Vailhé, LETTRES, vol.3, p.41

10 mar 1846 Paris, CART Mgr

Nouvelles de son Carême. -Nouvelles épiscopales. -L’affaire du primicier de Saint-Denys et les craintes de Mgr Affre. -Nouvelles diverses.

Informations générales
  • V3-041
  • 0+457|CDLVII
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.41
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 CHANOINES
    1 DIGNITES ECCLESIASTIQUES
    1 EFFORT
    1 MINISTERE
    1 PREDICATION DE RETRAITES
    1 PREDICATIONS DE CAREME
    2 AFFRE, DENIS
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 BAUTAIN, LOUIS
    2 BLANQUART DE BAILLEUL, LOUIS
    2 CARNE, LOUIS-JOSEPH
    2 CHARAIX, CHARLES MORE DE
    2 DESGENETTES, CHARLES-ELEONORE
    2 FORNARI, RAFFAELE
    2 GINOULHIAC, JACQUES-MARIE-ACHILLE
    2 LOUIS-PHILIPPE Ier
    2 MARGUERYE, FREDERIC DE
    2 OLIVIER, NICOLAS-THEODORE
    2 PAVY, LOUIS-ANTOINE DE
    2 THIBAULT, CHARLES-THOMAS
    3 ALGER
    3 EVREUX
    3 PARIS
    3 PARIS, EGLISE NOTRE-DAME DES VICTOIRES
    3 PARIS, EGLISE SAINT-ROCH
    3 ROUEN
    3 SAINT-DENIS
    3 SAINT-FLOUR
  • A MONSEIGNEUR CART, EVEQUE DE NIMES (1).
  • CART Mgr
  • le 10 mars 1846.
  • 10 mar 1846
  • Paris,
La lettre

Monseigneur,

Je sais que vous êtes, en ce moment, dans les fatigues de votre retraite aux Dames de [la] Miséricorde. Je prie Dieu de tout mon coeur qu’il vous donne la puissance d’agir sur ces bonnes dames, afin que vous leur fassiez comprendre l’esprit chrétien, que la plupart ont si peu, et surtout que vous leur communiquiez l’énergie nécessaire pour arriver à un résultat pratique.

Depuis que je suis arrivé, j’ai eu bien de la peine à m’arranger au milieu de mes anciennes relations d’amitié et de mes obligations envers M. Desgenettes. Ce n’est pourtant pas ce dernier qui a souffert, puisque tous les matins je fais la méditation en chaire, excepté le dimanche, et je prêche tous les soirs, à 8 heures, excepté le samedi. On m’assure que je dois être content de mon auditoire de la semaine. Moi, je suis surpris qu’il faille que je sois content de si peu; cependant, il augmente tous les jours et, hier soir, l’église était presque pleine.

Voulez-vous des nouvelles, Monseigneur? En voici quelques-unes. Vous verrez dans le Correspondant quelques mots très forts contre la nomination de Mgr Pavy à l’évêché d’Alger; ils ont été écrits sur la demande du nonce. Avez-vous entendu parler d’un Mémoire, signé par tous les curés, moins un, de canton du diocèse d’Evreux contre M. Olivier? On l’accuse des fautes les plus graves(2). Mgr Thibault est allé le voir et a prêché, à Evreux, le panégyrique de M. Olivier(3). M. Olivier a prêché le panégyrique de M. Thibault, ce qui n’empêche pas que l’archevêque de Rouen et le nonce manifestent le mécontentement le plus vif contre l’ancien curé de Saint-Roch. On avait cru, un moment, qu’il donnerait sa démission; j’ai la preuve qu’il n’est pas en ce moment dans la disposition de la donner.

Autre chose, plus sérieuse selon quelques-uns. Le jour où j’allai me présenter chez l’archevêque de Paris, il me retint une grosse heure, pour me faire part des craintes qu’il avait au sujet de l’affaire du primicier de Saint-Denys. Il paraîtrait, d’après lui, que le primicier une fois installé, on l’autoriserait à donner des pouvoirs aux aumôniers des collèges, des hôpitaux militaires et de la marine; puis, on installerait un sous-primicier; ce serait M. Bautain, lequel formerait, à Saint-Denys, une Ecole normale de grands vicaires et d’évêques futurs. Tout cela, c’est le dire de l’archevêque. Il voulait que je vous en écrivisse et exigea que j’allasse chez lui, il y a huit jours. Il m’enferma dans son cabinet et me fit analyser un Mémoire, qu’il n’a pas encore publié et dont il menace le ministère, le jour où paraîtra le projet de loi nécessaire à l’approbation de la bulle d’institution de Saint-Denys en chapitre exempt. Je lui fis observer que, quant à la question d’exemption, je ne m’en mêlais pas; que, comme à lui, la nomination des aumôniers et l’établissement d’un sous-primicier me semblaient choses déplorables. Mais il paraît que ces dangers ne subsistent que dans la tête de l’archevêque, qui se fait des monstres par la peur qu’il a des exemptions. M. Ginouilhac, le nonce et l’évêque de Saint-Flour(4), qui a quitté Paris avant-hier, sont tout à fait de cet avis. Je crois que, malgré l’archevêque et M. de Carné, qui est tout à fait à la dévotion de M. Affre, la loi sera incessamment présentée. Louis-Philippe y tient d’une manière incroyable.

Ma mère a été extrêmement touchée de votre aimable souvenir et me charge de vous en remercier. L’abbé de Charraix, qui est là dans ma chambre, veut que je vous offre ses hommages respectueux. Veuillez agréer aussi, Monseigneur, l’expression de sentiments, qui chaque jour deviennent plus intimes et plus forts. L’horizon qui se déroule devant moi me fait donner un plus grand prix à l’amitié qui contredit quelquefois, parce qu’elle est sûre d’elle-même, et, pour ma part, j’apporte aussi plus de sérieux et d’énergie aux affections par lesquelles je crois que Dieu veut me soutenir et me fortifier.

Adieu, Monseigneur. Je prie souvent pour vous. Veuillez ne pas oublier un de vos plus tristes enfants.

E. d'Alzon.
Notes et post-scriptum
1. Voir des extraits dans *Notes et Documents*, t. III, p. 324-327.2. Né à Paris en 1798 et devenu curé de Saint-Roch, il refusa plusieurs évêché et accepta enfin, en 1841, le diocèse d'Evreux.
3. L'évêque de Montpellier était fixé à Paris avant son élévation à l'épiscopat et connaissait fort bien l'ancien curé de Saint-Roch.
4. Mgr Marguerye, plus tard transféré au siège d'Autun.