Vailhé, LETTRES, vol.3, p.28

31 jan 1846 [Nîmes], MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Les impressions signalées sont de Dieu. -A titre d’épouse du Fils de Dieu, elle doit être reine et ouvrière. -Pour lui, il est l’ami de l’Epoux. -Nouvelles diverses.

Informations générales
  • V3-028
  • 0+452|CDLII
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.28
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE DIEU DANS L'AME
    1 CRUCIFIX
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 FIDELITE
    1 JOIE
    1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 OBEISSANCE DE JESUS-CHRIST
    1 RECONNAISSANCE
    1 REFORME DU CARACTERE
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    2 BEVIER, MARIE-AUGUSTINE
    2 CARBONNEL, MARIE-VINCENT
    2 SAINT-JULIEN, MARIE-GONZAGUE
    3 NAZARETH
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 31 janvier 1846.
  • 31 jan 1846
  • [Nîmes],
La lettre

Je n’ai qu’une minute à moi, ma chère fille, et ma plume sera bien réellement le calamus scribae velociter scribentis(2). Je veux cependant vous dire, tout de suite, toute la joie que me cause votre lettre que j’ai reçue hier (3). Je la garderai comme une de celles qui feront époque dans notre correspondance. J’ai seulement quelques observations a vous faire. Premièrement et avant tout, il faut absolument vous abandonner à ces impressions. Très certainement, elles sont de Dieu. A quel degré? C’est ce qu’on peut examiner, mais très positivement le principe en est surnaturel. N’examinez pas trop en quoi ni comment cela est pour vous une inutile curiosité. Je crois que ceci est mon affaire et que, si je suis pour vous le représentant de Dieu, je n’ai qu’à vous dire: « Dieu est là. » Le mode de sa présence doit peu vous importer. Toutefois, je ne vous refuse pas les explications, si vous croyez qu’elles puissent dilater votre coeur envers Jésus-Christ.

En second lieu, remarquez que c’est dans l’accomplissement d’un acte d’obéissance que la paix a été faite entre Notre-Seigneur et vous.

Troisièmement, j’entre très fort dans la pensée que vous ne sauriez être chien envers Notre-Seigneur, et, dès lors, je vous permets d’être envers moi ce que vous voudrez qui vous rendra plus unie à lui. Je n’ai plus à demander ni à refuser à cet égard, puisqu’il paraît vouloir lui-même reprendre son empire tout entier sur vous.

Quatrièmement enfin, voyez à quelle fidélité vous vous êtes désormais astreinte et combien il vous est nécessaire d’entrer dans ce recueillement interne dont vous me parlez. Oui, ma bonne fille, vous êtes faite pour être l’épouse bien-aimée du Fils de Dieu; mais, pour paraître en sa présence, voyez de quel éclat, de quelle perfection votre âme doit être ornée, non pas de son fond, mais du fond que lui communiquera le pauvre ouvrier de Nazareth. Soyez donc reine, et, en même, temps, ouvrière: ouvrière, quand vous travaillez pour votre époux et avec lui; reine, dans vos communications intimes avec lui; ou, plutôt, alors ne vous occupez plus de ce que vous êtes, puisque dans de pareils moments ce que vous êtes est son affaire, qu’il peut faire de vous tout ce qui lui plaît, sans que personne, vous surtout, ait le droit de lui dire: « Pourquoi agissez-vous ainsi? »

Je ne puis assez vous exprimer le bonheur que me fait éprouver cette disposition de votre âme pour notre divin Maître. Que voulez-vous, ma fille, que je fasse pour l’en remercier? Vous me demandez qui donc je suis. Mais je crois pouvoir le dire: Amicus sponsi(4), et, par conséquent, chargé de veiller à ses intérêts. Oh! s’il m’était donné de me rendre le témoignage que j’ai aidé à procurer à son épouse un ornement de plus! Je vous conjure, ma chère enfant, de me tenir au courant de tout ce que Notre-Seigneur demandera de vous. N’observez-vous pas comme ce qu’il y a de fier et de princier dans votre caractère se transforme sous la main de Notre-Seigneur? Il y aurait là, je crois, bien des choses à dire, mais nous y reviendrons. Cette disposition de votre âme ainsi renouvelée me paraît une des choses les plus avantageuses pour l’oeuvre, car Dieu se sert de tout pour arriver à ses fins, et, quand il a enlevé d’un caractère son indépendance naturelle pour lui communiquer une liberté divine, si ce caractère a du ressort, il peut être un instrument admirable pour agir sur les autres.

J’ai reçu hier un paquet énorme de lettres. Le crucifix est charmant. J’apporterai les prospectus à mon prochain voyage. Remerciez Soeur Marie-Aug[ustine] de sa magnifique dissertation; je n’ai pas voulu en profiter seul, et ceux à qui je l’ai communiquée ont été de son avis. Dites à votre chère petite secrétaire(5) que les ennuyeux abondent malheureusement partout, mais qu’il n’appartient qu’à son humilité de se ranger dans une classe, il est vrai, si nombreuse. Il me semble que nous n’en sommes plus là ensemble.

Adieu, chère enfant. Voici la lettre de Mlle Carbonnel, que j’ai oubliée la dernière fois. Plus que jamais à vous en Notre-Seigneur.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir *Les origines de l'Assomption*, t. II. p. 450 sq.1. D'après une copie. Voir *Les origines de l'Assomption*, t. II. p. 450 sq.
3. Lettre datée du 25 janvier et que nous avons encore.
5. La Soeur Marie-Gonzague, dont le P. d'Alzon avait reçu les voeux perpétuels, le 15 août 1845.2. *Ps*. XLIV, 2.
4. *Ioan*. III, 29.