Vailhé, LETTRES, vol.3, p.94

21 jul 1846 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il désirerait qu’elle lui écrivît. -Nouvelles des postulants et des novices. -Nouvelles des postulantes. -Plan du futur collège. L’évêque de Nîmes se rendra à Paris. -A propos d’un orphelinat de garçons. -Autres nouvelles.

Informations générales
  • V3-094
  • 0+474|CDLXXIV
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.94
Informations détaillées
  • 1 BATIMENTS DES COLLEGES
    1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE PRETRE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 FRERES CONVERS
    1 MALADIES
    1 NOVICES ASSOMPTIONNISTES
    1 ORPHELINATS
    1 PROVIDENCE
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 REPOS
    1 VACANCES
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 BERGERET DE FROUVILLE
    2 BEVIER, MARIE-AUGUSTINE
    2 CARBONNEL, MARIE-VINCENT
    2 CARDENNE, VICTOR
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 CROY, MADAME DE
    2 CUSSE, RENE
    2 ESGRIGNY, MADEMOISELLE D'
    2 GAUME, JEAN-ALEXIS
    2 MONNIER, JULES
    2 MONTAUDON, NATHALIE
    2 O'NEILL, THERESE-EMMANUEL
    2 PRADEL, ABBE
    2 RAVIGNAN, GUSTAVE DE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 SAUVEBOEUF, MADAME DE
    2 SURREL, FRANCOIS
    2 VERDIER AYMARD
    3 BESANCON
    3 COURBESSAC
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 PARIS, EGLISE NOTRE-DAME DES VICTOIRES
    3 VENDOME
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 21 juillet 1846.
  • 21 jul 1846
  • Nîmes,
La lettre

J’attends avec grand plaisir en général vos rendements de compte, ma chère fille, parce qu’en général, vers les époques ou vous devez me les envoyer, vous me procurez le plaisir de recevoir plusieurs lettres de vous. Or, j’en ai passablement besoin par le temps qui court. Au milieu de tous mes tracas, de changements, de défections, etc., vous ne sauriez croire le bien que vous me faites, quand vous voulez. Mais laissons ce chapitre.

Vous avez donc vu Mme de Sauvebeuf. Veuilliez lui dire qu’elle ne se presse pas, que j’espère être payé par M. de Croy. Je l’ai vu aujourd’hui; il m’a promis de me faire un billet, et, s’il ne le paye pas, j’aurai recours à elle pour ce à quoi elle voudra s’engager.

Ne vous tracassez pas sur l’article de mon sommeil. Je vous assure que je sais très bien reprendre ce qui peut me manquer, et ces nuits ainsi passées reviennent trop rarement pour qu’il faille vous en préoccuper beaucoup. Le jour même où je venais de faire jeter ma longue lettre à la poste, j’en reçus une de M. Saugrain, où vous aviez ajouté quelques mots, et je me hâtai de lui répondre. Il ferait bien de partir le dimanche soir ou le lundi matin, afin de nous arriver plus tôt. En partant le lundi matin, 3 août, il peut être à Nîmes le mercredi soir; ce qui ferait parfaitement notre affaire.

Le pauvre M. Cusse est, en ce moment, sous le poids d’une tentation de tristesse. J’espère qu’elle passera; sans quoi, ce serait à n’y plus tenir. M. Surrel est toujours au même point. Quant à M. Cardenne, il est dans son lit avec une fluxion conditionnée sur les dents. Je crains qu’en somme sa santé ne soit pas très forte.

Mlle Anaïs est un peu sur la croix. Du reste, j’ai dans mon bureau une lettre d’elle pour vous qui partira avec celle-ci. Je suis tout heureux que mon pressentiment sur Soeur Th[érèse]-Em[manuel] se soit réalisé. Dieu vous la conserve longtemps! Nathalie M[ontaudon] ne viendra pas chez vous, parce que sa soeur ne le voudra pas, à moins qu’elle n’ait changé d’avis, après vous avoir vue un peu plus à l’aise, ce qui est fort possible. Cette enfant me paraît tous les jours un peu plus faite pour vous.

J’admire les raisonnements de certaines gens et même les vôtres, ma Révérende Mère, sur Mlle d’Esgr[igny]. Mais qui donc vous l’a fait connaître? Qui donc, les derniers jours de mon séjour à Paris, demandait à Dieu de vous la donner? Elle m’a, je me le rappelle fort bien, refusé de suivre ma décision sur sa vocation; mais c’est parce qu’elle avait peur que je ne la décidasse pour l’Assomption. Je me rappelle fort bien encore ce qu’elle m’a dit, à Notre-Dame des Victoires. Maintenant, je ne puis vous dissimuler qu’après avoir vu cette disposition irrésistible pour le Carmel qu’elle vous manifesta devant moi, quelques jours avant mon départ, je ne comprends pas trop qu’elle revienne à une autre pensée; ou bien elle ne sera pas plus solide que la première, et ni l’une ni l’autre ne le seront beaucoup. Car, de deux choses l’une: ou sa vision est vraie, et elle doit la suivre; ou c’est une pure imagination et une fille que son imagination meut à ce point-là me paraît un peu à surveiller, et de fort peu de fond.

