Vailhé, LETTRES, vol.3, p.235

3 may 1847 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Sa santé s’améliore doucement. -Les nombreux embarras de sa maison ne lui permettent pas d’aller à Paris, à moins qu’elle ne le désire. -Au sujet de quelques vocations. -Peine que lui cause le retard de son voyage.

Informations générales
  • V3-235
  • 0+521|DXXI
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.235
Informations détaillées
  • 1 ACHAT DE TERRAINS
    1 AMITIE
    1 BATIMENTS DES COLLEGES
    1 MOIS DE MARIE
    1 PREDICATION
    1 REFUGE LE
    1 REMEDES
    1 SANTE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOYAGES
    2 CARBONNEL, MARIE-VINCENT
    2 CARBONNEL, MESDEMOISELLES
    2 GENTIL, MADAME
    2 GOURAUD, HENRI
    2 SAINT-JULIEN, MARIE-GONZAGUE
    2 TOURNON
    3 LYON
    3 PARIS
    3 SAINT-CLAUDE
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 3 mai 1847.
  • 3 may 1847
  • Nîmes
La lettre

Ma chère enfant,

Voilà trois jours que je cherche le temps de vous écrire un peu longuement, et comme je ne le trouve pas, je suis décidé à vous écrire très brièvement ou à bâtons rompus. Je m’en rapporte au bon Dieu. Et tout d’abord, puisque vous voulez bien vous occuper de ma santé, je ne vais pas plus mal, sans aller beaucoup mieux. Mais ne vous effrayez pas. Ici, il y a une grippe universelle. Je suis dans la catégorie générale. Puis, croyez-le aussi, je me soigne un peu et même beaucoup. Je crois que j’ai le don ou le talent de me rendre intéressant, et je m’en fais de très grands reproches. Je prends le lait d’ânesse et je me ménage. Veuillez dire à M. Gouraud que depuis onze mois je ne suis monté que trois fois en chaire. Je tiens beaucoup à apaiser sa colère. N’est-ce pas assez sur mon compte?

Mlle Anaïs quitte en ce moment la maison. Elle a fait proposer, à deux reprises, à sa soeur aînée qui est malade d’aller la voir; celle-ci n’a pas voulu. Elle va au Refuge, d’où elle partira par la première occasion. Elle m’a fait faire, hier soir, une promesse que seule vous pouvez ratifier, celle d’aller lui donner le voile, quand Mlle le prendra. Si je vais à Paris maintenant, je ne pourrai y aller plus tard. Or, ma chère enfant, avec les embarras où je me trouve avec le départ de ces dames, il faut que vous me disiez: Venez, pour que je voie la possibilité d’arriver. En effet, si, comme vous paraissez le désirer, je ne bâtis pas et si surtout je n’achète pas de terrain, ce motif ne peu plus me faire aller là-bas. La question des jeunes gens est bien grave. Mais, dans l’état actuel des choses, [elle] ne l’est pas autant que la crise où se trouve la maison et pour laquelle ma présence y est si nécessaire. Aussi, ma chère enfant, le seul motif qui me déterminerait à aller à Paris, c’est vous. Et c’est parce que je crois comprendre, par moments, que vous le désirez, et, par moments aussi, que vous ne le désirez pas autant à cause des conséquences que vous prévoyez,- que je suis incertain. Mettez-vous en présence du bon Dieu, et si, devant lui vous croyez que je doive faire le voyage pour vous, je viendrai. Seulement, je ne pourrai partir que le 4 juin.

Chère enfant, je voudrais arriver sans vous faire cette question, parce que j’ai besoin de vous donner quelque bonne marque d’amitié, et ce m’est un grand sacrifice de ne pas vous donner celle-là sans vous dire: « Le voulez-vous? » Mais il me semble que, au-dessus de tout ce que je veux faire pour vous être un peu bon, il y a Dieu et ce qui contribue le plus à son service. Or, je ne puis me le dissimuler, la maison ici a besoin, en ce moment, que je surveille très activement tout ce qui s’y passe. Veuillez donc, chère enfant, réfléchir un peu et décider vous-même. Je me mets, sur ce que je dois faire, entièrement dans vos mains.

Vous pouvez m’envoyer sur-le-champ les jeunes gens dont vous me parlez, l’ex-soldat et le fleuriste. Cependant, je n’aurais à proprement parler besoin que du fleuriste, et si le soldat voulait attendre jusqu’au mois d’août, il me ferait un bien grand plaisir. Mais s’il est aussi bien que vous me le dites et s’il devait m’échapper, je préférerais le prendre sur-le-champ. Je vais voir arriver un prêtre du diocèse de Saint-Claude, qui paraît avoir beaucoup de moyens et qui m’est extrêmement recommandé par Monseigneur. Je crois ne pas devoir le laisser échapper, surtout à cause de celui qui me le recommande et que je lie d’une manière assez forte par ce moyen, pour une raison qui malheureusement n’est pas mon secret. Dès qu’il sera arrivé, je vous en parlerai plus longuement.

Je vais écrire à Lyon au sujet de Mme Gentil. Que vous êtes bonne de prendre ainsi toutes mes commissions et de vous en écraser! Je prie pour toutes vos Soeurs avec beaucoup de ferveur, pendant le mois de Marie. Veuillez le dire surtout à Soeur Marie-Gonzague. Je ne puis vous dire à quel point je suis peiné que je vais vous faire à vous-même de la peine par le retard de mon voyage. Aussi, n’ai-je pas le courage d’en faire complètement le sacrifice, et je veux m’en rapporter à vous pour le parti définitif auquel je dois m’arrêter.

Adieu, chère enfant. Comme je vous le disais tout à l’heure, je suis dérangé à chaque instant par les embarras que me cause le départ des dames C[arbonnel]. Je veux pourtant vous écrire une lettre pour les trois dernières que j’ai reçues de vous. Tout à vous en Notre-Seigneur.

Il faut pourtant vous dire que le petit Tournon prend très bien et que nous sommes tous enchantés de cette nature-là.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV, p. 79.1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV, p. 79.