Vailhé, LETTRES, vol.3, p.373

20 sep 1848 Lavagnac, GERMER_DURAND_EUGENE

L’établissement de Marseille. -Personnes à voir qui peuvent assurer la continuation du journal. -Peut-être donnera-t-il, l’an prochain, des conférences philosophiques aux élèves. -Il semble qu’il faille laisser tomber le journal. -Le refuge de la prière.

Informations générales
  • V3-373
  • 0+586|DLXXXVI
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.373
Informations détaillées
  • 1 COLLEGES
    1 CREANCES A PAYER
    1 ENSEIGNEMENT DE LA PHILOSOPHIE
    1 INTERETS
    1 PRESSE CATHOLIQUE
    1 VOYAGES
    2 BALLIVET, CHARLES-EMILE
    2 DEMIANS, AUGUSTE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 MONNIER, JULES
    2 PLEINDOUX, AUGUSTIN
    2 ROCHER
    3 MARSEILLE
    3 NIMES
  • A MONSIEUR EUGENE GERMER-DURAND (1).
  • GERMER_DURAND_EUGENE
  • le 20 septembre 1848.
  • 20 sep 1848
  • Lavagnac,
La lettre

Mon chère ami,

Je suis bien aise que vous ayez été frappé, comme moi, de mon voyage à Marseille. Du reste, il n’y a rien de fait; il n’y a qu’une affaire sérieusement commencée. Il faut prier beaucoup pour la recommander à Dieu, qui l’arrangera pour le mieux, si ce doit être pour sa gloire.

Je suis fâché de l’ennui que vous cause l’affaire de Ballivet(2). Je ne veux point arrêter de compte avec lui. Je ne crois pas pouvoir lui donner de l’argent avant le 10 ou le 12 oct[obre]; le 16 au plus tard, il en aura. Tout lui sera payé. Mais j’ai les plus graves motifs de ne pas vouloir que ma signature paraisse entre les mains de Ballivet. S’il a des intérêts à payer pour ce mois de retard, je préfère m’en charger; mais que mon nom ne paraisse pas. On dirait que je fais le journal avec les pensions des élèves. J’ai écrit à Demians. Avant de convoquer l’assemblée du Conseil, ne serait-il pas mieux de parler en particulier à M. Pleindoux? Si, de son côté, il veut faire quelque sacrifice et que Demians veuille en faire aussi, la feuille pourrait marcher encore quelque temps, car je ne pense pas qu’il y ait à faire grand fonds sur la bourse des autres.

Le cours de philosophie de M. l’abbé Laurent, que je veux surveiller un peu la première année, m’a fait revenir sur mes études philosophiques, et je crois qu’une ou deux soirées par semaine consacrées à examiner les plus graves questions philosophiques pourraient offrir quelque intérêt à nos jeunes gens et leur ouvrir l’esprit. Qu’en pensez-vous? On pourrait remplacer par là les discussions littéraires de l’an passé. A propos de philosophie, je n’ai pas l’adresse de Rocher. Ne faudrait-il pas lui écrire à quoi il sera employé l’an prochain? Si vous n’avez pas envie de vous charger de cette commission, procurez-moi son adresse et je lui ferai part, au plus tôt, de la classe dont il sera chargé.

Mais je reviens au journal. Je regretterai vivement que nous ne puissions avoir dans Nîmes une feuille à nous, ou du moins dans laquelle nous ne puissions exprimer notre pensée, quand nous le croirons utile. Mais pouvons-nous continuer La liberté pour tous, dans les conditions où elle se trouve actuellement? C’est ce que je ne pense pas. Il faudrait une complication d’événements qui nous rendît des chances de succès dans une partie que nous perdons tous les jours. C’est le cas de l’abandonner, ce me semble. Adieu, cher ami. Si nous ne faisons pas le bien en imprimant, nous le ferons en parlant. Si notre intention est droite sur ce sujet, le reste importe bien peu.

Que devient Monnier? Ne s’enfonce-t-il pas de nouveau dans son individualisme? Ne pourriez-vous pas l’en tirer? Engagez-le à m’écrire. J’ai peur qu’il ne s’isole beaucoup trop.

Adieu, encore une fois. Je vous assure que je prie beaucoup pour vous et pour tout ce qui vous tient par quelque lien. La prière est, ce me semble, la porte d’un monde, où l’on a souvent besoin de se réfugier contre les douleurs et les histoires de celui-ci. Mais je n’en finis pas. Adieu tout de bon.

E. d'Alzon.
Notes et post-scriptum
1. Voir des extraits dans *Notes et Documents*, t. IV, p. 178, 254, 307.2. Imprimeur du journal *La liberté pour tous*.