Vailhé, LETTRES, vol.3, p.36

11 feb 1846 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il arrivera à Paris dans quinze jours. -Méthodes anciennes et méthodes nouvelles de grammaire. -Il vaut mieux attendre pour le déménagement. -Argent en perspective. -Ses dispositions intérieures actuelles.

Informations générales
  • V3-036
  • 0+455|CDLV
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.36
Informations détaillées
  • 1 BIENS IMMEUBLES
    1 ENSEIGNEMENT
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 LIVRES
    1 MERCREDI DES CENDRES
    1 ORAISON
    1 PARESSE
    1 PENITENCES
    1 SAINTE COMMUNION
    1 SALUT DES AMES
    1 SUBSIDES
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    1 VIE SPIRITUELLE
    1 VOYAGES
    2 ALZON, AUGUSTINE D'
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 BERULLE, PIERRE DE
    2 EVERLANGE, MARIE-EMMANUEL D'
    2 FRANCHESSIN, ERNEST DE
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 GIRARD, GR.
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
    2 SAINT-JULIEN, MARIE-GONZAGUE
    2 TISSOT, PAUL-ELPHEGE
    3 PARIS
    3 PARIS, CHAILLOT
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 11 février 1846.
  • 11 feb 1846
  • Nîmes,
La lettre

Vous avez raison, ma chère enfant, la pensée que nous nous reverrons bientôt me rend paresseux. Vous ai-je dit que je serai à Paris le mercredi des Cendres? Il faudra de bien grandes raisons pour que je n’aille pas vous voir aussitôt, et ces raisons, je ne les prévois pas. Je resterai la matinée avec ma mère et mes soeurs, et puis, je viendrai savoir comment vous allez. Figurez-vous que ce sera dans quinze jours! J’arrive avec une grande impression de l’union où je dois entrer avec Notre-Seigneur dans son amour pour les âmes. C’est une impression dont j’avais eu l’idée, mais non le sentiment, au degré où je l’ai depuis quelque temps. Priez pour moi, afin qu’il se fortifie, car je sens fort bien que c’est un point essentiel pour moi. Il me semble que cette vue des rapports entre Jésus-Christ et les âmes, comme mobile de la conduite de ceux qui se dévouent au salut de leurs frères, est une excellente disposition. Je voudrais bien m’y maintenir.

M. Tissot vous remercie beaucoup de ce que vous voulez bien lui promettre, au sujet de la méthode du P. Girard appliquée au latin; je suis convaincu qu’il saura en tirer un bon parti. M. Durand, notre préfet des études, croit comme vous que l’enseignement des anciennes règles est toujours nécessaire, parce que les professeurs de méthodes nouvelles, dans les premières applications de leurs systèmes, ne s’aperçoivent pas assez que leurs élèves ont reçu les premiers principes des anciennes méthodes. Lorsque, ensuite, il faut travailler sur un fond entièrement neuf on est tout surpris de ne pas obtenir les mêmes résultats.

12 février.

Je reçois une nouvelle lettre de vous, ma chère enfant, et j’espère bien qu’au 9 mars vous aurez 9000 francs. La proposition que vous fait M. de Franchessin me paraît admirable; mais si, comme vous le dites, les terrains augmentent tous les jours de valeur, je ne vois pas que vous risquiez grand’chose à attendre quelque temps encore, puisque vous avez la certitude de pouvoir vous débarrasser de votre propriété d’une manière avantageuse, dès que vous le voudrez. La peine d’un déménagement sera bien quelque chose, il est vrai, mais enfin un bénéfice aussi net me paraît une grande compensation. Toutefois, je ne pense pas que vous deviez vous en préoccuper d’ici à quelques années; des déplacements trop multipliés vous nuiraient aux yeux du public et aussi peut-être feraient tort à l’esprit religieux de vos filles. Ce que vous m’avez dit de l’effet produit par votre translation à Chaillot me semble très propre à vous faire tenir sur vos gardes relativement à ces petits échecs, qui, trop multipliés, finiraient par avoir de graves résultats.

14 février.

Peut-être cette lettre partira-t-elle enfin aujourd’hui. J’espère bien avoir, d’ici à peu de jours, vos 9000 francs; je n’y vois pas le moindre inconvénient. Peut-être même pourrai-je vous en procurer 18,000. On m’a parlé hier de cette somme, et, si je puis, je vous la ferai expédier au plus tôt. Ne vous tourmentez pas donc à cet égard:. 18,000 francs d’une part et les 3000 de Mlle d’Everlange feraient bien 21,000. Je vais faire tout mon possible pour arranger cette affaire.

Vraiment, je voudrais vous parler de bien des choses, mais la pensée de mon départ fait que je suis occupé d’une foule d’embarras. Je dois vous dire cependant que j’ai été, depuis quelques jours, très impressionné de trois pensées principales:

1° Il me semble que j’ai mieux non seulement compris, mais senti ce qu’est la vie de foi;

2° Que j’ai eu une grande impression de la ressemblance où ceux qui doivent se dévouer au salut des âmes doivent se mettre à l’égard de Jésus-Christ sauvant les âmes: c’est un état de servitude, d’amour et d’autorité.

3° Je me suis trouvé tout porté à donner mon corps à Jésus-Christ, afin qu’il en fît un tel instrument de pénitence ou de sanctification qu’il voudrait. J’ai été quelquefois infidèle à cette disposition. Je tâcherai d’y rentrer, car elle m’est venue plusieurs fois pendant la messe, à la communion. Je suis plus facilement recueilli à l’oraison, sans grandes pensées, mais dans un état de donation absolue de tout mon être à Dieu. La disposition qui me porte à imiter Notre-Seigneur dans ses relations avec les âmes m’est venue surtout après la lecture du Traité des devoirs des supérieurs de M. de Bérulle.

Mais je m’aperçois que je vous parle de moi quand je vous parle de vous. Quelquefois il me semble que c’est tout un. Aussi ne vous dirai-je rien autre, sinon qu’il faut vous en tenir à ma lettre datée, je crois, du 4, où je vous disais d’entrer pleinement dans les sentiments que vous m’aviez exposés.

Adieu, ma chère enfant. Il faut bien, malgré moi, que cette lettre soit courte. Que Notre-Seigneur vous soutienne et vous vivifie! Ce m’est une grande joie de penser que je serai à Paris avant quinze jours et que je vous verrai neuf jours après que vous aurez reçu cette lettre. Tout à vous en Notre-Seigneur.

Ma première lettre sera toute pour Soeur Marie-Gonzague.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. III, p. 306 sq., et *Les origines de l'Assomption*, t. II, p. 451 sq.1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. III, p. 306 sq., et *Les origines de l'Assomption*, t. II, p. 451 sq.