Vailhé, LETTRES, vol.3, p.134

25 sep 1846 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Ses dérangements perpétuels. -Remerciements pour l’accueil fait à Monnier. -Les reproches qu’elle lui adresse sont justes en partie. -Quand ils se connaîtront mieux avec leurs défauts, ils pourront travailler avec plus de ferveur à s’en corriger l’un l’autre. -La retraite commencera le 3 octobre -Nouvelles diverses.

Informations générales
  • V3-134
  • 0+488|CDLXXXVIII
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.134
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 DEFAUTS
    1 EXERCICES RELIGIEUX
    1 PAIX
    1 RECONNAISSANCE
    1 REFORME DU CARACTERE
    1 RETRAITE DES RELIGIEUX
    2 BEVIER, MARIE-AUGUSTINE
    2 DESHAYES, PHILIPPE
    2 GABRIEL, JEAN-LOUIS
    2 MONNIER, JULES
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 25 septembre 1846.
  • 25 sep 1846
  • Nîmes,
La lettre

J’ai vivement regretté, ma chère enfant, que le temps m’ait absolument manqué, ces derniers jours, pour vous écrire à l’aise et que j’aie eu aussi quelques mauvais moments. Lorsque j’avais l’âme pleine de bonnes choses, je trouvais toutes sortes d’obstacles à prendre la plume, et, quand je voulais la prendre, j’étais agacé. Si vous étiez en retraite, je ne vous parlerais que de vous, mais j’ai la peine de penser que vous n’aurez rien reçu de moi tous ces jours-ci.

Le 27.

Je profite d’une demi-heure qui m’est laissée, ce matin, pour vous dire combien je vous suis reconnaissant de l’accueil que vous avez fait à ce cher petit Monnier; il en est revenu tout embaumé. Sa première parole sur votre réception a été celle-ci: « C’est délicieux de fraternité. » Soeur Marie-Augustine a fait sur lui une impression dont je suis très édifié, non à cause de l’impression en elle-même, ni de celle qui la causait, mais parce que j’ai vu, de la part de ce cher enfant, une disposition d’humilité à prendre ce qu’il trouve autre que ses idées ordinaires.

Ne m’envoyez votre portrait qu’après le départ de l’abbé Gabriel; je craindrais quelque indiscrétion(2). Mais est-il ressemblant? Saugrain prétend que non.

Je désirerais bien tous ceux qui doivent arriver avant le 10 octobre. Je les aurais voulus pour la retraite, mais cela me paraît impossible; j’ai pourtant écrit à M. Philippe Deshayes en ce sens.

Ma chère enfant, votre longue lettre est parfaite, et j’en suis bien content. Les reproches que vous m’adressez me paraissent justes en partie. Je proteste seulement contre le sens à donner au mot égoïste, où je n’avais voulu parler que de quelque chose d’exclusif, comme je vous l’ai bien fait observer si souvent. Et vraiment, là, j’ai bien tort encore d’être surpris, car il est bien vrai que vous devez être exclusive et que, étant quelquefois surpris que vous le fussiez tant, je serais bien fâché que vous ne le fussiez pas. Je proteste également contre ce que vous dites de ces enivrements, dont je vous parlais. En mon âme et conscience, je crois qu’ils viennent moins de la vanité que de la reconnaissance; mais il est possible que je me trompe, car nous parons souvent les défauts que nous avons du nom de qualités que nous n’avons pas. Il me semble bien pourtant que ma fraternelle reconnaissance, pour tout ce que vous m’êtes, est en moi beaucoup plus forte que ma vanité, quelque grande qu’elle soit. Cependant, il faut le reconnaître, tout ceci a un but, une intention dans la volonté de Dieu, c’est que nous connaissant mieux avec nos défauts, nous puissions travailler avec plus de ferveur à nous en corriger l’un et l’autre, -c’est ainsi que notre amitié repose sur quelque chose de plus haut et de plus inébranlable que nous-mêmes;- c’est que nous revenions plus fortement au principe de toute véritable affection qui est Dieu. Ce m’est là une conviction profonde et dont les résultats seront utiles à vous et à moi. Aussi veux-je vous conjurer de prendre ainsi tout ce que je puis vous avoir fait de mal. Il me semble que, si vous voulez prendre occasion de toutes choses pour revenir à Dieu, il n’est pas de blessure que vous ne puissiez guérir.

Je prie Notre-Seigneur de vous donner une retraite féconde en bonnes dispositions; je lui demande surtout la paix pour votre pauvre coeur. Excusez-moi, si je m’arrête. Il faut que vous acceptiez mes bâtons rompus. Hier, je voulais vous écrire, avant de me coucher. Après l’office, je vis le moment où je m’endormirais dans mon cabinet, parce que je n’avais pas le courage d’aller chercher mon lit. Que ceci ne vous inquiète cependant pas; je vais à merveille et suis assez régulier pour mes exercices. Notre retraite commencera samedi, 3 octobre(3). Priez bien pour nous. Remerciez vos Soeurs de leurs images. Au milieu de mes distractions, je me repose bien souvent avec vous, quoique je n’aie pas le temps de vous le dire. Il me semble que j’agis plus sous l’action de Dieu, depuis quelque temps. Dieu veuille que cela dure et augmente!

Adieu. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir *Les origines de l'Assomption*, t. II, p. 499 sq.1. D'après une copie. Voir *Les origines de l'Assomption*, t. II, p. 499 sq.
2. Le portrait en petites dimensions que dessinait Imlé, le peintre verrier, dont quelques oeuvres se trouvaient dans notre chapelle de Livry.
3. Celles des maîtres du collège que lui-même prêcha.