Vailhé, LETTRES, vol.3, p.353

9 jul 1848 [Lavagnac], MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Sa joie de l’offre d’une mission pour les religieuses de l’Assomption. -En ce moment, il conviendrait de quitter Paris pour la province. -Au sujet de novices religieuses. -Nomination de Mgr Sibour à l’archevêché de Paris. -Location ou vente de la propriété de Paris? -Depuis huit jours, il fait une sorte de retraite et est disposé à laisser de plus en plus la politique.

Informations générales
  • V3-353
  • 0+579|DLXXIX
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.353
Informations détaillées
  • 1 CONTRAT DE LOCATION
    1 LIVRES
    1 MISSIONS ETRANGERES
    1 NOMINATIONS
    1 POLITIQUE
    1 VENTES DE TERRAINS
    1 VOLONTE DE DIEU
    1 VOYAGES
    2 ACHARD
    2 ACHARD, MADAME
    2 ACHARD, MARIE-MADELEINE
    2 AFFRE, DENIS
    2 BUCHEZ, PHILIPPE
    2 DONEY, JEAN-MARIE
    2 HENNINGSEN, MARIE-GERTRUDE DE
    2 IMLE, HENRI-JOSEPH
    2 OLIER, JEAN-JACQUES
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
    2 SALINIS, ANTOINE DE
    2 SIBOUR, MARIE-DOMINIQUE
    3 LORRAINE
    3 MARSEILLE
    3 MONTAUBAN
    3 PARIS
    3 VERSAILLES
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 9 juillet 1848.
  • 9 jul 1848
  • [Lavagnac],
La lettre

J’ai à répondre à trois de vos lettres, ma chère fille, une qui me vint hier soir et sur laquelle je vous ai écrit un mot touchant M. Imlé, une que m’a remise ce matin Mme de Puységur, une enfin que je reçois à l’instant et par où je commence.

Quelle heureuse idée que celle du directeur des Missions étrangères! Acceptez, ma fille, acceptez. Il y a quelques jours. je pensais que votre oeuvre n’irait qu’autant que vous enverriez quelques-unes de vos filles dans ces contrées(2). Avant d’avoir lu dans votre lettre le nom de Soeur Marie-Gertrude, j’avais pensé à elle. Je crois qu’il n’y a pas à balancer et que c’est une des plus grandes grâces que Dieu puisse vous faire, que de vous prendre des sujets pour un aussi admirable dessein. Si les missionnaires qui les emmèneront partent bientôt, je voudrais bien qu’ils prissent leur chemin par Marseille; vous accompagneriez vos filles jusque-là et nous pourrions nous voir.

Je désire que vous quittiez Paris pour un temps. Mais sera-ce pour Versailles ou la Lorraine? C’est ce qui m’embarrasse beaucoup. La prudence dit Versailles, mais croyez-vous que quelque chose me pousse à vous dire: « Allez pour un temps en Lorraine. » Je suis bien embarrassé et je vous demande le temps de prier un peu, avant de vous répondre sur ce second article. Le premier, c’est-à-dire le départ provisoire de Paris, n’est pas douteux. Je reviendrai là-dessus. Quant à louer à un jardin public, je n’y consentirais qu’autant que vous auriez la certitude de vendre bientôt, et je crois qu’avec une location de 20,000 francs on pourrait, en effet, se tirer d’affaire. Du reste, dans l’état si extraordinaire où sont les choses, je crois qu’on peut faire, ce qui eût été moins convenable en d’autres circonstances.

Je ne puis vous dire ce que je pense de vos sermons; ils sont tous cachetés. Mais, sans les avoir lus, je les trouve excellents et je vous assure qu’ils seront bien pris. Je n’ai d’inquiétude que pour Soeur Marie-Madeleine, qui évidemment ne veut pas vous retourner; ce qui ne convient nullement à sa tante ni à son oncle. Ils trouvent qu’elle fait trop la grande dame, et, le jour où ils sauront qu’elle ne revient plus au couvent, ils la traiteront un peu plus rondement qu’ils n’ont fait jusqu’ici.

Je ne sais que vous dire de M. Sibour(3). Il vaut certes, à mon gré, mieux que bien d’autres, mais je le place bien au-dessous de l’évêque de Montauban ou de l’abbé de Salinis. Mais je ne dis ceci qu’en passant; je n’ai pas à me mêler de ces choses.

Je reviens sur ce que j’ai dit plus haut que vous pouviez louer pour un jardin public. Il me semble que ces jardins donnent lieu à tant de péchés que c’est y donner son consentement que prêter l’endroit où on les commet. Le vendre me paraît différent, puisque vous n’avez pas à vous occuper d’un lieu sur lequel vous n’avez plus aucune sorte de droit.

Avant de vous envoyer la note que demande Buchez, laissez-moi vous dire que j’ai un grand scrupule de me trop jeter dans la politique. Quelque chose me pousse à me tenir en dehors, surtout depuis huit jours où je fais une sorte de retraite, passant presque toute la journée dans ma chambre à lire la Vie de M. Olier. Il y a là des choses qui ne sont pas pour moi. Mais que d’autres aussi me vont à merveille et qui me font faire les plus sérieuses réflexions! Je vois pourquoi j’ai fait si peu de bien pendant l’année qui vient de s’écouler. Or, il me paraît que je ferai peut-être bien mieux de me renfermer dans mon collège et de laisser la politique suivre son cours. Est-ce l’effet d’un caractère inconstant? Est-ce plutôt, comme je le crois, le sentiment vrai de la volonté de Dieu? C’est ce que je ne puis bien dire. La ligne que j’aurais voulu faire suivre au journal est impossible. Si nous disions toute la vérité, comme je l’avais voulu, nous aurions été honnis de tout côté, sans apporter un seul résultat. Il faut ajouter la malveillance d’une foule de personnes que rien ne peut calmer, parce qu’elles désespèrent de me mener et qu’une quantité de personnes se croient le droit de m’imposer leurs idées.

Adieu, ma chère fille. En voilà bien long pour aujourd’hui. J’ai quelques petits dérangements, j’ai encore un peu de gêne au côté droit. Adieu et tout en vous en Notre-Seigneur.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV, p. 377, 635.
2. Il était question d'une mission en Chine pour une colonie anglaise; voir *Les origines de l'Assomption*, t. III, p. 129. La proposition n'aboutit pas.1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV, p. 377, 635.
2. Il était question d'une mission en Chine pour une colonie anglaise; voir *Les origines de l'Assomption*, t. III, p. 129. La proposition n'aboutit pas.
3. On songeait à nommer à l'archevêché de Paris Mgr Sibour, évêque de Digne, qui, de fait, succéda à Mgr Affre.