Vailhé, LETTRES, vol.3, p.120

4 sep 1846 Lavagnac, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Manière dont il entend employer ses vacances cette année-là et les années suivantes. -Elle devrait en faire autant, la faiblesse de son esprit disparaîtrait devant l’énergie de la grâce divine. -Qu’elle se mette généreusement dans la vie surnaturelle. -Lui agira de même et rétablira ainsi cette unité d’âme qui leur permettra de travailler au même bien. -Il a consulté Dieu par la Sainte Ecriture. -Nouvelles diverses.

Informations générales
  • V3-120
  • 0+482|CDLXXXII
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.120
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE DIEU DANS L'AME
    1 CONSTITUTIONS DES RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 DEVOTION A LA SAINTE VIERGE
    1 ETUDE DES PERFECTIONS DE JESUS-CHRIST
    1 FETE DE L'ASSOMPTION
    1 JESUS-CHRIST MODELE
    1 LACHETE
    1 LIVRES
    1 MAITRESSE DES NOVICES
    1 NATIVITE DE MARIE
    1 NOUVEAU TESTAMENT
    1 REPOS
    1 RETRAITE DES RELIGIEUX
    1 TIERS-ORDRE FEMININ
    1 UNION DES COEURS
    1 VACANCES
    1 VICAIRE GENERAL
    2 ALZON, AUGUSTINE D'
    2 FRANCOIS D'ASSISE, SAINT
    2 GABRIEL, JEAN-LOUIS
    2 JUDDE, CLAUDE
    2 MARTIN DE NOIRLIEU, NICOLAS
    2 O'NEILL, THERESE-EMMANUEL
    2 OLIER, JEAN-JACQUES
    2 PAUL, SAINT
    2 SEMENENKO, PIERRE
    3 NIMES
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 4 septembre 1846.
  • 4 sep 1846
  • Lavagnac,
La lettre

Votre lettre, ma chère enfant, m’a fait réfléchir plus que je ne pourrais vous dire, parce qu’elle a été pour moi l’expression de ce que j’éprouve, de mon côté, depuis quelque temps. Je vous avoue que je ne puis me rendre compte de ce qui se passe en moi. Il me paraît que je suis d’une lâcheté extrême et que j’aurais bien besoin de savoir de quelqu’un ce que j’ai à faire. Je me sens très fatigué et je crois, quelquefois, qu’il me, faut donner quelque chose au repos; d’autres fois aussi, je me reproche mes ménagements, car, lisant la vie de M. Olier et celle de saint François d’Assise, je ne vois rien qui ressemble le moins du monde à toutes ces commisérations. Or, voici à quoi je me suis résolu, c’est à prendre encore un peu de repos jusqu’au 8 septembre, jour de la Nativité de la Sainte Vierge, et de m’appliquer à prendre une vie nouvelle ce jour-là.

Il me paraît même que ce sera, pour d’autres années, ce que j’aurai de mieux à faire pour moi et pour les miens. La distribution des prix devant avoir lieu d’une manière à peu près irrévocable le lendemain de l’Assomption, on pourra donner des vacances aux religieux jusqu’à la Nativité, époque où nous tâcherons de placer notre retraite; il resterait ensuite un mois pour les études préparatoires. Remarquez toutefois que le P. Judde(2), dans ses « Avis aux maîtres », les engage à préparer les classes de l’année suivante avant la fin de l’année scolaire, afin de ne pas s’occuper d’études pendant tout le temps des vacances.

Mais j’en reviens à vous ou à moi, car ici c’est tout un. Eh bien! ma chère enfant, si vous faisiez ce que je me propose de faire, pensez-vous que ce serait plus mal? Dès lors, à partir du 8 septembre, vous vous remettriez bravement à votre règle, sans plus aucun ménagement, sauf les trois articles que vous m’avez spécifiés. Je crois que la confiance que nous aurons peut nous faire accomplir des prodiges. Mais voici ce que je tiens à vous faire observer. Cette impuissance naturelle, dont vous me parlez, doit vous être d’une très grande utilité pour vous faire voir comment vous devez entrer dans la correspondance aux secours surnaturels que Dieu vous donnera, si vous les lui demandez. Cette faiblesse de votre corps disparaîtra, non devant la puissance de votre volonté, mais devant l’énergie de la grâce divine qui veut absolument que vous deveniez bonne, mais qu’il n’y ait en cela rien du vôtre et tout de Dieu.

