Vailhé, LETTRES, vol.3, p.309

29 nov 1847 Nîmes, CARBONNEL Marie-Vincent ra

Rapports de ses soeurs avec lui. -Nombre des pensionnaires et nouvelles de la maison. -Pour son intérieur, elle n’a qu’à suivre la ligne où Dieu lui fait tant de bien.

Informations générales
  • V3-309
  • 0+548|DXLVIII
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.309
Informations détaillées
  • 1 CELLULE
    1 CHAPELLE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 MALADIES
    1 NOTRE-DAME DE ROCHEFORT
    1 PENSIONNAIRES
    1 VIE SPIRITUELLE
    2 CARBONNEL, ANTOINETTE
    2 CARBONNEL, ISAURE
    2 FRANCOIS DE SALES, SAINT
    2 GOBERT
    2 GOUBIER, ACHILLE
    2 GOUBIER, VITAL-GUSTAVE
    2 GRIOLET, JOSEPH-AUGUSTE
    2 HENRI, EUGENE-LOUIS
    2 JOVENICH
    2 ROUX, DOMESTIQUE
    2 TISSOT, PAUL-ELPHEGE
    3 LARGUIER
  • A LA SOEUR MARIE-VINCENT CARBONNEL (1).
  • CARBONNEL Marie-Vincent ra
  • le 29 novembre 1847.
  • 29 nov 1847
  • Nîmes,
La lettre

J’attendais depuis quelque temps ma chère fille, la visite de M. Griolet, afin de pouvoir, en répondant à votre bonne dernière lettre, vous dire quelque chose sur le compte de vos soeurs. Il est enfin venu, hier, me porter le résultat de ses recherches historiques sur Notre-Dame de Rochefort. Malheureusement, ce qu’il m’en a appris n’était rien de bien nouveau, et j’ai su seulement que Mlle Isaure est positivement résolue, à ce qu’il paraît, à ne plus renouer avec moi. Il avait été question de m’inviter à aller bénir la chapelle qui s’élève à Largnier; mais elle a signifié qu’elle ne le voulait positivement pas. Pour moi, je vous assure que, si j’avais pensé pouvoir lui faire encore un peu de bien, j’aurais accepté sans difficulté. Mais je me suis convaincu d’une manière trop positive qu’il n’y a, pour ma part, qu’à attendre; et je reste dans mon coin, tout disposé, je le répète, à me prêter à ce qui pourra faire du bien à l’une et à l’autre. M. Goubier a eu, un moment, la pensée de nous ménager une entrevue. Malgré tout le désir qu’il en avait, il a dû y renoncer. Voilà où en sont les choses, et, pour le moment, il faut encore bénir Dieu de tout ce qui s’est passé. J’y ai trop gagné que je puisse avoir regret à ces dix-huit mois, où cependant j’ai quelquefois souffert. Vous figureriez-vous qu’à présent il y a des gens qui admirent ma patience! Hélas! on ne voit pas le fond du vase, et souvent encore on le voit, je puis vous l’assure.

Nous avons actuellement 114 pensionnaires; sous peu, ils seront 117. Je ne pense guère que cela puisse augmenter. La paix semble faite entre M. Goubier et M. Henri. Celui-ci lui a fait ce certain immense cahier, qui vous avait causé un si grand effroi. M. Henri ne se tire pas mal de ces détails, et vous savez qu’avec des détails on fait ce qu’on veut de M. Goubier. Du reste, sa santé me préoccupe. Je crains qu’il n’ait eu une seconde menace d’attaque, quoiqu’il ne veuille pas le dire. Il a laissé percer ses craintes à cet égard. Son frère Achille a, en ce moment, une très forte vérole.

Savez-vous qu’en ce moment j’occupe votre ancienne chambre? La cuisine a été dévolue à M. Jovenich, la chambre du fond à M. Tissot; Roux est dans l’alcôve de votre cuisinière. La chambre de Mlle Antoinette servira d’infirmerie pour les maîtres, la chambre de Mlle Isaure est réservée aux étrangers qui n’auront pas vue sur la cour. Je crois vous faire plaisir en vous donnant ces détails. Vous savez, sans doute, aussi que nous avons transporté la lingerie au fond de la maison Grégoire. M. Gobert, que vous n’avez pas connu, est à la lingerie. On a abattu la cloison qui séparait la lingerie de la chambre de M. Jovenich, on a fermé la porte qui donnait sur le dortoir, on a prolongé les cases jusqu’à la fenêtre, et M. Gobert a encore la place de son lit tout près de la cheminée de cette ancienne chambre. On avait voulu placer le réfectoire des demi-pensionnaires dans le passage qui sépare la cuisine de la cour; on a fait quelques réparations pour cela, mais, en fin de compte, ce n’a pas été nécessaire. Nous pouvons loger au réfectoire 160 enfants, sans compter une table des surveillants.

Mais je m’aperçois que tout ceci est une causerie de la dépense, et je vous vois vous fâcher de ce que je ne vous dis rien sur les détails que vous me donnez de votre intérieur. Mais, ma chère fille, ce que vous avez de mieux à faire, c’est de suivre la ligne où Dieu vous fait tant de bien. Ces admirables apaisements de vos anciennes peines sont une grande grâce. Il faut vous y abandonner et vous laisser bonnement accoiser, comme dit saint François de Sales. Tout est, il me semble, dans cette absolue disposition à vous laisser faire. Marchez dans une route, où, les yeux fermés, vous mettrez avec un grand sentiment de foi la main dans la main de Jésus-Christ, qui veut lui-même vous guider.

Adieu, ma chère fille. Tout vôtre dans le coeur de ce divin Maître.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie.