Vailhé, LETTRES, vol.3, p.198

5 feb 1847 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Au sujet d’une postulante. -Pour le moment, sa communauté de Nîmes va bien. -La fermeture du collège de Montolieu est un nouveau motif de ne pas fermer son pensionnat de Nîmes. -Le P. Semenenko. -Il ne désire pas actuellement l’impression d’un Directoire. -Il n’aime pas dans une institution le genre Congrégation.

Informations générales
  • V3-198
  • 0+509|DIX
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.198
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE NIMES
    1 COLLEGES
    1 DIRECTOIRE DES RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 DOT
    1 OEUVRES CARITATIVES
    1 SANTE
    1 SOINS AUX MALADES
    1 SURVEILLANTS
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 AUGIER
    2 BEILING, MARIE-LOUISE
    2 GABRIEL, JEAN-LOUIS
    2 LACHAZETE
    2 PRADEL, ABBE
    2 ROUX, MADAME
    2 ROUX, MARIE-MARGUERITE
    2 RUAS
    2 SEMENENKO, PIERRE
    2 SIMONNET, ABBE
    2 TERLESKI, HIPPOLYTE
    2 VERVOST
    3 CARCASSONNE
    3 MARSEILLE
    3 MIDI
    3 MONTOLIEU
    3 MONTPELLIER
    3 PARIS
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 5 février 1847.
  • 5 feb 1847
  • Nîmes,
La lettre

Je vais d’abord vous parler d’une religieuse, non pour vous, mais pour Saint-Thomas de Villeneuve. C’est une jeune personne, qui, depuis longtemps, veut entrer dans une communauté dévouée aux malades et aux écoles du peuple. Son père la berçait d’espérances, et, comme il lui refuse toujours, elle a pris le parti de voir si elle ne pourrait pas entrer sans dot. L’abbé Simonnet m’avait, dans le temps, promis de me faire placer à Saint-Thomas des jeunes personnes sans dot. Celle-ci est très pieuse, d’une vocation éprouvée par plusieurs années d’attente, d’une bonne santé et d’une famille parfaitement honnête. Vous me rendrez un grand service, si vous pouvez vous en occuper.

Maintenant, ma chère enfant, je vais répondre à votre lettre d’hier soir, dont je suis très content, sauf que vous ne m’y parlez pas assez de vous. Je crois que nous allons, pour la santé, à peu près l’un et l’autre de même; car, pour moi, je vais mieux et je vous assure que je puis très bien faire mon travail. La reprise des froids m’a bien un peu effrayé; cependant, je veux faire ce qui dépendra de moi pour travailler sérieusement à la sanctification des miens. Il me paraît que, pour le moment, les choses vont assez bien. C’est moi seul qui ne vais pas encore comme je le devrais. Je sens que la voix de Dieu me presse, et je ne me donne pas à lui avec cet abandon qu’il a pourtant si fort le droit d’exiger.

Merci de tous les détails que vous me donnez sur Mlle Roux. La pauvre fille a tellement peur de revenir auprès de sa mère que je crois bien qu’elle finira par se décider tout à fait. M. Ruas continue à me satisfaire. Il faut bien vous figurer que l’éducation des garçons n’est pas tout à fait celle des filles, et que ce qu’il faut pour un bon surveillant est autre chose que ce que l’on peut exiger d’une Soeur maîtresse. Ce qu’il nous faut surtout, c’est une exactitude militaire, une bonne tenue, une activité très grande dans la surveillance, la connaissance de ces morveux, à qui il ne faut jamais se fier entièrement. Aussi prendrai-je votre Breton, si vous voulez me l’envoyer, avec la certitude que nous pourrons en faire quelque chose, pourvu que vous le croyiez capable de devenir un bon religieux.

J’ai été interrompu par la nouvelle que l’on est venu me donner, de la fermeture du collège de Montolieu, près de Carcassonne. Les Lazaristes l’avaient cédé à M. Vervost, lequel avait mis à la tête un certain M. Lachazète, qui a si bien fait que la plupart des élèves ont protesté publiquement. Il a voulu sévir, et toute la maison a été vidée en deux heures, de telle sorte que les murs seuls sont restés. Peut-être trouverai-je là quelques bons professeurs, mais je ne suis pas pressé et je puis attendre. Ceci me ramène à M. Pradel. Il est dans une position très heureuse pour moi. Il sent lui-même combien il est peu fait pour reprendre son esprit, et il comprend qu’il est obligé de filer doux. Il y a toutefois un grave inconvénient, celui de l’avoir au milieu de nous. Mais comme il paraît fort embarrassé pour savoir où aller, il accepte les observations, même les plus sévères, avec une résignation qui m’abasourdit.

Je crains, ma chère enfant, que vous n’ayez pas bien lu la partie de ma lettre, où je vous disais que je viendrais volontiers à Paris. Quelque envie que j’en aie, quitter le Midi, après y avoir commencé une oeuvre telle que celle qui y est en germe, me paraîtrait une faute très grande devant Dieu. Je sens trop, par l’exemple de Montolieu, le mal que font à la religion des entreprises commencées et interrompues, pour croire qu’il n’y aurait [pas] un mal très grand à ne pas en soutenir une qui commence sous de si heureux auspices. Il faut bien le dire, la maison de Nîmes renferme des éléments trop précieux parmi les enfants eux-mêmes, pour qu’il ne faille pas développer cette semence qui promet réellement beaucoup.

L’abbé Semenenko n’a fait aucun mal ici; il a fait du bien en me débarrassant d’Augier(2). Celui-ci n’est pas allé à Paris, que je sache. Où aurait-il pris les fonds pour voyager? C’est à Marseille, et devant moi, que le P. Terleski lui dit qu’on ne lui donnerait de réponse qu’à Pâques. Semenenko est à Montpellier, où l’on espère prolonger sa vie de quelques années. Ce pauvre homme y est très bien soigné, mais je me réjouis qu’il soit très bien ailleurs que chez moi. Il y avait chez lui trop de lenteur pour tout, ce qui amenait un dérangement continuel. Je crois que vous avez parfaitement fait de lui écrire.

Je me chargerai très volontiers de l’impression d’un Directoire. Mais pensez-vous que ce soit chose aussi urgente que vous le dites? Il me semble que vous pouvez trouver bien des ouvrages de ce genre, et, s’il est plus particulièrement adapté aux religieuses de l’Assomption, c’est vous mettre dans une position très fausse que de ne pas consulter le supérieur.

Les observations que vous me faites sur la manière de se faire payer sont très bonnes, et je vous promets d’en faire mon profit. Ce que vous me dites de l’association de charité pour vos petites filles me semble très dangereux, à moins que vous ne luttiez pour y détruire le genre Congrégation. Les coteries ne se formeront pas tout de suite, mais plus tard peut-être en verrez-vous les dangers. Je crois devoir vous engager à une grande vigilance sur la tendance que prendront les commencements de cet essai.

Adieu, ma chère fille. Je voulais vous parler plus longtemps, mais j’ai été tellement interrompu qu’il faut m’arrêter. En priant ce matin pour vous à la messe, j’ai, je l’espère, obtenu de Notre-Seigneur qu’il vous donne sa force contre vos ennuis. Je le lui demande avec un coeur qui vous est toujours plus dévoué.

Adieu. J’écrirai au premier moment libre à vos filles. La tabatière que j’ai envoyée à Soeur Marie-Louise a été pour moi un sacrifice.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. III, p. 228, 293.1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. III, p. 228, 293.
2. Le postulant italien envoyé par l'abbé Gabriel.