du pensionnat. Je donnerai à Soeur Marie-Louise ma messe du jour de Saint-Etienne, et au Tiers- Ordre celle du jour de Saint-Jean. Si je n’étais résolu à ne plus parler que sérieusement à Soeur Marie-Augustine, je lui proposerais celle des Saints-Innocents. Dites à la bonne Soeur Marie-Gonzague que sa lettre m’a fait un plaisir extrême, mais que je prends acte de ses promesses.

Le vrai motif pour lequel ma soeur ne va pas vous voir, c’est la timidité. N’en cherchez pas d’autre que celui-là. La bonne Mme Boyer est arrivée ici, où l’attend un orage d’amitié jalouse, suscité par votre aimable personne. Vous doutiez-vous d’exciter des tempêtes si loin, chez des inconnues? Monseigneur de Nîmes me refusera probablement pour le Carême. Si M. Desgenettes me veut, il faut qu’il se fâche et dise qu’il n’a plus personne pour me remplacer: autrement, il peut compter sur un refus, qui, du reste, ne partira de Nîmes qu’à la fin de la semaine prochaine.

M. Boussinet m’a écrit une lettre dont je suis content, mais je vois qu’il tient de Gratry par la proposition qu’il me fait de relever l’Oratoire. Ce que je demande à Dieu dans toutes mes prières, c’est un remplaçant pour le régime de la maison. M. Goubier, qui me reprochait de ne pas me livrer assez, voit à la manière dont je vais que je me livre trop à tous les détails et que j’ai besoin de m’enfermer pour travailler aux Constitutions. Mais je ne puis guère le faire que quand j’aurai quelqu’un, et c’est pourquoi je voudrais beaucoup aller à Paris pour voir si je ne rencontrerais pas ce quelqu’un, tel que je le rêve.

Adieu, ma fille. Il faut que demain je dise ma messe avant 5 heures. Je la dirai pour vous. Je ne me relis pas. J’aurais mille choses à ajouter, mais il faut être raisonnable. Mille choses à mes chères Nîmoises. Je ne leur dis rien, parce que le temps me manque.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir des extraits dans *Les origines de l'Assomption* t. II p. 391 sq., et dans *Notes et Documents*, t. III, p. 147 sq., 302.1. D'après une copie. Voir des extraits dans *Les origines de l'Assomption* t. II p. 391 sq., et dans *Notes et Documents*, t. III, p. 147 sq., 302.
2. Cette dame était la soeur de Mme de Croy.