Mettez-vous donc généreusement dans la vie surnaturelle et dans les rapports surnaturels, en toute pratique extérieure et intérieure, et c’est à quoi vous servira merveilleusement la méditation des mystères de Notre-Seigneur, comme vous m’avez dit que vous vous y sentiez portée. Il faut beaucoup faire pour cela, parce que, si vous savez profiter utilement de tout ce que vous enseignera notre divin Maître, tout en vous sera renouvelé. Aussi ne suis-je nullement étonné de l’espèce d’horreur que vous me dites éprouver et qu’il faut absolument combattre, si vous êtes résolue à être en tout et pour tout fille de Notre-Seigneur ou plutôt sa vivante reproduction. Adressez-vous avec une grande foi à la Sainte Vierge et mettez-vous à renaître avec elle, le 8 septembre. C’est une pratique que j’ai vue dans M. Olier et qui me paraît très bonne.

Je vous prie d’observer que ce que je vous dis, je me le dis à moi-même, et c’est pour cela que je vous prie de me dire si vous le trouvez sage, afin que je puisse le réformer, si vous ne l’approuvez pas. Il me paraît quelquefois avantageux que Dieu, détruisant les différences qui peuvent subsister entre nous, nous conduise par les mêmes impulsions et les mêmes mouvements de grâce. Ce serait bien là le vrai moyen d’établir cette unité d’âme, sans laquelle nous ne pourrons pas faire le bien que nous avons cru pouvoir réaliser ensemble.

Pensez-vous donc que l’état de Soeur Th[érèse]-Em[manuel] doive se prolonger assez longtemps, pour que vous n’ayez pas à compter sur l’époque où elle reprendra ses fonctions de maîtresse des novices? Car je vois que vous êtes toujours chargée du noviciat. J’avais lu, ce matin, dans la Vie de saint François d’Assise qu’il consulta Dieu, avec ses deux premiers compagnons, pour savoir ce qu’il avait à faire. L’envie vient de me prendre, par rapport à vous, d’en faire autant, en lisant un passage du Nouveau Testament à livre ouvert. Je suis tombé, du premier coup, sur la fin du troisième chapitre de la 1re Epître aux Thessaloniciens et sur le commencement du quatrième. Si vous voulez en accepter l’augure? Le passage commence à ces mots: Quoniam nunc vivimus, si vos statis Deo, et finit par ceux-ci: Haec est enim voluntas Dei sanctificatio vestra.

Vous avez toute liberté de voir Semenenko, si vous le croyez utile à votre oraison. Veuillez dire à l’abbé Gabriel qu’il faut absolument qu’il m’accorde de ne commencer la retraite que le 18, ou plutôt le 17 au soir; sans quoi, il peut s’attendre qu’avec la meilleure volonté du monde les choses ne se passeront pas aussi bien que je le désirerais. Il aura après cela toute liberté pour régler, disposer, commencer et finir; sur ce point, il sera complètement le maître.

Veuillez me répondre au plus tôt à cette question: A quelle époque vos enfants rentreront-elles? J’ai une petite fille à vous envoyer; sa mère fait partie du Tiers-Ordre. Elle n’a pas inventé la poudre, mais elle a un si grand esprit de foi que je la crois très agréable à Dieu. Sa fille me fait l’effet d’avoir plus de moyens. Ma soeur aînée m’a parlé du désir d’être votre pensionnaire pour quelques mois. Supposé qu’elle exécutât ce projet: 1° En voudriez-vous; 2° faudrait-il qu’elle prévint un peu à l’avance pour les appartements? Si, par M. Gabriel, vous saviez que M. Martin de Noirlieu dût être évêque de Nîmes, j’espère que vous m’en préviendriez. A partir du 10 septembre, veuillez adresser de nouveau vos lettres à Nîmes. Savez-vous que je suis grandement tenté de donner ma démission de grand vicaire, si un nouvel évêque nous arrive, quel qu’il soit? Que me conseillez-vous à cet égard?

Adieu, chère fille. Que Notre-Seigneur vous donne un peu de cette joie que saint Paul souhaite aux Thessaloniciens!

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. III, p. 485, 564 sq.1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. III, p. 485, 564 sq.
2. Le P. Claude Judde, Jésuite, né à Rouen le 21 décembre 1661, mort à Paris le 11 mars 1735 ,est surtout connu par ses écrits ascétiques.