Je viens de faire un plan pour notre future maison, qui est, je crois, tout ce que l’on pourra voir de plus commode. Il ne s’agirait que de l’exécuter. Si je puis négocier une affaire assez importante, j’aurai probablement la possibilité de le commencer bientôt. Je tâcherai de vous envoyer le plan par terre, par M. Monnier, avec une légende, et peut-être M. Verdier ou tout autre me l’arrangera-t-il. Du reste, je ne pense pas qu’il soit nécessaire de s’en inquiéter avant un an, et, dans un an, ainsi que Soeur Marie-Au[gustine] me l’a prescrit, je tâcherai d’aller passer mes vacances à Paris.

Vous ai-je dit que Monseigneur de Nîmes était à Besançon ou que, du moins, il y serait bientôt et que, de là, il irait presque certainement à Paris? L’engagerez-vous à aller chez vous voir ses diocésaines? Ce serait un bon tour d’engager M. Gaume à vous l’amener, pourvu que votre cher supérieur n’aille pas lui dire que je vous ai procuré de l’argent. Supposé qu’il vienne, je présume que vous le connaissez assez pour que je n’aie pas besoin de vous faire de recommandations sur son compte.

Et maintenant que je crois avoir répondu à votre lettre de point en point, laissez-moi vous dire qu’au-dessus de toutes les misères qui me submergent par moments, je trouve encore un sentiment plus fort, celui d’une absolue confiance en Dieu. Hier, je suis allé dire la messe à une providence, où quarante petits orphelins vivent du pain que Dieu leur envoie au jour le jour. La pensée de faire profiter une providence semblable de nos futurs bénéfices m’est venue(2). Ce serait plus facile qu’on ne croit, et ce serait une belle pépinière de Frères convers que l’on ne formera qu’ainsi. La maison des orphelins a commencé par la bonne volonté de quelques jeunes gens, qui n’avaient presque rien d’abord. Et pourtant, aujourd’hui, ils ont une maison à eux qui leur coûte une trentaine de mille francs; ils ont de quoi nourrir 40 petits pauvres et ils ne s’en tiendront pas là. Pourquoi ne pas se fier aussi à la Providence? Mais ce n’est pas seulement le côté matériel de l’oeuvre qu’il faut envisager, c’est aussi le côté surnaturel. Et ici, je me trouve tant de défauts, tant de reproches à m’adresser, que je ne sais vraiment comment m’expliquer cette fois le succès. Votre ami inconnu l’expliquera peut-être par ma tête ardente. C’est possible. Je vais me coucher.

Je garde cette fin de feuille, dans le cas où vous auriez eu la bonne pensée de m’écrire deux jours de suite.

J’avais très bien fait, je le vois, de ne pas fermer ma lettre, hier soir. Je reçois la vôtre si pressée.

1° Je n’ai pas encore vu Mlle d’Esgrigny, et Soeur Th[érèse]-Em[manuel] peut désormais être tranquille. Je suis enchanté que M. Saugrain parte le 2 août.

2° Veuillez faire dire à M. Bergeret, dont je ne trouve pas l’adresse, que je l’attends et que ce qu’il me disait de son impuissance à rien donner ne fera pas de difficulté.

3° J’accepte très volontiers le Frère convers dont vous me parlez. Qu’il arrive au plus tôt.

Je reçois une lettre de Vendôme, par laquelle M. l’abbé Pradel, qui y est professeur de troisième et qui m’avait été très recommandé par le P. de Ravignan, m’annonce qu’il viendra avec nous. J’avais oublié de vous parler de lui.

Adieu, ma chère fille. Je ferme bien vite ma lettre. Tout vôtre en Notre- Seigneur.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. III, p. 392, 535 sq.1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. III, p. 392, 535 sq.
2. Cette idée lui inspira la création d'une maison d'orphelines, qui débuta le 25 mars 1847, à Nîmes, non loin de la rue Guizot. L'orphelinat des garçons se trouvait au village de Courbessac, près de Nîmes, et dépendait de la Conférence de Saint-Vincent de Paul. D'après la procès-verbal de la réunion, le 3 mai 1846, une quête faite parmi les professeurs et les élèves de l'Assomption avait rapporté à l'orphelinat la somme de 163 fr. 50.