Vailhé, LETTRES, vol.3, p.287

9 aug 1847 Eaux-Bonnes, CARBONNEL Marie-Vincent ra

Il lui écrit en dépit de la Faculté qui voudrait le voir courir à travers la campagne. -Bonnes dispositions actuelles de sa soeur aînée envers elle. -Sa joie de la savoir contente à l’Assomption. -Nouvelles diverses. -Etat de sa santé.

Informations générales
  • V3-287
  • 0+540|DXL
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.287
Informations détaillées
  • 1 ART DE LA MEDECINE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CURES D'EAUX
    1 DILIGENCE
    1 HABILLEMENT DU RELIGIEUX
    1 JESUS-CHRIST MODELE
    1 JEUX
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 SANTE
    1 SOEURS CONVERSES
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 CARBONNEL, ANTOINETTE
    2 CARBONNEL, ISAURE
    2 DARRALDE, JEAN-BAPTISTE
    2 GRIOLET, JOSEPH-AUGUSTE
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 SALINIS, ANTOINE DE
    3 EAUX-BONNES
    3 OSSAU, VALLEE
    3 PARIS
  • A LA SOEUR MARIE-VINCENT CARBONNEL (1).
  • CARBONNEL Marie-Vincent ra
  • le 9 août 1847.
  • 9 aug 1847
  • Eaux-Bonnes,
La lettre

Je veux profiter des derniers jours de loisir que je goûte aux Eaux-Bonnes pour vous répondre un peu à l’aise, ma chère enfant, et, quoique le bon abbé de Salinis et M. Darralde, le médecin des eaux, soient à me reprocher sans cesse de trop rester dans ma chambre, ils auront beau dire et beau faire, pour cette fois, je ne les écouterai pas et je vous écrirai.

Il est bien vrai que les eaux ne semblent faire quelque bien qu’à la condition qu’on y perdra son temps à courir, mais quand le bien est censé opéré et que l’on dit être bien aise de savoir s’il se consolidera, il est tout naturel de faire une expérience en se révoltant contre la Faculté et en essayant un peu ses forces. Je vais partir après-demain, malgré les instances les plus vives qu’on fait ici pour m’engager à rester, et je ne pars qu’après-demain, malgré les sollicitations de mon monde de l’Assomption qui me conjure d’arriver au plus tôt. C’est une triste destinée que celle qui nous place dans la nécessité de ne plaire aux uns qu’à la condition de déplaire aux autres. Dieu seul pourrait en venir à bout dans le ciel, car sur la terre Notre-Seigneur lui-même n’y est pas parvenu. Cela n’est pas étonnant. Quand on le considère comme le modèle de tous les hommes, il a dû se placer nécessairement dans une situation qui fut celle de tous les chrétiens, et tous les chrétiens, un peu plus un peu moins, en sont là.

Voyez un peu, ma pauvre fille, tout l’ennui que vous avez eu avec vos soeurs. Que de mauvais et cruels moments vous avez passés! Ne semblait-il pas que jamais Mlle Is[aure] ne reviendrait de ses idées? Et ne vous trouviez-vous pas dans la conviction que jamais elle ne se remettrait bien avec vous? C’est là sûrement la plus rude tentation de votre vie. Il semblait, en effet, que le sacrifice de votre vocation était nécessaire à son salut. C’étaient bien d’autres tiraillements que ceux dont je vous parlais tout à l’heure. Et pourtant, il se trouve qu’à la longue votre persévérance reçoit sa récompense, puisque cette pauvre soeur se décide à vous écrire une bonne lettre. Le saint M. Griolet s’est conduit en tout ceci avec beaucoup de tact et de prudence. Je crois bien que c’est à sa grande douceur que nous devons cet apaisement si merveilleux. Je le vis, la veille de mon départ, et, d’après les détails qu’il me donna, je pus conclure que l’irritation prendrait un aspect moins effrayant. C’est à vous, maintenant, par une grande condescendance, à adoucir le plus possible ce qu’il y aurait encore de trop ulcéré. Vous savez bien que nous n’avons pas à espérer une guérison parfaite, mais du moins nous pouvons raisonnablement supposer qu’avec un peu de charité nous préparerons une vie moins douloureuse à Mlle Antoinette, qui, vous le savez, me préoccupe toujours beaucoup.

Je suis très content, je dois vous le dire, de l’heureuse influence qu’a exercée sur vous votre séjour à l’Assomption de Paris. Votre Mère me dit que vous vous accoutumez très bien au genre de la communauté. J’en étais bien sûr. Je savais bien que vos premiers effrois auraient un terme, et que cette vie calme, à l’abri des orages, apaiserait votre pauvre âme si meurtrie par certains chocs. Je vous recommande surtout un grand esprit de charité et de confiance. Vous trouverez cela dans le coeur de notre divin Maître; il faut lui demander beaucoup ces deux vertus.

J’ai reçu, il y a quelques instants, une petite caisse et un paquet pour vos Soeurs converses de la Vallée d’Ossau. Il y a également une lettre pour notre Mère. On n’a pu trouver que huit paires de bas qui coûteront 8 francs; je les ai payés. Je ne sais si je dois envoyer la lettre pour notre Mère par la poste. Vous voudrez bien le lui demander. La caisse contient une ou deux poupées. Quant aux bas, dois-je les envoyer par la diligence?

Je m’aperçois que vous allez vous fâcher, si je ne vous dis pas comment je vais. Vous me feriez grand plaisir de me l’apprendre. Je crois que je vais bien, mais on m’assure que je ne le saurai que dans un mois. C’est pour cela qu’il faut prendre patience jusque-là. Du reste, je suis fort résigné à ne rien voir de changé dans mon état. Notez que ce qu’il y a de vexant, c’est qu’ici personne ne veut se persuader que je suis malade, tant j’ai bonne mine.

Adieu, ma chère enfant. Priez bien pour moi, qui comptais me convertir aux eaux et qui en repars le même, et croyez-moi tout vôtre en Notre-Seigneur.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV, p. 81 sq.1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV, p. 81 sq.