Vailhé, LETTRES, vol.3, p.54

2 may 1846 [Nîmes], MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Les fleurs de l’amitié. -Les heures de sommeil nécessaires à une religieuse. -Débuts de la visite canonique. -Amélioration chez un grand nombre d’enfants; quant aux maîtres, les prêtres regrettent la paroisse.

Informations générales
  • V3-054
  • 0+463|CDLXIII
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.54
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 EFFORT
    1 LIVRES
    1 NOVICES ASSOMPTIONNISTES
    1 ORAISON
    1 PAIX
    1 REPOS
    1 SANTE
    1 VIE DE PRIERE
    1 VIE RELIGIEUSE
    2 ATHANASE, SAINT
    2 CARBONNEL, MESDEMOISELLES
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 COMMARQUE, MARIE-THERESE DE
    2 DUBOSC, MADEMOISELLE
    2 HYACINTHE, SAINTE
    2 SURREL, FRANCOIS
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • 2 mai, *fête de saint Athanase*.
  • 2 may 1846
  • [Nîmes],
La lettre

Par quoi commencerai-je, aujourd’hui? J’ai reçu, hier, votre lettre. J’ai prié beaucoup pour vous et pour moi, à la messe. J’ai commencé ma visite.

J’ai reçu votre lettre, et elle m’a peiné. Vous n’êtes donc pas encore calme, ma chère enfant; cela me désole. Vous avez beau dire, je crains toujours d’y être pour quelque chose; ce que je ne veux absolument pas. Je comprends très bien comment il peut se faire que, sans le vouloir, vous subissiez certaines commotions, jusqu’à ce que vous vous soyez entièrement renouvelée dans l’énergie, que vous communiquera l’esprit surnaturel auquel vous tendez; mais, d’ici là, il faut que vous fassiez de grands efforts, et c’est la douleur même de ces efforts qui me peine. Enfin, ma chère enfant, un peu de courage! Ceci passera, je l’espère. Je vais tant le demander à Dieu qu’il faudra bien qu’il me l’accorde. Il y a, dans ce que vous me dites, des choses auxquelles je ne veux pas m’arrêter, parce qu’elles sont trop bonnes et qu’il faut toujours avoir bien soin d’offrir à Dieu les plus belles fleurs de l’amitié. Je crois que ce qui est le mieux, c’est de m’écrire souvent. Puisque nous devons penser ensemble pour l’oeuvre que nous entreprenons, vous penserez la plume à la main et je saurais le résultat de vos réflexions.

J’ai lu, hier, dans la Vie de sainte Hyacinthe Mariscotti, qu’elle voulait que les religieuses dormissent sept heures; elle ajoutait que longtemps elle avait prié Dieu d’être délivrée du besoin de sommeil, sans pouvoir l’obtenir. On ne dit pas si elle fut plus tard exaucée. Je vous rappelle ceci, à cause de ce que vous me dites relativement à votre santé. Puisque vous l’avez bonne maintenant, je veux que vous la conserviez; mais je veux aussi une grande exactitude à la règle et la plus grande application à faire parfaitement tout ce que la règle prescrit sur les articles du lever et du coucher.

Je vous félicite de bien employer vos conversations; je n’en suis pas encore assez là. Ne vous tracassez pas trop au sujet de l’humilité de votre amour; elle viendra en son temps. J’ai déjà répondu à ce que vous me dites de Mlle Dubosc.

Ce matin, j’ai beaucoup prié Notre-Seigneur. Il me semble souvent que j’ai l’impression de grâces plus grandes, qui me sont accordées ici. La pensée de ce que saint Athanase avait souffert pour l’Eglise m’a beaucoup fortifié. Il me semble que je suis bien résolu à m’abandonner tout entier à ce que Notre-Seigneur peut demander de moi. Du reste, je crois à présent être bien avec lui. Mon oraison est quelquefois involontairement distraite, mais il me semble que je m’y porte avec assez d’ardeur à ce que Notre-Seigneur peut demander de moi.

J’ai commencé la visite, et il me semble que, sauf les épines des dames C[arbonnel], les choses iraient assez bien. Il y a eu une petite discussion entre les prêtres et les laïques; d’où je conclus que peut-être lâcherai-je peu à peu les prêtres, sauf pour un ou deux emplois. Ce sera me donner une plus grande indépendance vis-à-vis de Monseigneur. Je ne les ferai ordonner, si je trouve des vocations, que lorsque je serai sûr qu’ils seront religieux. Ce sera, du reste, ce qui se fait dans les autres Ordres, où l’on n’élève au sacerdoce que lorsqu’on a fait les voeux.

Vous ai-je déjà dit qu’il y a eu amélioration certaine chez un grand nombre d’enfants? On s’est décidé à en renvoyer quelques-uns, contre lesquels j’étais déjà fortement prononcé. Tous les jours, je reçois des lettres qui réclament des places pour l’année prochaine. Je n’éprouve qu’un embarras, celui du local. Nous avons la certitude d’avoir au moins 70 pensionnaires l’année prochaine et, très probablement, 80. Si nous atteignons ce chiffre, toutes les dépenses seront payées par les recettes, mais alors se présentera l’embarras du local, car je crains bien que nous ne soyons bientôt trop à l’étroit. Voilà ce qui m’embarrasse assez considérablement.

J’en reviens à mes jeunes gens. Je suis assez convaincu que quelques-uns des prêtres regrettent la paroisse. Je vais leur mettre le marché en main dans quelques jours; ce sera un peu pénible, mais ce sera, je crois, avantageux. L’abbé Surrel devra probablement se retirer, qu’il le veuille ou non. Soeur Marie-Thérèse est un modèle de sacristine auprès de mon pauvre aumônier, que la sacristie regarde pourtant.

Adieu, ma chère enfant. Le temps passe avec une effrayante rapidité. Voilà cinq jours que je suis arrivé, plus de huit que je vous ai quittée. Oh! c’est épouvantable. Je m’occuperai de ce que vous m’avez chargé de dire aux parents de vos Nîmoises, mais le temps me presse. Adieu, chère enfant. Je n’ai pas le temps de me relire.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. III, p. 560 sq., 570. Nous avons supprimé la première partie de la lettre, datée du 30 avril, et qui ne contient que des nouvelles sans intérêt.1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. III, p. 560 sq., 570. Nous avons supprimé la première partie de la lettre, datée du 30 avril, et qui ne contient que des nouvelles sans intérêt.