Vailhé, LETTRES, vol.3, p.275

15 jul 1847 Eaux-Bonnes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il est touché des prières que la communauté de Paris fait pour lui. -Il est très vrai que Notre-Seigneur se laisserait toucher plus tôt que lui-même. -Sa santé laisse toujours à désirer. -Il est probable qu’il laissera faire du feu dans son cabinet. -Nouvelles des Eaux-Bonnes.

Informations générales
  • V3-275
  • 0+535|DXXXV
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.275
Informations détaillées
  • 1 AMOUR-PROPRE
    1 CIMETIERE
    1 CONVERSATIONS
    1 CURES D'EAUX
    1 DISCOURS DE DISTRIBUTION DES PRIX
    1 EXAMENS SCOLAIRES
    1 MALADIES
    1 PATERNITE SPIRITUELLE
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 QUARANTE HEURES
    1 SIMPLICITE
    2 BAYLE, JOSEPH
    2 BEVIER, MARIE-AUGUSTINE
    2 CAMILLE DE LELLIS, SAINT
    2 DARRALDE, JEAN-BAPTISTE
    2 ESPALANC, D'
    2 FAUDRAS, MADEMOISELLE DE
    2 HALEZ, MARIE-JOSEPH
    2 JEAN CHRYSOSTOME, SAINT
    2 RAVIGNAN, GUSTAVE DE
    2 SALINIS, ANTOINE DE
    2 VATIMESMIL, ANTOINE DE
    3 LOUVIE
    3 NIMES
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 15 juillet 1847.
  • 15 jul 1847
  • Eaux-Bonnes,
La lettre

Je ne puis vous exprimer, ma chère fille, combien je suis touché des prières que votre communauté veut bien faire pour moi. J’y vois une charité filiale qui me donne un bien grand bonheur et qui, en me prouvant à quel point on me regarde chez vous comme un père, m’avertit d’une manière bien douce, mais aussi bien forte, à quel degré je dois m’appliquer à en remplir tous les devoirs.

Veuillez dire à Soeur Marie-Augustine qu’elle a dit une si grande vérité, en affirmant que Notre-Seigneur se laisserait bien plus tôt toucher par les Quarante-Heures que je ne le serais, si on les faisait à mes pieds, que je suis surpris qu’elle ait cru nécessaire de le faire observer. Notre-Seigneur est heureux qu’on lui demande, et si quelque chose pouvait augmenter le bonheur de sa sainte humanité, ce serait d’exaucer une prière. Toute créature, et, à plus forte raison, votre serviteur trouve quelquefois dans la résistance la satisfaction d’un certain amour-propre qui peut entraîner à de merveilleuses illusions, parce que, en refusant de reconnaître la faiblesse et l’infirmité de sa nature, on se pose en être supérieur aux travers de l’humanité; ce qui est très flatteur pour la vanité. Notre-Seigneur n’a rien de ces sortes d’impuretés; il est simple dans sa bonté, comme dans sa puissance. Aussi, vais-je le prier de me donner cette simplicité, afin de m’aider à juger, comme il l’aurait fait lui-même s’il eût été à ma place. Après quoi, sans que Soeur M.-Augustine ait besoin de faire quarante-heures à mes pieds -ce qui, je crois, lui serait un peu difficile,- je lui promets, et à vous surtout, ma chère fille, de me laisser guider, en tout ce qui sera pour le mieux et ce qui me paraîtra le plus parfait, comme un petit enfant en malice, malitia parvulus(2).

Le 21 juillet.

Je suis resté silencieux pendant quelques jours, parce que je me suis aperçu qu’une lettre, que je croyais partie, était restée dans mon portefeuille et que, depuis deux ou trois jours, je ne vais pas merveilleusement. Ma gorge se trouve en parfait état, mais les crampes ne veulent point cesser. Si cela dure, je serai peut-être forcé de m’en retourner, sauf à aller une autre fois à des eaux qui conviendront davantage à mon estomac. Ce matin, je suis allé faire une longue promenade parmi les rochers, au risque de me casser le cou. Nous verrons si ce système me réussira. On prétend que c’est un accompagnement forcé du régime des eaux.

J’arrive aux promesses que vous voulez que je vous fasse. Il est très probable que les choses s’arrangeront, pour que j’aie du feu dans mon cabinet. Mais je vous assure que je ne souffre pas d’en être privé, attendu que, lorsque j’ai froid, je vais travailler à la salle commune; ce que je crois d’un bon exemple. J’espère qu’avec cette explication vous ne serez pas si exigeante. Je n’ai jamais de rhume, et le docteur Darralde n’a pas seulement voulu regarder ma poitrine. Si j’arrive à Nîmes, ce sera peu de jours avant la distribution des prix. Soyez tranquille sur ce chapitre. Je n’ai pas à faire faire d’examens; ils sont déjà faits. Vous vous trompez très fort, ma chère fille, si vous croyez que nos distributions ne produisent pas un étonnant effet.

J’ai aperçu M. Darralde cinq minutes, car, pour le voir, il faut faire antichambre chez lui. Je lui ai parlé de vous, dont il conserve un précieux souvenir. J’ai vu beaucoup M. Bayle. Demain, j’irai à Louvic dîner chez M. d’Espalanc, oncle de l’abbé de Salinis. J’irai prier sur la tombe de Soeur Marie-Josèphe, dont la tombe est payée depuis longtemps. J’ai parlé à M. Bayle de vos deux Soeurs converses, qu’il se rappelle toujours avec beaucoup d’intérêt. Je n’ai pas encore vu Mlle de Faudras. Je vous avouerai que j’ai pris le parti de ne pas confesser; je laisse cela à l’abbé de Salinis qui fait ici un très grand bien. J’aurais bien voulu savoir la chambre où est morte Soeur Marie-Josèphe, mais on ne me l’aurait pas dit; les loueurs de chambre tiennent ces choses secrètes. Ecrivez-moi tout ce que vous voudrez. Je vous promets de le brûler aussitôt.

Je suis réellement fâché de n’avoir pas votre neveu, je n’avais pas osé vous en reparler. J’aurais tant voulu avoir près de moi quelqu’un qui fût un peu vôtre. Sous ce rapport, je ne me suffis pas à moi-même. Il faut que vous me permettiez de m’arrêter. Un de ces jours, je vous répondrai et je vous parlerai de bien des observations, qui sont le résultat de mes conversations avec M. de Salinis, le P. de Ravignan et M. de Vatimesnil. J’ai beaucoup été frappé de ces mots de saint Jean Chrysostome dans l’office de saint Camille:Summum est philosophiae cacumen esse simplicem cum prudentia. Cela me va tout à fait.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie.2. Cor. XIV, 20.