- V3-340
- 0+568|DLXVIII
- Vailhé, LETTRES, vol.3, p.340
- 1 GUERRE CIVILE
1 REPUBLIQUE
3 GARD, DEPARTEMENT - A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
- MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
- le 29 avril 1848.
- 29 apr 1848
- Nîmes,
Ma chère enfant,
Je ne vous écrirai que deux mots, mais je pense que vous serez bien aise de savoir de nos nouvelles. La nuit a été très tranquille. On craint du trouble pour demain. Les catholiques sont exaspérés. On a toutes les peines du monde à les calmer, en face des actes indignes de partialité en faveur des protestants auxquels se soumet l’administration. Il paraît que, pour le quart d’heure, une des fantaisies des frères séparés, c’est ma tête. Une femme qui la réclamait a été rossée; mais, malheureusement, on ne s’en est pas tenu là, on lui a tiré trois coups de fusil. Grâce à Dieu, elle n’a été blessée que par un seul; elle a perdu la phalange d’un doigt. D’autres ont été obligés de quitter le quartier des catholiques, toujours pour avoir dit qu’ils voulaient ma tête. Rassurez-vous. Cela s’en ira comme bien d’autres projets. Il faudrait que le gouvernement fût convaincu que les catholiques ne demandent pas mieux que d’accepter la République, pourvu que la République ne les persécute pas. On ne songe pas assez que le Gard a plus des deux tiers de catholiques et qu’il vaut bien mieux s’appuyer sur la majorité que sur la minorité. Priez donc pour moi et pour nous. Les parents des Soeurs nîmoises vont bien.
Mille choses à toutes nos filles. Tout à vous.