Vailhé, LETTRES, vol.3, p.264

21 jun 1847 Nîmes, CARBONNEL Marie-Vincent ra

Motif du retard de sa réponse. -A son âge, elle a surtout besoin d’accoutumance. -Ses fatigues corporelles disparaîtront peu à peu. -L’élève Galeran.

Informations générales
  • V3-264
  • 0+532|DXXXII
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.264
Informations détaillées
  • 1 FORMATION A LA VIE RELIGIEUSE
    1 HABILLEMENT DU RELIGIEUX
    1 MALADIES
    1 REPAS
    1 SANTE
    2 CARBONNEL, ANTOINETTE
    2 CARBONNEL, ISAURE
    2 CHAUVELY, MARIE
    2 GALERAN
    2 GALERAN, HENRI
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
  • A LA SOEUR MARIE-VINCENT CARBONNEL (1).
  • CARBONNEL Marie-Vincent ra
  • le 21 juin 1847.
  • 21 jun 1847
  • Nîmes,
La lettre

Je n’ai pas voulu répondre sur-le-champ à votre lettre. ma chère fille, parce que je craignais que la disposition où vous étiez ne vous fit chercher votre consolation hors de la maison, où vous devez trouver désormais force et appui. Il me paraissait un peu dangereux de vous laisser regretter d’anciennes consolations et faire des comparaisons qui devaient, plus tard, n’être plus possibles. En effet, je suis bien persuadé que vous n’avez besoin que d’une chose, un peu d’accoutumance; peu à peu, elle vous viendra, et vous serez alors dans la paix qui vous est nécessaire. Dieu vous la donnera, quand vous aurez bien fait votre nid dans le nouvel état où il vous veut, et quand vous aurez, pour lui, pris la résolution d’accepter les consolations du côté d’où il voudra vous les envoyer. Les arbres formés ne se transplantent pas avec la même facilité que les jeunes, et il y a des racines profondément enterrées, chez les uns, qui ne se sont pas encore montrées chez les autres. Mais aussi, soyez-en sûre, le temps répare toutes ces blessures, quand on a recours pour les guérir à l’esprit de foi. Dieu connaît vos motifs; il sait pourquoi vous avez quitté votre pays et votre famille; il vous conduira par la voie qu’il sait vous convenir. Et, après tout, ces peines que vous avez éprouvées, lorsqu’elles sont acceptées avec un sentiment surnaturel, donnent au coeur une force merveilleuse, en même temps qu’elles nous font bien comprendre notre faiblesse native.

J’ai chargé notre Mère de vous dire quelque chose de vos soeurs. J’ai voulu que cela passât par elle, afin que vous ayez, peu à peu, la bonne habitude de lui tout conter. Elle m’a beaucoup parlé de vous, et, comme elle vous aime déjà beaucoup, vous seriez une petite ingrate, si vous ne le lui rendiez pas de tout votre coeur. Elle me dit pourtant que vous êtes toujours enrhumée. Cela n’est pas bien, mais je ne suis pas très effrayé. Vous vous êtes bien accoutumée au travail de notre lingerie, vous si délicate auparavant. Ce travail vous a fortifié la santé. Je suis sûr qu’avant six mois les courants d’air seront une condition nécessaire à votre santé.

Voilà Chauvely qui entre pour me gronder de ce que je n’ai pas encore déjeuné. Je me suis oublié avec vous et avec notre Mère. Je vais prendre bien vite son bouillon sucré, pour ne pas encourir son formidable courroux. Cette bonne fille m’est d’un dévouement incroyable. Nous avons arrangé que Galeran viendra pour sous-économe. J’ai pris son fils pensionnaire. Cet enfant est si parfait sous tous les rapports que tous ses professeurs m’ont conjuré de faire cet arrangement qui convient au père, à présent sans place, et fournit au fils le moyen de se développer encore mieux(2).

Chauvely est impitoyable. Je vous laisse. Adieu.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir des extraits dans *Notes et documents*, t. IV, p. 414. Cette postulante avait alors plus de quarante ans.1. D'après une copie. Voir des extraits dans *Notes et documents*, t. IV, p. 414. Cette postulante avait alors plus de quarante ans.
2. Il s'agit du père du chanoine Galeran, l'auteur des *Croquis du P. d'Alzon*. L'enfant suivait déjà les cours de l'Assomption, en qualité d'externe, au moins depuis l'année scolaire 1845-1846.