Vailhé, LETTRES, vol.3, p.253

4 jun 1847 Nîmes, INCONNUS

Conditions qu’il met à l’acceptation dans son collège d’un jeune homme qui avait besoin d’une forte discipline.

Informations générales
  • V3-253
  • 0+527|DXXVII
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.253
Informations détaillées
  • 1 CRAINTE
    1 DISCIPLINE SCOLAIRE
    1 ELEVES
    1 PENSIONS
    1 SEVERITE
    2 CARDENNE, VICTOR
    2 MONNIER, JULES
    3 AFRIQUE
  • A MADAME X...(1).
  • INCONNUS
  • le 4 juin 1847.
  • 4 jun 1847
  • Nîmes,
La lettre

Madame,

Je reçois à l’instant votre lettre, et les tristes détails que vous me donnez sur Monsieur votre neveu me donnent une idée un peu ambitieuse peut-être. Vous voudriez un homme qui se chargeât de le ramener à de meilleurs sentiments. Voulez-vous me permettre d’être cet homme? Voici les conditions que je vous propose: 1° Il faut que Monsieur votre neveu soit entièrement guéri; 2° qu’il sache que je ne le chasserai pas, mais que je le soumettrai, s’il le faut, au régime le plus sévère, pour lequel il me faudra l’autorisation écrite de sa mère. Ce régime, ce sera le pain sec et l’absolue séquestration, s’il est nécessaire. Il est bien entendu que ce moyen ne serait employé qu’à la dernière extrémité, et ce que je voudrais, c’est que l’enfant arrive avec la conviction profonde qu’il rencontrera ici une volonté inflexible et que j’ai le moyen de le faire coucher au corps de garde, si je le juge à propos.

Une fois cette conviction bien établie, s’il a le caractère faible comme vous le dites; s’il est entièrement dépaysé; s’il est mis en relation avec des hommes comme M. Monnier ou Cardenne; si à côté du sentiment de crainte avec lequel il faut qu’il arrive, il trouve ici de la douceur, comme on lui en témoignera, je suis sûr ou du moins presque sûr qu’il s’améliorera. Mais il faut qu’il renonce aux vacances, et qu’il sache que, s’il quittait la maison, ce serait pour aller en Afrique dans une compagnie disciplinaire.

Je me chargerai de lui, de son entretien, sauf son trousseau d’entrée, des fournitures des livres, de ses provisions, de ses semaines, de tout enfin, sauf les maîtres d’agrément et les répétitions, pour 1,800 francs. Je prends ce chiffre, parce qu’il sera peut-être nécessaire de lui donner une chambre à part et un surveillant pour lui seul. Nous réglerons donc sur le prix que j’indique, soit à 150 francs par mois, jusqu’au 15 août 1848. Si, à cette époque, il est suffisamment amélioré pour n’inspirer aucune crainte, je réduirai la pension à 1,500 francs. Cependant, il faut remarquer que peut- être, au lieu de le traiter sévèrement, comme j’en réclame le droit, j’aurais à lui faire quelques petites douceurs qui amèneront quelques dépenses. Mais pour tout cela, l’argent devra passer par mes mains, et une condition d’admission sine qua non, c’est qu’il n’aura jamais un sou à sa disposition.

Si ces conditions vont à Madame votre belle-soeur, elle peut nous confier son fils, et il me semble que nous pourrons en faire quelque chose de bien, avec l’aide de Dieu et le secours de vos prières.

Veuillez, Madame, agréer l’hommage des sentiments respectueux, avec lesquels je suis votre très humble et très obéissant serviteur.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. L'élève dont il s'agit était déjà jeune homme.