Vailhé, LETTRES, vol.3, p.258

17 jun 1847 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Une fatigue d’estomac l’empêche d’écrire et de travailler, comme il le voudrait. -Les défauts qu’elle lui trouve sont un peu exagérés. -Il est attiré à ne diriger ses actions et à ne régler ses jugements qu’en se plaçant dans un certain monde supérieur. -Il ne peut accepter la novice malade. -Encore le nouveau plan de son collège.

Informations générales
  • V3-258
  • 0+530|DXXX
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.258
Informations détaillées
  • 1 ARCHITECTURE SACREE
    1 BATIMENTS DES COLLEGES
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONNAISSANCE DE SOI
    1 EFFORT
    1 MALADIES
    1 REMEDES
    1 SIMPLICITE
    1 VOEU D'OBEISSANCE
    2 ACHARD, MARIE-MADELEINE
    2 CARBONNEL, MARIE-VINCENT
    2 CROY, MADAME DE
    2 DECKER, FRANCOIS-JOSEPH
    2 GAY, CHARLES-LOUIS
    3 NIMES
    3 NORD
    3 VALMAGNE, ABBAYE
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 17 juin 1847.
  • 17 jun 1847
  • Nîmes,
La lettre

Voilà plusieurs jours, ma chère enfant, que je veux vous écrire et j’en suis empêché par une vilaine fatigue d’estomac, qui ne me quitte pas beaucoup et contre laquelle je ne puis rien, à moins de prendre de grands verres d’eau en quantité. C’est le seul soulagement que j’ai trouvé jusqu’à présent. Aujourd’hui, je me trouve un peu mieux et j’en profite pour vous dire deux mots. J’ai réfléchi très longuement, et aussi sérieusement que je l’ai pu, sur votre lettre écrite le jour de votre retraite. Je crois devoir vous déclarer d’abord que j’accepte entièrement votre obéissance et dépendance, comme vous me la proposez. Les reproches que vous me faites doivent être tous vrais; cependant, je n’en aperçois encore qu’une partie. J’ai quelque lieu de penser que, sur certains articles, vous avez vu d’une manière un peu exagérée pour ce qui m’est personnel. Toutefois, puisque vous en avez été frappée, il faut bien qu’il y ait quelque chose que je chercherai à bien connaître moi-même, afin de m’en corriger aussi bien que je le pourrai. Ce à quoi je me sens le plus porté en présence de Dieu, c’est à m’élever d’une manière calme et douce vers les pensées les plus surnaturelles.

Le 18 juin.

J’ai été interrompu hier, et, dans ce moment, le temps me manque pour vous parler un peu longuement. Mes crampes d’estomac m’ennuient un peu, en ce qu’elles me prennent de longues heures d’inaction. Ce matin, je me suis levé une heure plus tard, et cela dérange beaucoup pour une foule d’occupations. Mais j’en reviens à ce que je vous disais, que je me sentais attiré à ne diriger mes actions et à ne régler mes jugements qu’en me plaçant dans un certain monde supérieur et de plus en plus rapproché de Jésus-Christ; mais ma mauvaise nature retombe souvent sur elle-même, et c’est là que vous l’avez souvent prise en défaut. Quoi qu’il en soit, j’entre, autant qu’il est possible, dans votre manière de voir, et je suis dans la résolution de sortir de cette vie de mensonge, comme vous l’appelez, pour entrer dans la simple réalité. Il me semble que je vous comprends très bien en cela.

J’arrive à Soeur Marie-Madeleine. La faire venir à Nîmes n’a pas de grandes difficultés; la placer à l’Assomption en ce moment en aurait de très grandes. Je crois qu’il n’y faut pas songer. Elle est encore trop jeune et nous aurions de rudes affaires sur les bras, et, pour le dire en passant, Mme de Croij nous en a fait encore avec ses cancans, et de la plus belle manière. Elle est allée réveiller les histoires de Decker et nous a fait un paquet des plus conditionnés. Pour vous tranquilliser sur celui-ci, je découvre tous les jours de nouvelles histoires sur son compte; c’était un vrai chevalier d’industrie. Je vous dis ceci, afin que vous n’ayez pas regret à n’avoir pas trop penché vers l’indulgence, quand vous avez parlé sur son compte.

Je crois que par lettre il est impossible de s’entendre sur les plans. Je viens de visiter une abbaye du XIIIe siècle et dont les toits sont d’une parfaite platitude. Je ne les voudrais pas aussi plats, mais tout cela ne peut être discuté de deux cent lieues. Je vous assure que je ne tiens pas au roman, mais je vous avoue que le plan de M. Gay me fait l’effet d’aller beaucoup plus à un ciel du Nord qu’au nôtre. Je ne blâme pas, non plus, la simplicité des ornements; j’ai vu de très jolies choses, très simples. Et même je crois qu’ici ce qui est simple est le meilleur, parce que, l’air de la mer rongeant beaucoup les pierres, ou il faut bâtir en pierres dures -ce qui serait très cher,- ou épargner des ornements qui risquent d’être promptement détruits. Il faut vous quitter, et c’est bien à regret: j’avais encore à vous parler beaucoup. J’ai eu encore de l’ennui à cause des moeurs d’un domestique. J’oublie une foule de choses, mais le temps me manque.

Adieu, ma chère fille. Priez beaucoup pour moi. Tout à vous en Notre-Seigneur.

E. d’Alzon.

Je tâcherai d’écrire demain à Soeur Marie-Vincent.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. D'après une copie.