Vailhé, LETTRES, vol.3, p.341

11 may 1848 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Ses difficultés pécuniaires sont la cause de son silence et de son abattement. -Il est de nouveau malade.

Informations générales
  • V3-341
  • 0+569|DLXIX
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.341
Informations détaillées
  • 1 BUDGET ANNUEL
    1 LACHETE
    1 MALADIES
    1 REMEDES
    1 SOUCIS D'ARGENT
    2 ALZON, HENRI D'
    2 FRANCHESSIN, ERNEST DE
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 11 mai 1848.
  • 11 may 1848
  • Nîmes,
La lettre

Ma chère enfant,

Je suis bien coupable de ne pas vous avoir écrit plus tôt; mais, avec les préoccupations qui me tourmentent, il y a des moments où je n’ai guère la tête à moi. Il faut accepter devant Dieu les ennuis qui nous arrivent et les prendre avec une grande soumission, mais ils n’en usent pas moins les forces, surtout lorsque l’on voit des hommes qui pourraient vous venir en aide rester dans leur impassibilité. Il me faut 50,000 francs, d’ici à la fin de l’année. Mon père, qui me les a promis, ne me les donne pas. Dernièrement, j’ai eu une explication avec un créancier qui a été assez ennuyeuse. Il me semble pourtant que je conserve assez mon âme sous la main de Dieu et que j’accepte ce qu’il m’envoie. Après m’avoir torturé par l’envoi de certains caractères, il m’éprouve par les peines d’argent. Il y a là une succession d’épreuves que j’admire et dont je le remercie, mais dont je ne souffre pas moins. Sous le poids de ces écrasements, je suis comme ces gens qui, pendant une rage de dents, ont bien le courage de ne pas crier, mais non pas celui de donner des ordres, ni de causer, à cause de leurs préoccupations. Et avec qui, cependant, causerai-je plus volontiers qu’avec vous, ma chère enfant? Aussi je m’en veux de cette paresse du coeur, à laquelle je me laisse beaucoup trop aller. Je vous demande pardon de vous montrer ainsi ma faiblesse, mais, depuis quelques jours surtout, je suis réellement un peu abattu. Je me relèverai, je l’espère, mais en ce moment je sais que j’ai grand besoin que Dieu me vienne en aide.

Voilà trois jours que cette lettre est commencée, je vais la fermer. Je suis un peu trop brisé et je vais essayer du remède de M. de Franchessin, me mettre au lit. La gorge me fait mal de nouveau. Il faut vouloir cela, avec tout le reste. Vous aussi, vous m’inquiétez; voilà huit jours que je n’ai reçu un mot de vous. Je vais tâcher de faire contre mauvaise fortune bon coeur.

Adieu, ma fille. Priez un peu pour moi.

E. d’Alzon.

J’ai fait mon budget. D’ici à la fin de l’année, il me faut trouver 66,000 francs.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV, p. 373 sq.1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV, p. 373 sq.