- V3-008
- 0+447|CDXLVII
- Vailhé, LETTRES, vol.3, p.8
- 1 CAREME
1 CELLULE
1 GENEROSITE
1 JEUNE CORPOREL
1 MAITRE DES NOVICES ASSOMPTIONNISTE
1 MORTIFICATION CORPORELLE
1 NOVICES ASSOMPTIONNISTES
1 RECITATION DE L'OFFICE
1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
1 TRAVAIL MANUEL
1 UNION A JESUS-CHRIST
1 VENERATION DES IMAGES SAINTES
1 VIE RELIGIEUSE
2 MILLERET, MARIE-EUGENIE - A LA SOEUR MARIE-AUGUSTINE BEVIER (1).
- BEVIER Marie-Augustine ra
- le 5 janvier 1846.
- 5 jan 1846
- Nîmes,
J’ai écrit ce matin même à votre Mère ma chère fille, et il est trop tard aujourd’hui pour que cette lettre puisse partir; mais je veux au moins vous prouver ma bonne volonté et m’adresser à vous directement, pour vous relever de l’engagement que vous avez bien voulu prendre, par charité pour moi. Il me serait bien pénible de penser que ce que vous offrez à Dieu pour moi peut le moins du monde vous déranger de vos travaux; aussi tenez-vous pour bien et dûment dispensée du jeûne que vous avez bien voulu me promettre. Notre Mère me demande un échange, en votre nom. Voilà mon embarras. Je voudrais vous proposer quelque chose qui en valût la peine, et, d’autre part, je voudrais que cela ne vous fatiguât pas trop, afin que la compassion que vous éprouvez pour mes besoins vous fît continuer votre aumône au delà du Carême. Aussi, après y avoir bien réfléchi, je préfère m’en rapporter complètement à votre générosité. Je sais que l’on obtient beaucoup de vous en vous prenant par ce côté. J’espère que ce changement de bonnes oeuvres à mon intention ne m’empêchera pas de garder l’image que vous m’aviez donnée comme gage de votre promesse. Je la regarde plusieurs fois par jour avec intention, en récitant mon office, et les pensées qu’elles me suggèrent sont toujours bonnes. Dieu veuille seulement que j’en profite!
Vous dirai-je que je me mets enfin à la vie pauvre, telle qu’il convient à un futur religieux? Depuis quelque temps, je faisais mon lit; mais, avant-hier, j’ai changé de cellule et je l’ai balayée, fort mal sans doute, mais de mon mieux. Aujourd’hui, j’ai fait placer des cruches et des seaux dans mon corridor, et les novices qui l’habitent ou l’habiteront avec moi s’efforceront de suivre les exemples que vous nous donnez depuis longtemps, en n’ayant d’autres domestiques que leurs doigts. Faut-il vous dire encore que ces pauvres doigts m’inspirent une compassion infinie? Lorsque j’arrange mes couvertures sous ma paillasse, j’ai le talent de les écorcher. Apprenez-moi donc comment vous vous y prenez pour ne pas trop vous abîmer.
Quoique je ne sois pas assuré que tous mes novices me resteront, je ne puis m’empêcher d’être très édifié de leur ferveur; elle me fait souvent rentrer en moi-même. Leur souplesse, leur obéissance, leur bonne volonté m’édifient extrêmement, et la seule chose qui m’étonne, c’est que la Providence ait arrangé les événements pour que je fusse le pilote d’une pareille embarcation.
La suspension de vos jeûnes pour moi ne suspendra pas mes prières pour vous, ma chère enfant. Je demanderai du fond du coeur à Dieu que votre vocation se réalise tout entière, et que par vos grands et généreux efforts vous puissiez acquérir tout ce que vous n’avez pas encore. Votre oeuvre, je devrais dire notre oeuvre, me devient de plus en plus chère. A mesure que je m’efforce de réaliser parmi les miens ce que j’ai vu parmi vous, il me semble que la communauté d’idées resserre cette société de sentiments qui remontent, de votre côté et du nôtre, jusqu’à leur source commune qui est le coeur de Jésus-Christ. C’est là, ma chère fille, que je vous demande d’aller déposer vos prières et vos bonnes oeuvres pour moi. C’est là que je trouverai de quoi payer toutes les dettes que votre charité me fait contracter envers vous.
Tout vôtre en Notre-Seigneur.