Vailhé, LETTRES, vol.3, p.368

6 sep 1848 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Ses accablements physiques provoqués par des embarras d’argent. Il ne peut aller à Paris, ni même à Marseille.- L’abbé Laurent, professeur de philosophie.- Retraite de ses disciples à la Chartreuse de Valbonne.- On décide de quitter Nîmes l’année suivante et de gagner Paris, dès que ce sera possible.

Informations générales
  • V3-368
  • 0+584|DLXXXIV
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.368
Informations détaillées
  • 1 AMOUR-PROPRE
    1 COLLEGES
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 CONVERSATIONS
    1 CREANCES A PAYER
    1 ECONOMIES
    1 MALADIES
    1 PAUVRETE
    1 POLITIQUE
    1 RECREATIONS DES RELIGIEUX
    1 RETRAITE DES RELIGIEUX
    1 SOUCIS D'ARGENT
    1 TIERS-ORDRE MASCULIN
    1 VOYAGES
    2 CARDENNE, VICTOR
    2 FRANCHESSIN, ERNEST DE
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 MONNIER, JULES
    2 RATISBONNE, THEODORE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 TISSOT, PAUL-ELPHEGE
    3 BAGNOLS-SUR-CEZE
    3 MARSEILLE
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 VALBONNE
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 6 septembre 1848.
  • 6 sep 1848
  • Nîmes,
La lettre

J’ai été si ennuyé depuis deux jours, que le courage m’a manqué pour reprendre ma lettre d’avant-hier. Le manque d’argent est une cruelle chose par moments, et j’ai eu à ce sujet un ennui assez grand avec quelqu’un, qui avait, à ce que je croyais, payé une dette depuis très longtemps et qui ne l’a pas fait; ce qui m’a mis dans une position très désagréable. Je tâche d’offrir cela au bon Dieu aussi bien que je puis, mais je suis si fort pénétré d’amour- propre que j’en éprouve ensuite des accablements physiques, qui me rendent incapable d’agir de quelque temps. Vous voyez, ma chère fille, combien j’entre dans vos peines qui sont de ce genre. Mais qu’y faire, sinon prier beaucoup et pratiquer de tout notre coeur cette pauvreté que Dieu nous impose, non pas comme nous la voudrions, mais comme il la veut. Je souhaite bien pour vous que M. de Franch[essin] puisse vous venir un peu en aide, car on perd les trois quarts de ses facultés devant les obstacles qu’élèvent les affaires d’argent.

Un voyage à Paris me coûterait trop cher en ce moment, ma chère fille; je me prive d’aller même à Marseille, où j’aurais pourtant un but d’utilité. Il est très dur d’avoir à calculer ainsi; mais il faut bien accepter sa position, telle que nous l’a faite la Providence.

Vous me paraissez avoir une très bonne idée de vous faire prêcher votre retraite par M. Ratisbonne. Je me suis arrangé avec mes professeurs, et, puisqu’il faut faire des économies, j’en ferai. J’ai mis à la philosophie M. Laurent, qui s’en acquittera convenablement bien. Je suis sûr qu’il n’inventera pas de système, mais il les exposera clairement.

Voici maintenant le résultat de notre retraite; elle se fit très paisiblement. Comme la Chartreuse est entourée de très beaux bois, nous y allions passer quelques heures dans le jour. Du reste, tout se faisait sérieusement, excepté quelques moments de récréation où Cardenne nous amusait par ses grimaces et M. Durand par ses calembours. Nous étions six: MM. Tissot, Cardenne, Hippolyte et moi pour l’Ordre; Durand et Monnier pour le Tiers-Ordre. Je posais diverses questions dans les conversations que nous eûmes les derniers jours.

Faut-il rester à Nîmes? -Non.

Faut-il songer à porter le centre de l’oeuvre à Paris? -Oui.

Faut-il y aller sur-le-champ? -Non, à cause des troubles politiques.

Faut-il quitter Nîmes, même dans l’hypothèse où l’on ne pourrait aller sur-le-champ à Paris? -Oui.

Quand faut-il quitter Nîmes? -L’an prochain, si l’on peut.

Quand faut-il aller à Paris? -Dès que les commotions politiques apaisées feront espérer qu’on le peut sans inconvénient(2).

Voici comment on peut quitter Nîmes sans inconvénient. On m’offre les bâtiments d’un collège communal avec allocation, si je veux m’en charger. Ce serait à Bagnols(3), dans une position agréable. Je reçois à l’instant votre lettre sur M. Monnier; je ne puis vous rien dire, sinon que j’y réfléchirai. Je ne vous écrirai pas plus longuement aujourd’hui. Depuis une heure, il m’a pris une douleur à l’oeil gauche, qui me fait assez souffrir et qui m’empêche d’y voir. Vous voyez que les infirmités commencent.

Adieu. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV p. 385 sq.
2. Nous avons, de la main du P. d'Alzon, la série des questions proposées sous forme d'ordre du jour, et, de la main de Germer-Durand, les réponses qui furent données par les uns et tes autres dans la Séance du 26 août. Elles ne présentent pas de divergence avec ce qui est dit ici. De son côté, Cardenne a consigné dans son journal, p. 81-86, quelques notes sur cette retraite. On partit le 21 au soir de Nîmes pour arriver, le lendemain matin, à Notre-Dame de Rochefort; de là, le 23 au matin, on se rendit à pied à la Chartreuse. La retraite de Valbonne dura huit jours; elle ne fut pas prêchée, bien que tous les exercices se fissent en commun.1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV p. 385 sq.
2. Nous avons, de la main du P. d'Alzon, la série des questions proposées sous forme d'ordre du jour, et, de la main de Germer-Durand, les réponses qui furent données par les uns et tes autres dans la Séance du 26 août. Elles ne présentent pas de divergence avec ce qui est dit ici. De son côté, Cardenne a consigné dans son journal, p. 81-86, quelques notes sur cette retraite. On partit le 21 au soir de Nîmes pour arriver, le lendemain matin, à Notre-Dame de Rochefort; de là, le 23 au matin, on se rendit à pied à la Chartreuse. La retraite de Valbonne dura huit jours; elle ne fut pas prêchée, bien que tous les exercices se fissent en commun.
3. Petite ville de 5,000 habitants, dans l'arrondissement d'Uzès.