Vailhé, LETTRES, vol.3, p.73

2 jul 1846 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Chagrin que lui cause la défection de plusieurs novices prêtres. -D’autres vocations s’offrent pour les remplacer. -Récente conversation avec l’évêque au sujet de l’oeuvre. -L’archevêque de Paris lui demande de se mettre à sa disposition. -Autres nouvelles.

Informations générales
  • V3-073
  • 0+469|CDLXIX
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.73
Informations détaillées
  • 1 DEFECTIONS DE RELIGIEUX
    1 DEGRES D'ENGAGEMENT RELIGIEUX
    1 NOVICES ASSOMPTIONNISTES
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 AFFRE, DENIS
    2 BLANCHET, ELZEAR-FERDINAND
    2 CARBONNEL, MESDEMOISELLES
    2 CARDENNE, VICTOR
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 HENRI, EUGENE-LOUIS
    2 HENRI, ISIDORE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 O'NEILL, THERESE-EMMANUEL
    2 PERROULAZ, ABBE
    2 SURREL, FRANCOIS
    3 FRIBOURG, SUISSE
    3 LYON
    3 PARIS
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 2 juillet 1846.
  • 2 jul 1846
  • Nîmes,
La lettre

Ma chère enfant,

J’ai bien prié, ces jours-ci, pour Soeur Th[érèse]-Em[manuel] et je vous avoue que je n’avais pas besoin de ce chagrin pour mettre le comble à la mesure. Cependant, je dois me hâter de vous dire que les choses commencent à s’arranger, mais qu’il m’a fallu subir quelques combats, qu’après tout je me suis passablement exagérés.

Vous me demandiez dans une de vos dernières lettres si je garderais tous mes prêtres, et je vous répondis que probablement ils me resteraient. L’abbé Laurent, qui m’avait dit le second dimanche de la Fête Dieu que désormais il était tout à l’oeuvre, vint m’annoncer le samedi suivant qu’il ne s’en sentait plus le courage. Il me proposa de le garder comme professeur l’année prochaine, et je lui dis que volontiers j’y consentirais, pourvu qu’il ne fit rien paraître de ses projets jusqu’à la fin de l’année classique. Il me le promit, et puis, dimanche matin, au lieu de venir au Chapitre, il alla avec tous les surveillants assister à la prière des enfants. Tous les maîtres virent aussitôt qu’il se séparait de nous.

Je soupçonnais que l’abbé Henri et l’abbé Surrel voulaient aller à Lyon, pour faire une retraite chez les Jésuites. Quoiqu’ils cachassent leur jeu, j’en ai acquis la certitude, sans qu’ils m’en aient encore rien dit. Avant-hier, M. Henri a voulu avoir une explication. Je la lui ai donnée assez péremptoire: je lui ai dit qu’après un an de réflexion il fallait qu’il se décidât, que je lui donnais trois mois pour prendre un parti. Il me répondit qu’il lui fallait plus de temps pour s’engager pour toute sa vie. Je lui fis observer que l’engagement définitif ne devant avoir lieu que dans trois ou quatre ans, ce que je demandais était plutôt la disposition à une préparation plus sérieuse. Il ne voulut pas me le promettre. Je lui donnai alors à entendre que je voulais cependant un parti positif, car l’année prochaine il me fallait des novices, et rien que des novices. Il me demanda si, dans le cas où il ne voudrait pas avancer, je ne le garderais pas. Je lui répondis que très positivement non. Cela parut le vexer beaucoup, mais je maintins mon dire, et hier, il est allé parler à Monseigneur. Je suis dans la ferme résolution de maintenir ce que j’ai avancé. On dira ce que l’on voudra: il en sera ainsi. Déjà Cardenne un abbé Blanchet me demandent depuis longtemps de s’associer à moi. Hier soir, le frère de l’abbé Henri me demandait de le recevoir malgré la défection de son frère. Vous voyez que je ne perds pas en nombre. L’abbé Surrel se tient coi; mais il me paraît, d’après ce que je vois, absolument dans les dispositions de l’abbé Henri. Lui, je n’ai pas à le ménager; je lui ai rendu service en le gardant dans la maison à une époque où certainement il avait grand besoin de repos.

Je dois vous dire que j’ai eu, avant-hier, une longue conversation avec Monseigneur. Je lui ai demandé ce qu’il pensait définitivement de l’oeuvre. Il m’a répondu qu’il voulait que je lui donnasse mes idées par écrit. Je le questionnai sur les voeux. Il me dit qu’il voulait que je ne disposasse pas de ses prêtres sans sa permission. Je lui dis que j’étais prêt à les lui rendre, mais ceci parut l’abasourdir assez passablement. Je lui demandai s’il était vrai qu’il eût dit qu’il voulait me briser. Il m’assura de la manière la plus forte qu’il n’y avait jamais pensé et que jamais rien de semblable n’avait pu sortir de sa bouche. Enfin, il fut convenu qu’il me laisserait faire sans m’autoriser. Il désire que je lui remette un rapport sur ce que je veux faire; je suis embarrassé pour ne dire ni trop ni trop peu.

Vous ai-je dit que l’archevêque de Paris m’avait écrit, pour me dire que ses affaires allaient tous les jours de mieux en mieux et me presser de me mettre le plus tôt possible à sa disposition? Je lui ai répondu, mais je suis tenté de lui écrire que, s’il veut s’aboucher avec vous il le peut sans difficulté, puisque vous avez le mot de tout ce que je désire faire(2). M. Perroulaz m’a aussi écrit; il est un peu embarrassé. On ne l’aime pas à Fribourg, de façon qu’il viendrait sans difficulté, si son caractère indécis ne le retenait là où il se trouve fort mal. J’oubliais de vous dire que l’affaire des dames Carbonnel prend une bonne tournure, mais le temps me manque pour vous raconter cela.

Adieu bien vite.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. III, p. 212, 391.1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. III, p. 212, 391.
2. Nous n'avons plus la réponse du P. d'Alzon et nous avons cité dans l'Avant-propos la lettre de Mgr Affre.